Il est fascinant de le voir découvrir de nouvelles idées. Il faut se rappeler qu'il ne sait absolument rien des difficultés, des tensions,et des bouleversements de la civilisation moderne.
- Le socialisme ? me dit-il un jour où je voulais savoir ce qu'il en pensait. Le socialisme, est-ce que c'est quelque chose qui existe pour de bon ? Je ne le vois que dans les livres, et je ne lis pas beaucoup.
- [...] Le reste du temps, j'aimerais travailler dans ma petite ferme, élever du bétail et faire pousser du maïs. Ce serait bien, je trouve, d'aider à faire du Mexique un endroit heureux.
La grande passion de Villa, ce furent les écoles. Il pensait qu'en offrant au peuple des terres et des écoles, on pouvait résoudre tous les problèmes de la civilisation. Les écoles étaient une obsession chez lui.
- Je suis un combattant, dit-il, pas un homme d'Etat. Je ne suis pas assez instruit pour être un président. Cela fait seulement deux ans que je sais lire et écrire. Comment pourrais-je espérer, moi qui ne suis allé à l'école, être capable de discuter avec les ambassadeurs étrangers et les messieurs cultivés du Congrès ? Ce serait mauvais pour le Mexique si un ignorant devenait président. Il y a une chose que je ne ferai jamais : convoiter une place pour laquelle je ne suis pas fait.
PanchoVilla va sur ses trente-six ans.Il est l’un des hommes forts de l’armée révolutionnaire depuis ses victoires aux côtés de Madero, sur les troupes du vieux dictateur Porfirio Diaz à Ciudad Juarez en 1911, puis sur la rébellion fomentée par Pascual Orozco dans l’Etat de Chihuahua. La Révolution est loin d’être achevée : la réforme agraire reste à faire (la quasi-totalité des terres de l’Etat de Chihuahua continuent d’appartenir à une poignée de grands propriétaires, pendant que 95 % des paysans n’ont pas même un lopin à eux), et si le soulèvement conduit par Madero en 1910-1911a permis de renverser Porfirio Diaz, à la tête du pays depuis trente ans, la trahison du général Huerta, qui profite de la confiance de Madero pour le faire assassiner en février 1913, a contraint ceux qui aspiraient au changement à tout recommencer.