1-Brouillard du soir
Il faut que je prenne des notes .Chaque instant me semble naître du néant,et rien ne subsiste nettement dans ma mémoire de l'enchevêtrement des causes et des conséquences qui m'ont conduit dans cet avion.( Page 11).
Je la suis ,silencieux,remontant le flot des nombreux touristes qui reviennent de la forêt de bambous toute proche.Me sentir si près d'elle me semble décupler la précision de mes sens.Je perçois intensément le bruit de l'eau jouant sur les galets du fond de la rivière, et le lent glissement des longues barques de bois qui promènent les admirateurs des rives et des collines. J'élève mon regard ,et la lumière déclinante s'insinue entre les feuilles des érables écarlates ou dorés rajoutant la caresse de l'éclat d'un soir au couleurs exubérantes des feuilles pourtant mourantes.Ces instants m'en rappellent d'autres ,je le sais,mais je ne parviens pas à m'en souvenir ,comme lorsque l'on cherche en vain un mot que l'on sait parfaitement par ailleurs posséder ,qui est là, si près ,si inaccessible ,mais dont l'imminence ne saurait faire de doute. (Page 131/132).
Les ombres des poétesses de Héian,avant de regagner leur mysterieux séjour ,esquissent un sourire en discernant l'image éternelle des deux mains jointes de Reiki et Haruki puis,fleurs du matin céleste ,toutes deux s'évaporent dans les lueurs indistinctes par lesquelles la lune dispense sa lumière sur les toits de kyoto.(Page 259).