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3,1

sur 354 notes
°°° Rentrée littéraire 2020 # 27 °°°

Ce roman protéiforme est incroyablement vivant ! J'ai aimé les deux comédies françaises racontées dans ce roman ... à moins qu'il y en ait plus que cela !

Le premier roman dresse le portrait d'un jeune journaliste, Dimitri dont on apprend dès la première page sous forme de faire-part qu'il a trouvé la mort à 27 ans dans un accident de voiture. Eric Reinhardt prend le temps de nous présenter ce personnage aussi attachant, intéressant qu'agaçant. Il déroule le fil de la vie de Dimitri, brillant, mobile et insaisissable à travers une carte du tendre très mouvementée, Dimitri tombant souvent amoureux et courant après une femme qu'il rencontre en plusieurs lieux. C'est assez irrésistible, on a l'impression d'être dans un Truffaut à suivre un personnage qui fusionnerait le Jean-Pierre Léaud de Baisers volés et le Charles Denner de L'Homme qui aimait les femmes, irrésolu, idéaliste et ayant du mal à s'extraire de ses rêves pour vivre dans la réalité.

Le deuxième roman est une enquête, celle que poursuit Dimitri, en fait le récit d'un fiasco français qui a conduit la France à passer à côté de la possibilité de devancer les Etats-Unis dans la création d'Internet. La thèse d'Eric Reinhardt est ultra convaincante et documentée, construite autour du témoignage de l'ingénieur informatique Louis Pouzin : il a conçu le système de transmission de données électroniques, le datagramme. Même si je ne suis pas du tout fan ni experte en geekerie, l'auteur nous ferre en construisant son enquête quasi comme un thriller. Les pages sont mordantes et fort sarcastiques, tirant à boulet rouge sur la vieille France, sur les privilèges d'une classe politique sclérosée par le lobbying, sur le corporatisme stupide des corporatismes et l'impunité des puissants qui ont aveuglé et manipulé le pouvoir en place ( en l'occurence Valéry Giscard d'Estaing qui se targuait pourtant de modernité et a choisi le Minitel plutôt qu'Internet ). C'est acerbe et hautement réjouissant !

Pour autant, est-ce que j'ai aimé que ces deux romans n'en forment qu'un seul ? J'avoue que je n'ai pas toujours vu le lien entre le récit intime centré Dimitri et l'enquête à charge. C'est vrai que dans les deux cas, Eric Reinhardt pointe du doigt ces moments où le destin bifurque, ces événements qui devient le cours des choses et font basculer dans un après. Mais il m'a manqué un autre fil conducteur que le simple fait que Dimitri mène l'enquête lui-même. Bref, je me pose encore la question.

Ce qui est sûr, c'est que ce roman est d'une vivacité remarquable. Que l'acuité sur l'époque dont fait montre Eric Reinhardt crève les pages. Que le style de l'auteur est incontestablement brillant, son écriture, totalement maitrisée, emplie de nombreux degrés, m'a régalée, notamment dans les dialogues. Et quel humour, qualité plutôt rare pour un roman qui se veut aussi sociologique et politique. C'est souvent très très drôle : les lettres qu'écrit Dimitri à un Giscard nonagénaire pour lui demander des comptes à la frontière du harcèlement sont hilarantes.

