Citations sur Une aventure de Richard Bolitho, tome 4 : En vaillant.. (8)
Un officier qui a besoin d'aide lorsque les choses sont un peu difficiles devient totalement inutile lorsqu'elles deviennent vraiment graves.
Souvenez-vous bien de ceci, Bolitho : lorsque vous atteignez un grade élevé, il ne faut jamais demander à personne ce qu'il convient de faire. Les esprits supérieurs qui trônent à l'Amirauté ont toujours tendance à dire non, plutôt qu'à encourager la moindre part d'aventure. Cela risquerait de troubler le cours paisible de leurs petites vies. Mettrait-on en jeu sa carrière et sa vie, qu'il faut toujours agir selon sa conscience et en fonction de ce qui vous paraît bon pour votre patrie. L'existence devient proprement invivable lorsque l'on tente de seulement prévenir les intentions de ses supérieurs.
Bolitho l'observa pendant de longues minutes, comme Quinn l'avait fait avec les bâtiments qui remontaient la Tamise. Sous cet angle, on ne voyait d’eux que grandeur et majesté, sans imaginer la somme de souffrances et d'espoirs qu’ils renfermaient dans leurs flancs comme n’importe quelle ville.
- Aux écoutes ! ordonna Sparke. Monsieur Bolitho, prenez le nom de cet homme !
- Bien monsieur !
Bolitho se laissa aller sourire. Avec Sparke, c'était toujours le même refrain : "prenez le nom de cet homme !" Il ne s'agissait de personne en particulier, mais cela donnait aux matelots le sentiment que Sparke avait toujours l'œil sur eux.
Bolitho laissa son regard errer sur le ont principal : des hommes se reposaient, bavardaient, attendant selon la coutume de voir ce que le coq avait bien pu mitonner pour le dîner. A en juger d'après le panache graisseux qui s'échappait de la cambuse, Bolitho pariait pour du bœuf salé bouilli, assorti de biscuit de mer spongieux, avec une poignée de flocons d'avoine plus des restes datant de la veille. George Triphook, cuistot en chef, était unanimement détesté à bord, excepté de ses marmitons. Cependant, et contrairement à la plupart des gens, il adorait être haï et savourait pleinement les torrents d'injures qui saluaient régulièrement ses triomphes culinaires.
Il est impossible de remporter une guerre purement défensive. Nous avons certes des bâtiments, mais l'adversaire connaît à fond les parages, ce qui lui permet d'utiliser des unités plus petites et plus rapides. Si nous voulons l'emporter, il nous faut maintenir ouverte la route des convois, trouver et écarter tout navire suspect, manifester fortement notre présence. Les guerres ne se gagnent pas à coups de grandes idées, mais avec de la poudre et des boulets. Et cela, ce sont des choses dont l'ennemi manque dramatiquement -pour l'instant.
Pour Bolitho, toute ces histoires de cabillots étaient un monde étranger : la tactique et la stratégie de fantassins, de cavaliers au galop. Tout cela n'offrait certes pas la majesté des grandes voiles, le hurlement des canons. Il n'y avait là que des hommes en uniforme qui tombaient à terre lorsque leur heure était venue et qu'on oubliait là.
- Ma mère, fit Bunce, ma mère avait coutume de dire à propos de ces gens trop sages qu'une bonne tête ne servait à rien sur des épaules trop frêles.
Et il regagna sa chambre à cartes en ricanant.
Cairns hochait pensivement la tête.
- Dire que j'imaginais même pas que ce vieux bougre avait seulement une mère...