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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
#Depainetdelait #NetGalleyFrance
Je suis la première sur Babelio à poser une critique sur ce livre que j'ai à peine refermé.
C'est avec frénésie, passion que j'ai lu ce livre, tant le style le rythme sont agréables, mais surtout le fond.
Sous des dehors d'histoire familiale culinaire, l'autrice arrive à nous emporter dans une vraie interrogation sur la nourriture et sa place.
Est-on ce que l'on mange, y a t il transmission générationnelle, ou comble-t-on avec la nourriture plein de choses, de peurs, d'incertitudes, de manques, d'amour non exprimé.
Avec ce livre Karolina Ramqvist explore le rapport à la nourriture d'une famille sur trois générations. Comme Proust avec sa madeleine, on a tous un souvenir d'enfance, d'un plat qui nous est resté en mémoire, et qui si l'on tente de le manger une fois adulte, ne nous donnera pas la même sensation. Affirmation du goût, affirmation de soi, construction de l'adulte en devenir sont les thèmes traités dans ce livre. Un livre fort, mais très sensible, enveloppant parfois comme un doudou, et parfois terrifiant comme un bruit ou une ombre dans la nuit. Nous avons tous besoin de nourriture pour vivre, c'est indéniable, mais elle ne doit pas remplacer un autre ingrédient indispensable à notre vie, comme l'amour, l'échange, la confiance. Ce rite quotidien ne doit pas devenir le moteur d'une existence.
Avec ces deux aliments de base le pain et le lait, présents dans le titre de ce livre, on parle des bases, des fondations, de la création. Un livre à lire.
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Tout commence avec l'amertume des clémentines, puis vient l'odeur des brioches après cuisson, celles des épices prêtes à êtres saupoudrées, l'artichaut frit, les crêpes au sucre, le cabillaud à la béchamel, le dégoût des hamburgers, la découverte du cheesecake, la première forêt noire...

Karolina Ramqvist choisit donc la nourriture pour se raconter, ses madeleines de Proust et tous les souvenirs qui gravitent autour.

Le plaisir en grandissant, après avoir observé sa grand-mère puis sa mère cuisiner, de prendre le tablier à son tour et s'y essayer.
Mais bien sûr, lorsque l'on souhaite recréer les plats préférés de notre enfance, même en suivant la recette à la lettre, bien, c'est la frustration qui souvent s'impose : le goût n'y est pas !

Il est pourtant si bon de retrouver la sensation de plénitude fournie par ce goût surgit du passé, avec l'explosion de souvenirs qui l'entoure et se trouvent ravivés le temps d'une bouchée. Manger c'est un peu parfois comme feuilleter un album photo.

Manger à toute vitesse, prendre son temps, avec ou sans couteau, dans un lieu particulier, il y a mille et une façons de manger un même aliment, chacun s'en édifiant son propre rituel.

L'autrice retrace ainsi toute une culture culinaire, une enfance au sein d'une sororité indéfectible qui la lie à sa mère et sa grand-mère, terrorisée par peur de l'abandon de la première et la mort de la seconde.
Elle évoque également une relation lointaine avec son père avec qui elle tente de renouer des liens, et donc le voir cuisiner change ainsi la perception dictée par les aprioris.

Les plats et la manière de les percevoir évoluent donc au fil du récit, contenant le bon comme le mauvais ; ils sont un héritage comme ils sont révélateurs de troubles intérieurs.

Un récit délicieux, qui oscille entre l'autobiographie, le roman et l'essai, qui donne autant envie de cuisiner que de manger, tout en étant aussi intéressant que touchant dans le lien familial lié à un besoin vital qui tisse.
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Manger. On ne pense jamais à ce que représente cette habitude évidente, ce geste millénaire, ce réflexe primitif. On a des plats, des jolis couverts, des maniques trouées, des recettes de grands-mères, des assiettes dépareillées dans lesquelles on mange tous les jours, l'air de rien. Karolina Ramqvist y pense, elle. À la nourriture, à outrance, depuis toujours.

Elle explore trois générations de gourmandise. Sa grand-mère, végétarienne avant l'heure, qui a connu la guerre et la privation, et sa recette espiègle de riz au lait. Sa mère, plus frugale, qui s'étonne à peine lorsque la petite engloutit treize clémentines. Et puis ses propres souvenirs de douceur, d'amertume, d'acidité. D'inquiétude aussi. “Un matin, lorsque je suis entrée dans la cuisine, ma mère m'a dit qu'il n'y avait ni lait ni pain. Plus rien.”

“Affamée non seulement de nourriture mais du reste”, Karolina prend conscience de la puissance et de la richesse de la cuisine. le réconfort d'un bol de bonbons. le pouvoir de consolation des brioches préparées par une grand-mère - “si j'avais un coup de blues, il me suffisait d'en manger quelques-unes.” L'odeur du pain grillé, capable à elle seule d'effacer les querelles et les chagrins. “La cannelle et la pomme râpée. le crissement des noisettes que je coupais en morceaux et frottais les unes contre les autres, leur forme et leur couleur. La manière dont tout fusionnait.” L'importance de l'alimentation, celle qui est bonne pour la santé, l'autre qui est bonne tout court. Les bavardages à table comme nulle part ailleurs. L'espoir qu'on place dans une petite assiette pleine d'amour. La déception face à une main d'enfant qui la repousse, dédaigneuse. La joie lorsqu'un convive se ressert. Comme nos goûts changent lorsqu'on grandit ou lorsqu'on rencontre quelqu'un. L'apprentissage des saisons, celle des huîtres et celle des asperges. La désolation de dîner seul. le corps qui réclame ou qui rejette. Toutes ces choses qu'on n'arrive pas à exprimer et qui terminent dans nos ventres.

