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Un roman témoignage, probablement réparateur pour son auteure, mais pas seulement. Elle veut aussi sensibiliser. Mais pas seulement. Elle montre, sans théorie superflue des mécanismes qui se sont mis en place chez elle, chez son père. Elle témoigne aussi des lieux traversés pendant son placement. L'anorexie est aussi au coeur du roman. Ca glace parfois le sang, pourtant ce n'est jamais larmoyant. Et quel titre! Il est parfaitement adapté, comme chaque mot de la narration.
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Qu'il est toujours pénible de lire ce genre de témoignages, avec ses "comment est-ce possible" et ses "mais pourquoi" ?

L'auteure nous raconte son calvaire, coincée entre un père tyrannique et une mère... comment la qualifier ? de soumise ? de démissionnaire ? D'aveugle ? de passive ? Difficile à dire, si ce n'est peut-être un peu de tout cela.

Le père au statut social élevé et reconnu est évidemment au dessus de tout soupçon. Pensez donc ! Lui, le notable, maltraitant sa fille physiquement et psychologiquement pour en faire une virtuose du piano ? Impensable, dirons les bonnes gens. Un milieu privilégié et une fille virtuose du piano : c'est l'image même de la famille parfaite admirée de tous. Circulez, il n'y a rien à voir...
Et pourtant, pendant ce temps-là, la petite Céline souffre en silence de ces longues heures passées courbée sur son piano, avec les coups qui pleuvent à la moindre fausse note, les diverses privations en guise de punition. Et une mère qui nous joue sa partition des trois petits singes : je n'entends rien, je ne vois rien, je ne dis rien... C'est terrifiant !

L'amour de la musique, le plaisir de jouer, le voyage intérieur, l'évasion vers un ailleurs doivent être au coeur de toutes les pratiques musicales. Comment de si beaux et précieux instants peuvent-ils être pervertis à ce point par de tels monstres parentaux ? Inconcevable !

A sa naissance, Céline avait pourtant de sérieux atouts en sa possession : une famille privilégiée, la possibilité de recevoir une bonne éducation, des capacités intellectuelles très développées, tout ceci gâché par des géniteurs (et non des parents) incapables de réfréner leurs propres névroses. Quel gâchis !

Ce témoignage est bouleversant, de par les souffrances endurées, l'immense solitude subie et de par le courage nécessaire pour briser ce silence assourdissant.

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Récit pudique d'un dressage terrifiant, de la prise de pouvoir d'un père sur la vie de sa petite fille pour en faire une pianiste virtuose.
Très bien écrit, avec dignité.
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Un livre vraiment très difficile à lire du fait de la violence immense qui y est décrite. Mais un livre salutaire que devraient lire toute personne qui travaille auprès d'enfants.
Ce qui m'a choquée profondément et réellement déprimée, ça n'est pas tant l'immense violence paternelle, coups, privations de nourriture, enfermement, violences psychologiques, ce qui est déjà particulièrement effrayant à lire. C'est l'indifférence des autres adultes, c'est le fait qu'on ne l'aie pas crue, que d'autres adultes aient voulu la faire passer pour une menteuse au lieu de la sauver. Comment avoir confiance alors ?
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La musique se cache, ici, non pas au creux des doigts d'une petite fille qui joue du piano. Mais, la petite musique, se niche dans la douleur qui gémit au fond de son coeur. Dans le bruit qu'il fait lorsqu'il se casse. Et que personne autour d'elle n'entend ou évite d'entendre. Témoignage bouleversant, mais au final, fort et puissant qui nous transperce et nous interpelle. Il ne faut plus ni baisser les yeux, ni tourner la tête. Mais agir pour sauver ces enfants. Déchirant.
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A travers ce livre, Céline Raphael dénonce toute la cruauté que lui a fait endurer son père, de l'âge de 2 ans et demi à 14 ans. Pour rattraper ce qu'il a loupé dans son enfance son père n'aura qu'une lubie emmener sa fille le plus haut possible, son outil de torture : le piano. Un jour un professeur de piano a le "malheur" de dire à son père que Céline Raphael a de grandes capacités qu'il ne faut surtout pas gâcher, à partir de ce moment son géniteur devient alors son bourreau prêt à tout pour que sa fille deviennent une prodigieuse pianiste, s'en suivent alors des années de coups, d'humiliation en tout genre, de privation, de torture psychologique 45 heures de piano par semaine, elle fait tout pour satisfaire son bourreau qui en veut toujours plus, il fait passer ses faiblesses pour de la rébellion, l'accuse de tous les maux. Biensûr il y'a des personnes qui voient ce qu'il se passe, mais personne ne bouge jusqu'au jour ou une de ses professeurs intervient auprès de l'infirmière scolaire et au fur et à mesure elle va réussir à sortir de cet environnement familial torturé. Aujourd'hui devenue médecin elle s'est promit de tout faire afin de dénoncer la maltraitance des enfants...


