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Citations sur La révolution sexuelle (79)

La vie sexuelle étroite, misérable, prétendument "apolitique" doit être étudiée dans son rapport avec les problèmes de la société autoritaire. La politique n'a pas pour domaine les déjeuners diplomatiques, mais la vie quotidienne. La conscience sociale est donc indispensable dans la vie quotidienne. Si les 1800 millions d'habitants de la planète parvenaient à comprendre l'action des cent principaux diplomates, tout irait pour le mieux ; la société et les besoins de l'homme ne seraient plus dès lors gouvernés par l'intérêt des armuriers et des politiciens. Mais ces 1800 millions d'hommes seront incapables de maîtriser leur propre destin tant qu'ils n'auront pas pris conscience de leur vie personnelle dans sa modestie. Ce qui les empêche, ce sont ces deux puissances intérieures : le moralisme sexuel et le mysticisme religieux. (p. 35, Préface de la seconde édition)
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Si une minorité détient le pouvoir politique, alors elle possède également le pouvoir de constituer la structure idéologique générale. En conséquence, dans une société autoritaire, la façon de penser de la majorité du peuple correspond aux intérêts de ceux qui dominent politiquement et économique. Dans une véritable démocratie, une démocratie du travail en revanche, l'idéologie sociale correspondrait aux intérêts vitaux de tous les membres de la société. (p. 33, Préface de la deuxième édition)
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La science, dans la mesure où elle est inconsciemment influencée par l'idéologie réactionnaire, formule des thèses destinées à fournir une base scientifique solide à cette idéologie. Bien souvent, elle ne va pas jusque-là, et se contente de se référer à la célèbre "nature morale" de l'homme. Ce faisant, elle oublie son propre point de vue, qu'elle ne manque cependant pas d'opposer à ses adversaires idéologiques, selon lequel la tâche légitime de la science se limite à décrire les faits en dehors de toute appréciation, et à expliquer ces faits quant à leur causalité. Lorsqu'elle veut faire mieux que justifier les exigences sociales par un simple recours aux idées morales, elle use d'une méthode objectivement bien plus dangereuse, car elle dissimule les points de vues moraux derrière des thèses pseudo-scientifiques. La moralité se trouve ainsi "scientifiquement" rationalisée. (p. 148-149)
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L'éducation sexuelle familiale est condamnée à détériorer la sexualité de l'individu. Si tel ou tel individu réussit malgré tout à accéder à une vie sexuelle saine, il le fait d'ordinaire aux dépens des liens familiaux.
La répression des besoins sexuels provoque l'anémie intellectuelle et émotionnelle générale, et en particulier le manque d'indépendance, de volonté et d'esprit critique. La société autoritaire n'est pas liée à la "morale en soi", mais bien plutôt aux altérations de l'être psychique, qui, destinées à l'ancrage de la morale sexuelle, constituent en premier lieu cette structure mentale qui est la base psychique collective de toute société autoritaire. La structure servile est un mixte d'impuissance sexuelle, de détresse, d'aspiration à un appui, à un Führer, de crainte de l'autorité, de peur de la vie et de mysticisme. Elle se caractérise par un loyalisme dévot mêlé de révolte. La peur de la sexualité et l'hypocrisie sexuelle caractérisent le "bourgeois" et son milieu. Les individus ayant cette structure sont inaptes à un mode de vie démocratique, et annihilent tout effort destiné à instituer et à maintenir des organisations régies par des principes véritablement démocratiques. Ils constituent le terrain psychologique sur lequel peuvent proliférer les tendances dictatoriales ou bureaucratiques de dirigeants démocratiquement élus. (p. 140-141)
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A l'inhibition sexuelle résultant directement de la fixation aux parents, viennent s'ajouter les sentiments de culpabilité qui dérivent de l'énormité de la haine accumulée au cours d'années de vie familiale.
Si cette haine reste consciente elle peut devenir un puissant facteur révolutionnaire individuel : elle poussera le sujet à rompre les attaches familiales et pourra servir à promouvoir une action dirigée contre les conditions productrices de cette haine.
Si au contraire cette haine est refoulée, elle donne naissance aux attitudes inverses de fidélité aveugle et d'obéissance infantile. Ces attitudes constituent bien entendu un lourd handicap pour celui qui veut militer dans un mouvement libéral ; un individu de ce genre pourra fort bien être partisan d'une liberté complète, et en même temps envoyer ses enfants à l'école du dimanche, ou continuer à fréquenter l'église "pour ne pas faire de peine à ses vieux parents" ; il présentera des symptômes d'indécision et de dépendance, séquelles de la fixation à la famille ; il ne pourra vraiment combattre pour la liberté.
Mais la même situation familiale peut aussi produire l'individu "névrotiquement révolutionnaire", spécimen fréquent chez les intellectuels bourgeois. Les sentiments de culpabilité, liés aux sentiments révolutionnaires, en font un militant peu sûr dans un mouvement révolutionnaire. (p. 140)
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La base de la famille des classes moyennes est la relation de type patriarcal du père avec la femme et les enfants. Il est en quelque sorte l'interprète et le symbole de l'autorité de l'Etat dans la famille. La contradiction entre son rôle de subordonné dans la production et de maître dans la famille lui confère l'aspect typique de l'adjudant-chef : servile envers les supérieurs, il s'imprègne de l'idéologie dominante (ce qui explique sa tendance à l'imitation), et règne en maître sur ses inférieurs ; il transmet les conceptions politiques et sociales et contribue à les renforcer. (p. 133-134)
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La révolution ne peut prôner le bœuf de trait contre le taureau, le chapon contre le coq ; les hommes ont assez longtemps vécu en bêtes de sommes ; les eunuques ne valent rien comme combattants de la liberté.
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Une petite fille de trois ans souffrait d’une rechute d’incontinence au lit. On n’y prêta aucune attention et la petite fille redevint spontanément propre trois mois plus tard.
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En fait, la volonté des femmes de ne pas enfanter n’est qu’un aspect parmi d’autres de la crise de la vie sexuelle humaine.
Il n’y a aucun plaisir à avoir des enfants dans des conditions de vie misérables et avec des partenaires non aimés ; qui plus est, la vie sexuelle elle-même est devenue un supplice.
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Supposons que l’on interroge, dans une commune urbaine de cent mille âmes, toutes les femmes qui ont de la difficulté à élever leurs enfants, à conserver la fidélité de leur mari, et à être elles-mêmes capables de satisfaction sexuelle, et qu’on leur demande ce qu’elles pensent des voyages diplomatiques d’un Laval : leurs réponses montreraient que des millions de femmes, d’hommes et d’adolescents sont tellement absorbés par les problèmes de la vie individuelle qu’ils ne se rendent même pas compte de la façon dont les politiciens se servent d’eux.
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