A noter une passionnante digression ( ou roman dans le roman, un de plus ) sur la façon dont le peintre Max Ernst apprend à Jackson Pollock la méthode du dripping qui donnera naissance à l'art abstrait américain et permettra à New-York de supplanter Paris comme capitale de l'Art.
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Éric Reinhardt que je lis pour la première fois m'a emmené dans un roman un peu fou, très long, un peu trop à mon goût. Pourtant, je reconnais que la plume de l'auteur est alerte, incisive, efficace, et qu'il sait accrocher l'intérêt de son lecteur tout en révélant des informations très instructives.
Tout commence avec la quête d'une fille croisée dans Madrid, fille que Dimitri, le narrateur, veut absolument retrouver, croit reconnaître mais disparaît avant qu'il ait pu l'aborder. Seulement, avant que cette quête commence, l'auteur avait inséré l'avis de décès de Dimitri Marguerite et les circonstances de l'accident de voiture qui a causé sa mort, le 16 juillet 2016, sur une route de Bretagne. Sa compagne, Pauline, qui conduisait, étant indemne.
Madrid, Paris, c'est en 2015 puis l'auteur permet de faire connaissance avec son héros qui m'a entraîné dans le monde du lobbying puis dans l'enquête journalistique. Spontané et curieux, Dimitri n'a pu poursuivre son travail trouble de consultant et se retrouve journaliste à l'AFP.
C'est à partir de là que sa rencontre avec Louis Pouzin enclenche ce qui est le coeur du livre : l'histoire de l'inventeur du datagramme qui avait mis au point, bien avant les Américains, ce qui deviendra Internet. Oui, vous lisez bien, Internet aurait dû être français si Valéry Giscard d'Estaing, cédant aux pressions du plus grand patron de l'époque, Ambroise Roux (CGE), n'avait sacrifié tout ce que préparait Louis Pouzin et son équipe à l'IRIA (Institut de recherche en informatique et en automatique) de Rocquencourt. Tout cela pour que la France soit la première à mettre au point le… Minitel.
L'histoire, la quête plutôt, de Dimitri est infiniment détaillée. L'auteur répète plusieurs fois certains épisodes, avance, revient en arrière puis m'emmène subitement sur les traces de Max Ernst depuis sa maison de Saint-Martin d'Ardèche jusqu'à New York avec les surréalistes, André Breton, Jackson Pollock, Lee Krasner, sans oublier leur égérie et mécène : Peggy Guggenheim. C'est complet, documenté, agrémenté d'anecdotes savoureuses, étonnantes dont le texte foisonne mais j'ai trouvé cela beaucoup trop long.
Finalement, me revoilà au coeur du sujet : Ambroise Roux (1921 – 1999). Éric Reinhardt, en utilisant la fiction, réussit à rappeler l'histoire de cet homme qui influença tellement les décisions politiques des années 1970. C'est souvent critique, voire caustique et les aventures sentimentales de Dimitri offrent quelques respirations salutaires.
Je ne peux passer sous silence la désopilante analyse de la biographie du grand homme rédigée par une journaliste à particule, reine de la brosse à reluire.
Comédies françaises est un livre à lire, assurément, car ce que nous vivons aujourd'hui avec la toute puissance des Américains grâce à Internet, aurait pu être évité comme le démontre brillamment Éric Reinhardt.