Un témoignage sur la maltraitance abominable, terrible, poignant, c'est triste et malheureux de se dire que cela arrive bien plus souvent qu'on ne le pense et comme dit si bien Céline Raphael cela n'arrive pas que dans les familles marginales au contraire..
Avec ce livre l'auteur ne cherche pas à se faire plaindre, à se lamenter, non elle n'a qu'un but dénoncer afin que tout le monde sache et que des vies soient sauvées..!!

Lien : http://benebooksblog.blogspo..
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Témoignage de Céline 28 ans, qui a subit la pression tyrannique d'un père qui voulait à tout prix qu'elle réussisse dans l'apprentissage du piano et ce dès son plus jeune âge.
Elle était forcée à jouer 45 heures par semaine en dehors de ses horaires d'école, avec brimades, coups de ceinture et privée de nourriture, si elle se trompait.

« …Ceci est mon histoire. Au nom de mon don pour la musique, je suis devenue une bête à jouer, et mon père a été mon bourreau. Autour de moi, les autres faisaient la sourde oreille.
Aujourd'hui, mes doigts courent sur le clavier, et j'y dépose mes souvenirs. J'écris à mon rythme, la partition de mon histoire pour trouver, enfin, une nouvelle harmonie.
Ecoutez-moi… ».
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On est plongés dans une violence inouie et le sentiment de révolte ne nous quitte jamais. L'auteur, profondemment attachante, nous décrit des années d'horreur et une reconstruction difficile, lente et douloureuse. On ne peut qu'être admiratif de la force qu'elle dispose en elle pour être une adulte à part entière et omniprésente auprès des autres. Percutant.
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Céline Raphaël nous raconte son enfance, incroyablement dure, sous la coupe d'un homme sévère et brutal : son père. Ou plutôt, son absence d'enfance. Très tôt, dès l'âge de deux ans et demi, elle est contrainte de jouer du piano après l'école : « À la maison, mon père m'astreint d'abord à trente minutes par jour puis, rapidement, à une heure de piano. Malgré de fréquentes oppositions de ma part car j'ai du mal, à trois ans, à me concentrer si longtemps, j'aime l'attention qu'il me porte pendant ces cours particuliers. »
Plus elle grandit, plus il se montre dur avec elle, reproduisait involontairement le schéma familial (son propre père le battait et le poussait toujours plus pour qu'il réussisse ses études). Les sanctions, démesurées et injustes, forcent la petite fille à jouer sans cesse, à se laisser battre à chaque fausse note, à se priver de repas pour ne pas perdre de temps, à être traitée pire qu'un chien, une bête de concours. Car des concours, elle en passe ! Des mois de pression insoutenable, de privations, de coups pour quelques minutes de plaisir pour le public.

Au nom de la réussite, son bonheur sera sacrifié par la personne qui aurait dû, plus que tout autre, la protéger.
Courageusement, Céline accepte ces souffrances et garde tout pour elle pour épargner sa mère et sa soeur, qui ne savent pas grand-chose de ses traitements. Tous les jours d'école, elle redoute la fin des classes. Les week-ends l'angoissent terriblement, car elle est entièrement livrée à son père pendant deux jours. Elle a tellement peur qu'elle craint de mourir sous ses coups.

Et personne ne sait rien. Ou plutôt : personne ne veut rien savoir. Céline lance des messages, sortes de bouteilles à la mer, en traînant le plus possible après les cours, en discutant le plus longtemps possible avec ses professeurs. Mais aucun n'a la présence d'esprit de lui demander : « Est-ce que ça va Céline ? Tu n'as pas l'air contente de rentrer chez toi. »

Aurait-elle dû parler pour briser la glace ? Impossible. Comment parler en sachant qu'on risque de condamner l'unité de la famille ?

