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Citations sur Jusque dans la terre (16)

Finalement, quand on trouve cette seule et unique chose dont on a vraiment besoin, tout le reste devient immédiatement superflu.
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Père devait sentir une odeur particulière sur moi, percevoir une différence que je n’identifiais pas. Comment l’aurait-il appris, autrement ? Personne n’était au courant, pour Samson et moi. Nous avions tous les deux été très prudents, parce que nous savions que notre relation pourrait fâcher certaines cures.
Il y en avait qui voudraient me faire monter sur un bûcher, si elles venaient à l’apprendre. Il y en avait qui seraient jalouses, qui affirmeraient que je lui avais forcément donné un philtre pour l’obliger à coucher avec moi – ou que je lui offrais une forme de guérison plus puissante, plus efficace. Père disait toujours :
Si nous leur donnons la moindre raison d’avoir peur de nous, ils cesseront immédiatement de penser au fait qu’ils ont besoin de nous. En un instant. Et ils nous forceront à partir.
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Toute ma vie, je n’ai jamais eu de problèmes particuliers, à part peut-être le brouillard de poussière rouge. Quand il pleut, je vois rouge. Quand je regarde de l’eau, n’importe quelle sorte d’eau, une rivière, un lac, un ruisseau :
rouge
rouge
rouge
Et quand les gens vont nager, ou quand ils se tiennent sous la pluie, après, ils dégoulinent de rouge.
Je me suis rendu compte que l’eau n’était pas rouge pour tout le monde quand j’avais dix ans. Ma mère me lisait un livre avec des images. Je lui ai demandé pourquoi l’eau des dessins n’était pas rouge. Elle a eu très peur, mais elle a forcé sa peur à rester à l’intérieur, ce que papa n’arrive jamais à faire.
Elle m’a seulement demandé s’il y avait d’autres choses qui me paraissaient touges, et j’ai montré sa bouche rouge, et ses chaussures rouges, et elle a eu l’air de se calmer.
Par contre, on ne va jamais se baigner l’été. Et j’ai le droit de prendre des douches rapides, mais pas de bains. Et quand il pleut, maman tire les rideaux.
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Les étés, par ici, se composent de longues herbes négligées, d’une uniforme lumière de citron, de chaleur qui cuit la terre et qui fait vibrer l’air. Les ombres sont si noires, si profondes qu’elles semblent aussi solides, aussi vivantes que les corps qui les projettent.
Par ici, l’été, même les matins brûlent d’une ardeur acérée, et tous les matins, quand je me lève, je laisse la chaude confusion de mes draps pour aller dehors, sur les pavés du patio, et j’examine la grille de la bouche d’évacuation.
Entaille, petit trou, petit ravin.
Même par ce temps, une moiteur secrète y scintille.
Moi, elle me fait peur.
Cette canalisation.
Elle me fait peur parce que, tout longs et secs que soient nos étés, des limaces en ressortent, rampent sur leurs ventres de serpent, errent partout sur le patio afin de s’introduire dans la maison. J’ai toujours détesté les limaces, depuis que je suis toute petite. Une fois, j’en ai pris une et je l’ai coincée entre mon index et mon pouce, et je les ai frottés l’un contre l’autre jusqu’à ce que la bête, minuscule, un bébé, de la taille d’une fève, soit écrasée.
La nuit, j’entends leur lente procession. Toutes ces limaces qui vivent sous la maison, je les entends se traîner sur les cailloux et dans la poussière, se ratatiner comme la peau de vieux fruits. Aveuglément, de ci de là, sur la pelouse, leurs yeux-tentacules aux aguets.
Et maintenant, à la lumière du jour, le jardin bruisse et soupire, m’empêchant de percevoir les murmures souples de leurs ventres.
J’en vois une, petit mufle aveugle, serpent noir de la taille d’un pouce, qui sort de la grille fissurée. Elle se dirige vers l’herbe jaune, sorte de croûte carbonisée qui recouvre les entrailles luxuriantes de la pelouse.
Si Père était là, il épandrait du sel.
Il en verserait dans la bouche d’évacuation.
Si je pouvais entendre craquer leurs mille cadavres, si je pouvais supporter leur odeur sans nausée, je ferais la même chose.
Père ne détestait pas les limaces, mais il s’en méfiait.
À la fois liquides et solides, ni l’un ni l’autre pourtant, et si lentes.
Il est juste, je suppose, que j’en suive une aujourd’hui, car ce jour est celui où une longue attente s’achève enfin. Car la Terre bouge.
Pour la première fois depuis tant et tant de pâles années. Elle bouge.
Tout est terminé.
Tout près, le plant touffu de lavande ne répand presque plus de parfum.
C’est la chaleur.
Rien n’y résiste.
Enfin, rien n’y résiste qui n’est pas sous terre.
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[Son] sang était particulièrement épais, si épais que je craignais presque de voir sa veine cracher des particules de fer, comme la lumière du soleil peut parfois révéler, parmi les cailloux d'un torrent, des éclats et des pépites d'or. (133)
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Elle a eu très peur, mais elle a forcé sa peur à rester à l'intérieur, ce que papa n'arrive jamais à faire. (46)
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