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Dimitri est un jeune homme né en 1989 dont on apprend dès les premières pages qu'il est décédé dans un accident de la route à l'âge de 27 ans, qu'il était passager d'une BMW dont la conductrice aurait perdu le contrôle, sans explication. La majorité des personnages présents dans le roman sont inscrits sur la page du faire-part, cependant pas tous. Est notée également sur celle-ci : " Que sa curiosité insatiable, son humour, sa colère et son idéalisme nous servent d'exemple à jamais."
C'est donc la vie de Dimitri Marguerite qu'Éric Reinhardt va nous raconter dans Comédies Françaises. Nous rencontrons ce jeune homme rêveur, railleur aussi, une première fois en juin 2015, à Madrid en Espagne. Alors qu'il flâne, en soirée, une jeune femme attire son attention. le hasard fera qu'il sera amené à croiser à nouveau cette belle, mystérieuse et insaisissable inconnue plusieurs fois, à Paris puis à Bordeaux. Cette quête amoureuse est présente tout au long du roman.
Mais faisons connaissance avec ce jeune homme passionné par le domaine du spectacle vivant et le théâtre. Il est un élève brillantissime mais arrête tout en 2008 alors qu'il est en 2ème année de classe préparatoire scientifique, pour le théâtre. Recalé au concours du Conservatoire national de Paris, il s'inscrit à Sciences Po Paris où il peut enfin s'épanouir un peu, allant au spectacle quasiment tous les soirs. Mais c'est un poste dans un cabinet de lobbying qui va se présenter à lui et qu'il va accepter notamment pour le salaire très attractif. Mais sa culture politique d'extrême-gauche le contraindra à démissionner. Ne sachant pas vers quel métier il va pouvoir se tourner, une amie lui parle alors du concours organisé chaque année par l'AFP pour recruter de jeunes reporters. Il se présente et est admis.
Il propose à Louis Pouzin, l'inventeur du datagramme, c'est-à-dire d'Internet de le rencontrer en vue d'écrire un livre d'entretiens. Intrigué et curieux de comprendre pourquoi les recherches de cet ingénieur français ont été brusquement interrompues par les pouvoirs publics en 1974, il mène son enquête. En parallèle, ayant été profondément marqué, à 18 ans par un documentaire sur Max Ernst, il projette d'écrire comment ce dernier a transmis le flambeau de l'avant-garde artistique à Pollock. Il a donc toujours sur lui pour noter, deux carnets : un carnet Clairefontaine bleu à motifs écossais, à spirales et à petits carreaux consacré à ce projet de roman et un carnet rose clair, où s'accumulent ses notes sur le datagramme, Louis Pouzin et la création d'Internet.
C'est un roman d'une richesse inouïe dans lequel le domaine artistique, avec ces magnifiques pages dans lesquelles Dimitri - l'auteur ? - révèle sa passion pour les arts de la scène, avec le surréalisme et comment la peinture abstraite américaine a été autant mise en avant et a connu une telle notoriété, contrebalance le domaine politique avec sa noirceur et ses dessous de table.
Chacun de nous a entendu parler du lobbying et en connaît la définition. Mais la description qu'en fait Éric Reinhardt est absolument remarquable et convaincante. Je n'imaginais pas que ce pouvoir des lobbies était déjà aussi présent dans ces années 1970 et surtout aussi puissant. Que cet industriel Ambroise Roux ait pu être assez influent pour avoir sabordé l'Internet français et la manière dont cet omnipotent patron de la CGE (Compagnie Générale d'Electricité) a mené à bien sa besogne est vraiment époustouflant !
L'auteur aurait pu écrire un vrai documentaire sur ce fait et sur cet homme. Son talent a été d'écrire un roman passionnant en faisant mener l'enquête par son héros. de plus, l'humour vient souvent agrémenter ses propos, notamment lorsque Dimitri lit des passages du fameux roman Un prince des affaires de Anne de Caumont : jubilatoire.
Ahurissant et écoeurant, le pouvoir que peuvent avoir ces lobbyistes sur les hommes politiques et leurs décisions ! Il suffit de regarder ce qui se passe en ce moment, en ces temps de confinement avec les chasseurs pour s'en convaincre.
Comédies françaises est un savant mélange de roman social, de roman historico-politique où la rêverie amoureuse, le sentiment de perte du réel sont aussi présents.

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Eric Reinhardt raconte qu'à la suite de la lecture d'un article de Libération sur Louis Pouzin, un Français décoré par la reine d'Angleterre pour sa contribution à la naissance d'Internet, lui est venu l'idée de Comédies françaises.

Passionné par l'Expressionnisme abstrait et deux de ses plus grands représentants, Max Ernst et Jackson Pollock, toujours en quête de rencontres décisives avec des femmes dont l'inaccessibilité le pousse à des dérives sexuelles, Dimitri a fait de brillantes études mais, à l'instar de plus en plus de ses coreligionnaires, il n'est pas tenté par une carrière de haut fonctionnaire ni de cadre supérieur. Alors après un poste dans une société de lobbying — qui soit dit en passant est à l'opposé de ses idées de gauche — le jeune homme décide de devenir reporter et finit par se lancer dans une enquête sur la naissance d'internet. Il découvre ainsi qu'Internet aurait pu se développer en France et non aux USA si un grand patron, Ambroise Roux, le PDG de la CGE (Compagnie générale d'électricité), n'avait pas tout fait pour saborder le projet, uniquement pour le profit de sa société et son intérêt personnel...