Elle adresse des messages secrets à son père en plongeant dans l'anorexie. « Si je maigris, c'est que je ne vais pas bien. Si je ne vais pas bien, c'est que tu me rends malheureuse. » Mais son père refuse de comprendre, et il faudra qu'elle passe par la case « hôpital » pour qu'il se rende compte du problème. Mais voilà, pour lui, cette anorexie n'est pas un message, c'est un obstacle à ses rêves de grandeur. Rien de plus. « Je me suis assise à ma place à table, tout en le surveillant du coin de l'oeil. Ma mère avait fait des spaghettis à la bolognaise, mais je ne mangeais plus de pâtes depuis un bon moment déjà.
Une fois servie, je contemplais mon assiette en me demandant comment j'allais pouvoir échapper à cela. Mon père m'observait. Tout d'un coup, il s'est levé et m'a attrapée par les cheveux. Après m'avoir renversé la tête en arrière, il essaya de m'enfoncer une fourchette de pâtes dans la bouche. Je tentais de résister en gardant mes lèvres bien serrées. Il m'a alors bloquée contre son torse en immobilisant mes bras et m'a bouché le nez. J'étais en apnée. »

Ce n'est qu'à l'âge de 14 ans qu'elle parvient à parler à une infirmière du lycée (Céline a sauté une classe), à lui montrer ses bleus, à raconter les sanctions qu'elle subit. En conséquence, elle devra affronter la machine judiciaire française, un monstre froid et sans pitié, pour échapper à la brutalité de son bourreau. Pendant plusieurs années, elle sera trimballée de foyers en familles d'accueil, avec interdiction de garder le moindre contact avec un membre de sa famille. Ce traitement est presque pire pour elle que tout ce qu'elle a subi jusque-là. « Mon lycée était très loin. J'étais obligée de me lever à 4h30 du matin de manière à être sortie du foyer à 5h. Impossible de prendre un petit déjeuner avant de partir : les cuisines étaient fermées. [...] J'arrivais à 21h pour trouver encore une fois les cuisines fermées. Outre la cantine du midi à laquelle j'étais inscrite, je ne mangeais plus que des pommes, faciles à transporter. Inutile de dire que cela n'arrangeait pas ma maigreur. » ; « Les filles du foyer me trouvaient cinglée de faire tous ces sacrifices. Elles avaient trouvé une autre solution plus "sympa". le matin, vers dix heures, lorsque les éducateurs faisaient le tour des chambres pour vérifier que tout le monde était bien parti à l'école ou en stage, elles se cachaient toutes dans les toilettes. Une fois le champ libre, elles choisissaient une chambre et y passaient toute la journée avec alcool, cigarette et cannabis à volonté. [...] Comme elles n'avaient pas à se lever le matin, elles écoutaient du rap, volume poussé au maximum, jusqu'à une ou deux heures du matin tout en fumant des joints et en se faisant des brushings. »

Ce livre m'a énormément touchée. Il raconte le combat d'une jeune fille pour vivre, sa lutte de chaque instant pour sortir de l'ombre de son père. Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander ce que moi j'aurais pu faire si j'avais été à sa place. Sûrement moins qu'elle.

L'histoire de Céline nous transporte d'une émotion à l'autre : on ressent sa peur quand vient le week-end, on est stupéfaits et incrédules de la violence des punitions, on est révoltés du laisser-faire de l'entourage, prêt à sacrifier une jeune fille pour sa tranquillité d'esprit. Et on se remet en question : si jamais je croisais un enfant dans cette situation, qu'est-ce que je ferais, ou ne ferais pas ?
La seule chose qui m'a permis de m'accrocher et de terminer ce livre, c'est la perspective, non pas d'un happy end, mais au moins d'une fin un peu améliorée. Si l'auteur a pu écrire sur son passé, c'est que ça va sûrement mieux, maintenant ?
Et en effet, la fin est beaucoup plus positive. Céline travaille sur elle pour pardonner à son père, sortir de l'anorexie, et surtout pour reprendre confiance en elle. Je ne pense pas qu'elle m'entendra, mais dans tous les cas, je lui souhaite de tout mon coeur d'y arriver. Autant qu'une autre, si ce n'est plus, elle a le droit de choisir sa vie et d'être heureuse.
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Avoir un avis sur ce livre serait pour moi avoir un avis sur ce qu'a vécu Céline Raphaël. Et je ne peux me le permettre.

