AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bougnadour


Les romans de Jean Raspail ne sont pas dans l'air du temps et avec « le camp des saints » il a été définitivement rangé dans les nauséabonds ce qui vaut la mort dans le monde littéraire parisien. Seulement voilà Raspail est un Grand et il a laissé une oeuvre que bien peu égaleront.
Les Royaumes de Borée n'est pas le plus connu de ses romans mais il est animé des ressorts habituels de l'auteur : l'appel du large, la fraternité, le sens de l'honneur et la détestation du progrès.

Le grand Nord est le décor d'une épopée familiale, celle des Pikkendorff, nobles issus de la principauté de Valduzia que l'on peut situer en Carélie. En 1658 Oktavius Pikkendorff ressent le besoin irrésistible d'explorer les forêts impénétrables balayées par Borée le vent du nord.
A sa suite des générations de Pikkendorf vont les arpenter et souvent y laisser la vie car en ces temps la Nature était encore plus forte que les hommes. Ils vont deviner plus que voir la présence d'un habitant, tellement intégré à l'écosystème qu'il en est invisible mais sait faire passer de mystérieux messages de protection ou d'avertissement. Les Pikkendorff de pères en fils n'auront de cesse de rechercher la trace du petit homme qui pour eux est plus qu'un habitant de la forêt
Il est le symbole d'une humanité immuable qui pourrait vivre des millénaires si la modernité ne venait pas s'en mêler. Evidemment le petit homme et ses pareils seront balayés par l'arrivée des machines et l'avidité mais il aura résisté jusqu'au bout avec ses faibles armes. Inconscients des enjeux et pris dans le mouvement du progrès les Pikkendorff auront contribué à sa destruction.

Tous les thèmes de Raspail sont là : l'envie d'aller plus loin, de repousser les limites, le soutien aux perdants magnifiques, l'honneur et l'esprit chevaleresque pour se battre sans espoir avec des armes honnêtes, le respect de la Nature et de ses mystères avec un évident paganisme.
Le racisme est totalement absent de l'esprit de Raspail contrairement à ce que disent de mauvais lecteurs mais l'égalité entre les hommes ne lui convient pas, certains valent mieux que d'autres. Ceux qui ont la noblesse de l'âme, le courage, le respect de l'adversaire et des traditions, ceux-là lui sont proches quelles que soient leur couleur de peau et leur religion, quant aux autres il les méprise.

Au-delà du roman d'aventure qui est une réussite en lui-même, la dimension métaphysique est évidente. Non content d'avoir tué Dieu l'homme moderne a aussi désenchanté le monde dans lequel il vit et contrairement au petit homme ou aux Pikkendorff qui auraient pu vivre des millénaires dans les forêts mystérieuses, il est sans solution et sans espoir face au vide qu'il a créé
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}