Il est entré chez nous un soir, il y a trois ans. Timidement. Aujourd'hui nous habitons chez lui. Humblement.
C'est une belle histoire.
Je vais tenter de vous la raconter.
Gaston, je le rencontrais le dimanche matin. Jamais en semaine. Le jour du Seigneur, c'est lui qui promenait Jujube, un Châtenay-Malabry garanti pur bâtard qui tenait de l'hyène enrhumée et de l'épagneul mâtiné cochon d'Inde. Je lui donnais cent dix ans mais Catherine prétendait qu'il en avait un peu moins.
[...]
- Qu'il est gentil, ce chat !...
Nos relations dataient de ce satisfecit. D'autant que pour pousser mesquinement mes avantages, j'avais précisé :
- Je crois que c'est un Burmese...
- ça se pourrait bien, avait opiné Gaston qui, certainement, eût été infoutu de distinguer un Burmese d'une lampe à souder.
Rares sont les Parisiens qui connaissent le rue Villehardouin, et plus rares encore ceux qui ont eu vent d'un sieur Geoffroi de Villehardouin, chroniqueur de son état, grand reporter à la quatrième croisade et auteur truculent d'une Histoire de la conquête de Constantinople qui, en dépit de sa notoriété, fit en son temps moins de bruit que la chute de l'empire byzantin.