Tout commence au lycée. Année 1999. Adolescence, la place de chacun est écrite dans son genre. Homme, tu seras puissant. Femme tu seras soumise, objet de convoitise.
Ne pas passer pour un "PD", se taper toutes les "salopes" ! C'est ça, en somme, le monde dans lequel évolue la petite équipe de crosse du lycée. Injonction à la masculinité la plus toxique possible.
Alors, quand deux membres du club reviennent d'une soirée en clamant haut et fort avoir abusé d'une fille assoupie, inconsciente, à l'arrière d'une voiture : tous trouvent ça bien drôle. Et le bruit court et s'étend dans toute la ville.
Quand la jeune fille tente de se suicider, ne reste qu'à faire courir le bruit d'une mauvaise blague ! Dépression, bipolarité, en quelques mots magiques c'est elle qui passe pour menteuse.
Kate Reed Petty signe un premier roman surprenant et déroutant.
Surprenant de commencer le récit avec la voix des hommes. Surprenant de changer de narrateur et de style pour chaque partie : narration, lettres, scénario, mails, enregistrements audios ; à la première, deuxième, troisième personne… comme autant de sources d'information, comme autant de rumeurs à recouper.
Déroutant le flou laissé autour des faits. Déroutante l'impunité et le silence imposé par les adultes. Déroutante cette fin que je n'ose croire.
Et tellement parlant, le tout.
Un texte entier fondé sur la violence psychologique.
Je ne pense pas me mentir en disant que ce roman m'a marquée et me restera longtemps en tête.