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Critique de Annette55


Nous sommes en1908, en Touraine, au coeur d'une maison de maître. Céleste, la bonne, jeune,fraîche , possède un corps sensuel qu'elle ne soupçonne même pas, un coeur simple, vivant au jour le jour. Elle a grandi dans une famille tellement nombreuse qu'elle ne s'est jamais considérée comme une personne digne d'égards....Elle accepte sans rien dire que son notaire de patron, Anselme de Boisvaillant la besogne avec rudesse en serrant toujours plus sa masse de cheveux jusqu'à prendre plaisir à se faire mal avec les épingles.....il se rhabille trés vite pour regagner son bureau. Désire t- il assez sa femme pour s'assurer une descendance? Au premier étage, Victoire, le belle épouse, mince et corsetée dort paisiblement, elle lit Madame Bovary et considère le sexe comme " un enchevêtrement immonde". Elle évite l'acte à chaque fois qu'elle le peut, usant de divers stratagèmes, et ne se regarde jamais dans la glace, trop effrayée par ce qu'elle imagine, embrigadée dans ses peurs confuses....Céleste attendra un enfant, Victoire restera un "ventre sec" mais chez les riches.....on s'arrange toujours....l'histoire aurait pu s'arrêter là, une bonne renvoyée,un secret bien gardé,le silence acheté de la sage femme, un adultère qui se termine bien,un bébé qui change de bras...Mais Léonor de Recondo à l'aide de son style direct, concis, sensible, spontané, sa phrase précise et juste magnifie le corps des femmes pour révéler leur nature profonde , décrit les hontes sociales, les désirs intimes et les peurs ancestrales avec fraîcheur et évidence....Elle nous parle d'amours au pluriel et offre à ses héroïnes, un destin inattendu, beaucoup plus ouvert , ample et non réglé...Quand Victoire brûle ses corsets en allumant un feu de joie dans le jardin, c'est " la révolution".Mais elle accepte un autre carcan mondain, les robes de Paul Poiret,serrées à la cheville...C'est un ouvrage à la fois limpide et profond qui touche infiniment nos coeurs de femmes , intelligent,sensuel, rythmé mais fluide. On sent aussi bien la lourdeur des repas trop riches derrière les épais rideaux de taffetas, le bruit discret des cuisines, le doux murmure des prières de Céleste que le ressenti des touches du piano de Victoire pour ne plus entendre les cris du bébé !
L'auteure réfléchit avec minutie et brio à la liberté des corps et aux épaisseurs inutiles,aux conventions et différences sociales, à l'éducation des filles. L'atmosphère de l'époque est particulièrement bien rendue sans jamais tomber dans la démonstration .....c'est un ouvrage d'une grande sensibilité qui décrit la puissance instinctive du désir, la force du sentiment, le sens du sacrifice dans un monde clos et corseté, la perte des illusions.....
Là où les barriéres sociales d'alors explosent, le plaisir aggrippé ,la jouissance et l'épanouissement des corps balaieront tout.....
Pour moi,un immense coup de coeur !J'avais lu Pietra Viva, j'ai vu l'auteure à la grande librairie, comme je l'écrivais hier à mon amie litteraire, oui, je me régale,! C'est un trés beau livre, fort,ample,impressionnant surtout par les émotions qu'il nous procure. Difficile de le commenter, peut- être suis - je trop enthousiaste, ? Merci à ma libraire de la taverne du livre !
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