AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de berni_29


Je ne me lasse pas du bonheur d'avoir découvert tout récemment un auteur rare dont la première incursion dans son oeuvre m'avait totalement envoûté. Il s'agissait de la Grande Peur dans la montagne et l'auteur était un certain Charles Ferdinand Ramuz, peu connu du grand public.
Derborence ne déroge pas au rendez-vous. Ce nom sonne comme une fleur de printemps.
J'ai la chance d'avoir découvert au sein de ma médiathèque préférée l'oeuvre complète de Ferdinand Ramuz dans La Pléiade.
Je m'y nourri comme un oiseau picorant et inspiré.
Ce texte est splendide.
Un jour, ce n'est pas le ciel qui s'effondre, mais les Diablerets sur la vallée. Ramuz s'est inspiré d'un fait réel remontant au XVIIIe siècle pour dire la même chose.
Il paraît que la foi déplace les montagnes. Moi, je pense que l'amour aussi. Ici en quelque sorte la montagne s'est déplacée, effondrée même, certains y ont même vu ce jour-là, ou disons plus tard, la main d'une décision céleste...
Des tonnes de pierres qui dégringolent sur des personnes, je ne sais pas saisir la différence entre une vague qui se ploie sur le nageur et l'empêche brusquement de respirer et une montagne qui se déverse sur le pan d'une vallée...
Ils étaient montés sur l'alpage, fiers et heureux avec leurs bêtes. Il y avait quelques chalets là-haut. Ils devaient être une quinzaine d'hommes, une centaine de bêtes. Je ne suis pas montagnard, bien qu'aimant la montagne... J'ai ressenti la même émotion que ceux qui chez nous partent en mer.
À quoi peut ressembler une montagne qui décide brusquement de lâcher un peu de son incertitude ? Des tonnes d'incertitude...
Thérèse attend un enfant d'Antoine là-haut, parti. Un enfant, c'est aussi une incertitude...
Un seul rescapé, un seul survivant, Antoine, redescendra deux mois plus tard vers le village comme un fantôme. En redescendra-t-il vraiment ?
Comme c'est beau ! Je ne sais pas dire autre chose devant un texte magnifique et se dressant à la hauteur du paysage et de l'âme qui en émane.
J'ai adoré ce roman, je voudrais qu'il se déploie encore plus grand au travers des vertiges auxquels il l'invite.
La langue de Ramuz est belle, mais comme on l'entend. Elle est belle dans ce texte, elle est jolie et rugueuse, elle coule de source comme un ruisseau de montagne et brusquement s'emporte dans le vertige et s'affole à chaque obstacle. Au fond, elle ressemble à la vie.
À nous !
Commenter  J’apprécie          6618



Ont apprécié cette critique (61)voir plus




{* *}