Il faut des années à Karolina pour comprendre que la nourriture est pour elle une prison. “À la moindre difficulté, j'en venais à penser à quelque chose à manger, n'importe quoi.” Dépendance, trouble alimentaire, addiction, difficile de mettre des mots sur cette faim insatiable qu'elle tente en vain d'apprivoiser. Sur cette sensation de vide malgré l'abondance.

Reste l'autre sensation. Celle de la délectation. Celle qu'on a reçue en héritage ou apprise. Celle qui nous envahit après un bon repas, ou après un bon livre, les mains croisées sur le ventre, les yeux mi-clos, un soupir de ravissement aux lèvres.
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L'écrivaine et journaliste suédoise Karolina Ramqvist nous invite dans la cuisine de sa famille. Au menu, l'histoire familiale racontée à travers la nourriture, de tous les goûts, mais jamais fade, sortie sous le titre de pain et de lait.

Certains lecteurs ont déjà eu l'occasion de découvrir la plume de Karolina Ramqvist avec son roman La femme ourse qui entremêle l'histoire d'une écrivaine avec celle de Marguerite de la Rocque qui a vécu au 15ème siècle. Pour ma part, je la découvre avec son roman autobiographique, de pain et de lait, où elle remonte le temps jusqu'à son premier souvenir : les clémentines, dont la petite Karolina en mangeait plus d'une dizaine tandis que sa mère travaillait dans son bureau.

Cette expérience aux conséquences désagréables, dont la fille gardera en mémoire le goût doux et sucré des fruits, donne la tonalité à tout le livre. Ainsi vont se suivre les histoires qui auront en commun la cuisine, la nourriture, le frigo, le travail, les recettes ou alors la grande table blanche qui suivait le personnage principal tout au long de sa vie dans différents espaces tel un compagnon fidèle.

Presque 300 pages sur la cuisine, n'est-ce pas un peu indigeste, me demanderez-vous peut-être. Non. A travers la nourriture, l'écrivaine laisse entrevoir les trois générations de femmes, ce qui les unit et sépare, et montre ainsi l'évolution du statut de la femme en Suède du XXème siècle (on voit d'ailleurs un énorme écart entre la vie de la grand-mère et de sa fille).

Ne sont-ce finalement que de petites miettes, bribes de la vie tout simplement rassemblées pour former un livre ? Non. le livre est un récit fluide axé autour de la vie de l'autrice : son enfance marquée par de longs séjours chez les grands-parents et l'absence de sa mère, son adolescence et enfin sa propre maternité. Karolina Ramqvist aborde des sujets intemporels comme la famille et les liens familiaux qui se tissent à travers la cuisine, et elle se livre elle-même en racontant son propre rapport à la nourriture.

On suit avec beaucoup d'intérêt la vie de Karolina Ramqvist dont les pans sont tantôt savoureux tantôt un peu brûlés ou durs à avaler, tout comme cela arrive aux plats familiaux. le riz au lait de mamie, le ragout préparé pour le grand-père, les crêpes qui présageaient l'absence de la mère, l'arrivée du four micro-ondes… Les saveurs de ce livre trouveront sûrement une résonance chez de nombreux lecteurs qui se remémoreront à leur tour leurs propres plats. A lire !
Lien : https://etsionbouquinait.com..
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"De pain et de lait" est l'un de ses livres qui se dévoile au fur et à mesure de la lecture. le premier chapitre ne suffit pas pour savoir où l'on va. Ni le deuxième ou le troisième, non. Il faut aller plus loin. Toujours plus loin. Plus loin pour comprendre : pourquoi écrire sur la nourriture ? Et surtout pourquoi se raconter soi, par l'autobiographie, sous le prisme de la nourriture ?

D'abord charmée par la couverture, puis par le résumé atypique, j'ai décidé de le demander à l'occasion de la Masse Critique Babelio de Janvier 2024. Sans cela, je serais passée à côté d'un livre qui m'a profondément marquée.

Il me semble très difficile et même non recommandé d'essayer de présenter, résumer ce livre. Puisqu'il se laisse dévoiler, j'ai envie que tout le monde puisse le faire. Et d'ailleurs, la quatrième de couverture me semble en cela parfaite. On découvre à la lecture la façon dont l'autrice appréhende la nourriture et la relation qu'elle entretient avec elle. Une chose qui semble parfaitement anodine mais cette lecture m'a révélé à quel point je me trompais.

Je me trompais parce que les mots de l'autrice m'ont permise de questionner mon propre rapport à la nourriture. Ma lecture a été extrêmement introspective : d'un côté je ne voulais pas m'arrêter de lire et de l'autre j'avais parfois besoin de la poser pour un court moment pour - sans mauvais jeu de mots - la digérer.

Je suis ressortie bouleversée de cette lecture. Il fait partie des rares ouvrages qui ont su me remettre complètement en question. La sensibilité de l'écriture m'a touchée en plein coeur et je sais pouvoir dire qu'il y a eu pour moi un avant et un après. Je ne suis pas convaincue que cette expérience puisse être universelle mais j'étais le meilleur public pour cette lecture. Puisse t-il toucher d'autres personnes autant que moi !
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