Beaucoup de bonnes choses dans ce dernier livre d'Eric Reinhardt, comme une analyse plutôt judicieuse de l'élite bourgeoise économique et politique française. Quelques fondamentaux aussi sur le déterminisme social qui n'ont rien d'original mais qu'il est toujours utile de répéter. J'ai également beaucoup aimé l'incursion éclairée dans la peinture avant gardiste américaine. Pour ce qui est de l'enquête sur l'Internet français et son fossoyeur présumé, Ambroise Roux, elle montre bien le fonctionnement du lobbying pratiqué par les grands patrons français. Un état des lieux connu depuis longtemps qui aurait peut-être mérité un développement plus court et moins d'assertions semble-t-il hasardeuses. Toujours est-il que Comédies françaises est un roman ambitieux, où fiction et réalité se marient avec bonheur pour notre plaisir, merci à Babelio et aux Éditions Gallimard.
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Ce roman d'Eric Reinhardt ne devrait pas laisser indifférent ses lecteurs tant sa construction est provocante.
La lecture est en effet déconcertante, décousue ; elle alterne des chapitres où il ne passe pas grand'chose, comme dans un film de Rohmer, lorsque l'on suit Dimitri, et des passages où l'on plonge dans des analyses politiques.

Sans transition, on passe du triolisme au deuil de l'attentat du Bataclan, on balaye le lobbying du médiator, la pilosité féminine et l'expressionnisme abstrait des années 1950 soutenu par la CIA...

J'ai avancé par à coups dans cette histoire désarçonnante qui fait qu'à plusieurs moments on se demande où l'auteur veut nous entraîner.

Puis on arrive dans le coeur du livre (si il y en a un) : comment Valéry Giscard D'Estaing clôtura le plan calcul en 1974 privant la France de la possibilité d'inventer internet en lui préférant le minitel.

Le style fait souvent appel à la répétition de phrases en leitmotiv.
De temps en temps, on est happé par les pérégrinations timides du personnage intellectuel de Dimitri et par son enquête sur la politique de la communication et d'informatisation.
Mais souvent, je me suis enlisé dans un banc de sable, refusant pourtant de lâcher le livre, puis, le courant aidant, j'ai été remis à flot avec le sentiment d'être baladé dans ces sautes du coq à l'âne.