Elle dépeint ici le tableau d'un père autoritaire, violent, uniquement centré sur les prouesses artistiques de sa fille, oubliant en cela son humanité : elle devient objet de ses obsessions. Elle vit l'enfer depuis sa prime enfance, ouvre son coeur en posant des mots sur les maux et retrace son parcours, semé de coups de ceinture, de cris, de hurlements, de solitude, de culpabilité... et d'espérance.

La vie du père tourne autour du piano qu'il lui offre lorsqu'elle a deux ans et demi. Depuis, sa vie a pris une tournure cauchemardesque.Anorexie, insomnie, angoisse. La vie de Céline n'est plus une vie : elle survie à son quotidien, meurtrissant son corps et s'évadant comme elle le peut dans son monde imaginaire. Elle le peuple grâce à ses lectures.Les moments de répit sont peu nombreux, elle ne peut échapper à l'omniprésence de son bourreau.

Elle évoque également sa mère et sa soeur, qui elles n'ont pas subit les mêmes atrocités. Elle essaye de les protéger, évitant de se montrer car les coups n'ont jamais été portés devant des témoins au début. Et elle ne se confiera pas.

La sortie de l'enfer se fait par la nécessité de survivre.

Est ce que le livre dérange? Assurément. Il ne dérange pas par sa présence dans la presse, mais parce qu'il évoque cette réalité des enfants maltraités. Encore sujet tabou, on essaye de prouver que l'enfant dit la vérité, au lieu de l'accompagner en confiance vers un "mieux être". Les appels au secours qu'elle esquisse ne sont pas compris, elle se sent alors isolée, seule à vivre dans cette bulle épineuse.

Après la dénonciation, Céline passe par les témoignages, : police, juge, tribunal... Mais elle en ressort, se confronte à sa réalité et s'en suivront des mois de placements divers et la lutte pour ne pas perdre sa famille : celle ci est accusée et punie par la justice, et découle de cela une grande culpabilité d'avoir brisée sa famille.

Les violences faite aux enfants ne sont pas uniquement le fait d'alcoolique ou de miséreux. On retrouve des bourreaux dans n'importe quel tranche de la population, car l'horreur n'a pas de visage.

Un témoignage tout en pudeur, qui choque et perturbe nos émotions : comment rester insensible? La réalité de l'horreur n'est jamais bonne à dire, elle dérange. Qui? Les personnes qui ne voient pas ou ne veulent pas voir une réalité à laquelle ils ne sont pas préparés. Ils préfèrent faire l'autruche, parfois pour se préserver, parfois pour éviter d'être happé dans l'horreur : comment y survivre?

Pour aller plus loin, j'utiliserai un mot qui est souvent revenu durant mes années d'études (d'infirmière), introduit en France particulièrement par Boris Cyrulnik : "la résilience" qui consiste à prendre acte d'un traumatisme tel que le deuil, abandon, violence sexuelle, guerre, et à apprendre à «vivre avec», voire même à le dépasser. Céline y est elle parvenue?

Arriver à écrire ce livre a été sans aucun doute un traumatisme de plus à surmonter, mais une victoire sur soi même, car revivre le passé en le posant par écrit et en prenant à nouveau conscience de ces actes a du être effroyable. Mais en même temps, un soulagement : on ressent l'inquiétude, mais la prose reste posée, sans métaphore ni exagération. L'exposé des faits à lui seul suffit à placer le lecteur dans une position délicate : devenons nous confident? sans aucun doute, mais avec un regard bienveillant à poser sur ces blessures, tel un baume cicatriciel...

Un récit brutal, difficile à terminer. Mais à lire, pour ne pas oublier, pour aider et pour libérer les paroles.

A la fin de son introduction, Céline nous fait une demande :

"Écoutez-moi".

J'ai écouté l'histoire, je l'ai entendu, et je la porte. Comme une part de ce chagrin trop lourd à porter seule.

Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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