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Critique de dcombier


Les éditions Gallimard et Masse critique m'ayant gracieusement fait parvenir ce livre, je ne pouvais faire moins, par correction, que de le lire intégralement même si vingt fois j'ai eu la très forte tentation d'arrêter.
Le futur lecteur doit savoir que le sujet annoncé en quatrième de couverture ne concerne que quelques dizaines de pages dans la dernière moitié de l'ouvrage. Et encore ces pages sont en permanence entrecoupées d'incidentes n'ayant rien à voir avec "l'inventeur français de l'internet" (par exemple plusieurs pages sur l'acquisition d'un produit anti-cafards au beau milieu de l'explication ardue du "datagramme") à tel point qu'elles en deviennent presque incompréhensibles, même pour l'ingénieur que je suis. "L'enquête" se résume vite à une attaque en règle d'Ambroise Roux le grand patron et lobbyiste français des années 1970-80. A travers lui, le narrateur crache sa haine boboïste de la droite, des grands bourgeois, des patrons, de la noblesse, des éditorialistes à particule, des provinciaux, des catholiques, etc… ("… comme l'on est en province quand on appartient à la bourgeoisie catholique conservatrice voire réactionnaire.") les rendant responsables de tous les malheurs, passés, présents et futurs, de la France et prouvant sa méconnaissance de la France de province.
En dehors de ces quelques dizaines de pages, l'auteur par l'intermédiaire du narrateur Dimitri (bobo parisien, bisexuel forcément bisexuel, surdiplômé, surpayé par rapport au travail qu'il dit effectuer, prosélyte des doxas écolos, d'extrême-gauche voire d'ultra-gauche, vivant avec dans une totale inadéquation et incompatibilité entre ses idées et son mode de vie) juxtapose des "comédies" n'ayant aucun lien entre elles, fait des références plus ou moins discrètes à ses précédents ouvrages, nous entraîne dans d‘interminables digressions : sur le début carrière des néo-diplômés Bac +10 ; sur les surréalistes européens, dont Max Ernst, exilés à New-York en 1942 et à leurs influences sur la création de l'école américaine, ressemblant à un trop long (46 pages !) cours magistral - ladite école américaine étant utilisée par la CIA dans le cadre de la guerre idéologique avec l'URSS ; etc...
Dimitri, dont rien ne nous est épargné de la vie sexuelle vécue ou virtuelle, s'emploie à démontrer que la globalisation consumériste, dont il jouit sans vergogne, et les réseaux sociaux, dont il use et abuse, sont responsables de tous les maux du monde, depuis l'épilation pubienne des femmes jusqu'aux délocalisations en passant par le saccage des centres villes historiques transformés en vitrines consuméristes indifférenciées, et j'en passe.
Si le contenu est totalement raté (selon ma grille de lecture ou alors l'auteur s'est volontairement livré à une caricature de son oeuvre), le travail de recherche sur "l'inventeur français de l'internet" est perceptible même si le résultat en est présenté de façon tendancieuse. L'écriture est par moments très belle bien que souvent inutilement verbeuse et abusant des figures de styles surannées (anaphores, accumulations, répétitions…) qui alourdissent le propos.
Éric Reinhardt dont j'avais beaucoup aimé "L'amour et les forêts", beaucoup moins "La chambre des époux" n'en finit pas de me décevoir.

Je pense néanmoins qu'au vu des thèmes à la mode développés dans ce roman, il sera sélectionné dans de nombreuses listes de prix littéraires de cet automne.
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