Dimitri nous dit qu'il va sortir un gros truc, une enquête dont il va faire un livre qui aura un énorme retentissement. Bref, un livre dans le livre.
C'est avec un sentiment mitigé que j'ai terminé cet ouvrage dont on a l'impression qu'il aurait pu se poursuivre ainsi infiniment avec une mise en abyme.
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En cette rentrée littéraire 2020
Eric
Reinhardt sort aux
Éditions
Gallimard ce roman
Comédies françaises.
Je ne connais pas du tout cet auteur, merci donc aux éditions Gallimard et à
Babelio de me permettre de faire connaissance de cet auteur.
Pour être honnête je n'ai pas spécialement aimé son style d'écriture, répétitions à outrance, redondance. Et pourtant le quatrième de couverture m'a attiré.
Pensez donc une enquête sur le pourquoi du comment la
France avait laissé échapper l'opportunité de la recherche sur le futur Internet.. Intéressant me suis je dis.
Le début du livre annonce la couleur, la rubrique nécrologique de notre héros !!!
Dimitri Margueritte. Jeune homme brillant, ayant fait d'excellentes études est un idéaliste rêveur,il est fantasque, recherche le beau dans tout ce qui l'entoure,la rencontre idéale qui lui apporterait le bonheur. Bon la réalité est souvent loin de nos rêves. On suit donc son parcours à travers ses études,son premier travail obtenu dans des circonstances légèrement saugrenues:
Consultant junior lobbying, ces chapitres là m'ont bien accrochés. Fluidité du style, intérêt du sujet et des magouilles en tout genre dans notre administration.
Puis nous nous retrouvons dans le monde de Max
Ernst artiste peintre dadaïste et
Jackson Pollock expressionniste abstrait tous deux célèbres de leur vivant. Pour celui ou celle qui comme moi n'a pas une culture très poussée sur le sujet ce fût un peu fouillis avec une certaine redondance d'énumérations et de répétitions de mots; plus les délires de Dimitri qui part dans ses fantasmes plus ou moins crus diront nous à connotation porno...
Bon j'ai lu ces passages en diagonales.
Puis à plus de la moitié du livre le sujet annoncé : l'évidente erreur de nos politiques français : refuser de continuer à financer les travaux de Louis Pouzin génial ingénieur informaticien, inventeur du datagramme et concepteur du premier réseau de paquets. Précurseur et visionnaire du futur internet que les américains s'empressèrent de développer. Grossière erreur d'appréciation pour l'avenir de notre pays..
J'aime bien quand j'apprend de mes lectures et là dans certains chapitres je dois dire que je me suis laissée emportée par l'écriture d'
Eric
Reinhard, c'est vif, dynamique, piquant,sarcastique et pertinent…
Par contre une bonne partie du livre part dans les méandres de l'esprit un peu à l'ouest de Dimitri, s'en est agaçant. Dommage car il y a des passages que j'ai pris grand plaisir à lire…
Merci encore pour cette masse critique privilégiée qui m'aura fait connaître un nouvel auteur.
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Voici surement une des critiques les plus compliquées qu'il me sera donné d'écrire…
En effet, cette lecture me laisse plus que mitigée et bien qu'ayant terminé ce livre depuis plusieurs jours, je peine à commencer ma critique…
Que dire d'un livre qui m'a fait éprouver des sentiments aussi différents et ambivalents qu'un vif intérêt ( au début ) et puis un profond ennui par la suite, me faisant même lire tout une partie en diagonale ( ce que j'appelle la lecture express )
Bon, je précise qu'avant de recevoir ce livre grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux Editions Gallimard (encore merci à eux ), je ne connaissais pas du tout cet auteur qui n'en est cependant pas à son coup d'essai dans le paysage littéraire français. Ceci dit, je suis loin d'être une référence en littérature française, après tout, mon côté super dispersé et mon appétence pour les auteurs anglo-saxons n'arrangeant rien non plus…
Comme déjà évoqué précédemment, j'ai terminé ce livre il y a quelques jours déjà, et je peine déjà un peu à me rappeler son histoire. C'est dire qu'il ne me laissera pas une impression durable …
Si au début de ma lecture, j'ai bien accroché au style de l'auteur, j'ai assez vite changé d'avis.. Au bout d'un moment, cette écriture que je qualifiais de fluide s'est révélée pour moi trop répétitive et dans la surenchère… Bref, cela n'a pas arrangé mon intérêt pour cette histoire qui est allé en s'amenuisant…
En résumé, je ressors avec un sentiment vraiment mitigé, d'autant plus que le postulat de départ avait vraiment tout pour me plaire….


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E.Reinhardt, Gallimard, "la Blanche", c'était vraiment bien parti pour un bon moment de lecture . Que nenni, et quel ennui!
Je ne mettrai pas en cause l'écriture de l'auteur , toujours brillante, mais j'y ai vu une sorte d'expérience littéraire, la déconstruction d'un roman , d'où un agacement que je n'ai pu réprimer. Que de redondances! Je n'ai pu que le lire en grande diagonale et cela sans même perdre le fil du récit malgré des situations parfois cocasses et la vie tourbillonnante et bourrée de fantasmes d'un Dimitri, jeune journaliste .
Il se pique d'enquêter sur le lobbying et les pratiques obscures de certains industriels.
Ce que nous promet la quatrième de couverture est un peu beaucoup exagéré.
Quant aux revers français de l'Internet dus au président Giscard, ne pas oublier qu'il s'agit d'un roman du moins je l'espère dans la tête de l'auteur.
J'ai lu sur Babelio,et le recommande vivement, un billet de "REMDESP" (Remi Desprès) daté du 7 janvier sur ce roman qui éclaire vraiment le pourquoi du comment de l'Internet français.
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Comédies françaises', roman signé Éric Reinhardt relève davantage de l'escroquerie que de la comédie. Sa quatrième de couverture nous annonce une enquête journalistique, que l'on suppose pointue, prenant pour cible un puissant industriel ayant, in fine, volé l'invention d'internet aux français. Ah, ces français qui ont fait la France et qui rêvent qu'ils auraient pu faire le monde ! En fait, cette histoire alambiquée, vraie selon certaines sources, d'une décision Giscardienne sous l'influence de ce lobbyiste ne prend que quelques pages et ne commence qu'après la moitié du bouquin. Trahison !
Le vrai pourquoi du livre serait plutôt la vie de Dimitri. Héros de nos jours ? Peut-être. Mais héros, certainement pas. Plutôt copie conforme d'une franche de la population qui ne s'émerveille que du cosmétique, rêve d'avenir mais ne croit pas au bienfondé de l'effort, du travail assidu et de la construction d'une vie. Comme de toute manière, selon eux, elle est pourrie, autant s'en remettre au hasard et tenter de le forcer un peu. Jeunesse d'aujourd'hui ? Probablement. Triste !
Car derrière le personnage de Dimitri, jeune journaliste quasi sans expérience et sans ambition réelle, il n'y a qu'un petit frimeur à la française, à l'esprit aussi gros qu'un petit pois et aux façons grossières, manquant de tout tact et de respect d'autrui. Hé oui, la liberté de paroles cache souvent une méconnaissance d'un savoir-vivre élémentaire plus qu'elle ne promeut une liberté à laquelle on ne croit plus guère. Mais il a de l'entregent, notre Dimitri. Il parade, minaude, joue l'imbécile (pas trop compliqué pour lui, semble-t-il) et passe presque toujours entre les mailles du filet protecteur que ses ami(e)s et patron tissent autour de lui. Bref, un personnage qui n'a que le triste mérite d'exister et qui, de plus, est assez tordu pour ne pas s'en rendre compte. Plausible ? de nos jours, assurément. Désespérant !
Dimitri, au long des pages et des pages, va donc faire une fixette sur des possibles coups de foudre, une fille puis l'autre. Des rencontres impromptues au coin d'une rue, dans un café, un théâtre et, toujours, notre bête s'anime, flaire la rencontre de sa vie. Tout en défendant l'idée que le hasard est prépondérant pour forger une vie, notre plumitif va multiplier les tentatives d'organisation du hasard espérant enfin trouver bonne fortune. Navrant !
Avec la déclaration d'un scoop à paraître à travers l'écriture d'un livre dans lequel Dimitri confondrait Giscard et ses lobbyistes, avec pour cerise sur le gâteau, la réhabilitation de la France comme géniteur d'internet, le récit s'englue dans la vie puérile, décalée, fantasque, inopérante de ce journaliste. Même si c'est là un reflet peu déformé de notre société, l'auteur devait trouver une pirouette pour en sortir. Bien sûr, avec le métier qu'Éric Reinhardt possède, cela ne fut pas compliqué. Et, dans l'art, l'auteur boucle son récit par l'annonce faite dès la première page. Déjà vu, mais pas mal tout de même. Rassurant !
Si le récit ne m'a pas semblé nourricier en termes d'humanité à promouvoir, l'écriture de Reinhardt est bien la sienne. Avec de longues énumérations de références culturelles, manifestement c'est un homme érudit ou disposant du verni pour le faire croire. Il utilise volontiers les répétitions des conteurs mais sans magnifier la suite par une chute, un changement d'axe, de cap ou même d'idée. Pour exemple :
P. 66-68 : Il avait vu les spectacles de Romeo Castellucci. Il avait vu les spectacles de Christoph Marthaler. Il avait vu les spectacles de Krzystof Warlikowski. […Je vous passe les 65 lignes suivantes de la même structure pour le laisser conclure…] Il avait passé énormément de temps dans les salles de spectacle. Trop de références littéraires ou artistiques nuit à l'avancée dans la lecture. Pédant !
Un autre artifice dont l'auteur use et abuse est la mise en parenthèses. Quasi pas une page du livre sans une, voire plusieurs parenthèses qui coupent le récit, parfois sans aucunement alimenter la réflexion du lecteur. Enervant !
D'autant plus regrettable qu'à plusieurs endroits du récit, l'auteur se montre fine plume, j'insiste, très fine plume, touchant juste et décrivant à la perfection les mutations en cours au sein de notre société. Cela aurait pu être tellement enivrant !
Il me reste, même si ma chronique est un peu amère, le plaisir d'avoir lu ce livre, vraiment ! D'y avoir pointé l'une ou l'autre belle source de réflexion et m'être bercé du rythme et de l'à propos de quelques beaux passages d'une écriture subtile capable de faire briller notre belle langue française. J'oublie le reste et garde le meilleur.
Merci à Babelio et aux Editions Gallimard de m'avoir accordé leur confiance en m'offrant ce roman de la Rentrée 2020.
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Le dernier roman d'Éric  Reinhardt, Comédies françaises, est un roman multiforme avec une ligne directrice et quelques digressions.
Depuis 2013 et une rencontre avec Louis Pouzin,  Eric Reinhardt à été marqué  par l'abandon, par la France dans les années 1970 d'un projet de création d'Internet.
Qui est Louis Pouzin ? Il s'agit d'un chercheur français qui découvrit le datagramme qui est à la base d'Internet. En 1974 le président Valéry Giscard d'Estaing  renonça à se projet au profit du  Transpac qui est à  la base du Minitel. Cet abandon avait une raison : le lobbyisme. Et plus particulièrement celui d'Ambroise Roux, président de l'imposante CGE, leader entr'autre dans la productions de commutateurs téléphoniques.
Le roman d'Éric Reinhardt va donc nous entraîner dans les arcanes de la politique industrielle française des années 1970, ainsi que dans le lobbyisme invétéré d'Ambroise Roux.
Pour nous faire découvrir ces arcanes, Eric Reinhardt nous adjoint un narrateur : Dimitri jeune homme de 27 ans.
Dès la première page du roman nous attends un avis de décès, celui de Dimitri.
Dès la deuxième nous connaissons les raisons du décès.  Un banal accident de la route qu'un article de journal nous détaille.
Cela posé , le roman d'Éric Reinhardt se lit avec plaisir et délectation.
A l'enquête concernant les raisons de l'abandon du datagramme et des joies du lobbyisme se superpose la découverte de la vie de Dimitri, jeune homme bisexuel, recherchant toute aventure possible ,bien dans son époque, ayant lui même fait du lobbying avant de devenir reporter à l'AFP. Il est évidemment tentant d'en faire un double d'Eric Reinhardt.( à tort ? )
Et la vie de Dimitri est une double enquête ; d'un coté l'enquête sur le pourquoi de l'abandon du datagramme, de l'autre côté,  qu'elle est cette jeune femme entrevue à  Madrid, puis deux fois à Paris.
Ces deux enquêtes  permettent de passer allègrement des années 70 aux années 2015.
Le spectre politique et social est très large et nous montre combien la société a changé .
Eric Reinhardt se permet quelques digressions pour nous entretenir de Max Ernst ou encore de Pollock. Cela ne nuit pas.
Quand aux pages sur Ambroise Roux, elles sont autant mordantes que sont iconoclastes les courriers envoyés au fils d'Ambroise Roux et à Valéry Giscard d'Estaing.

Ce roman a un côté jubilatoire, un côté pot de terre contre pot de fer.
Dimitri par sa singularité,  son ton décalé nous entraîne avec lui dans ses enquêtes et dans  sa vie un peu dissolue mais diablement enlevée,  poétique et théâtrale.
Enfin comment ignorer Louis Pouzin, ce chercheur que l'on a laissé au bord du chemin.
Il a gardé douceur, empathie et bienveillance.
Et les mots d'Éric Reinhardt sont magnifiques
" Ses rides témoignaient  de la fréquence  de ses sourires, les plus marquées chez lui n'étant pas celles de l'inquiétude,  du doute ou de l'angoisse, mais de la joie, de la vitesse : ces rides là étaient de  celles qui soulignant ce qui est vif chez une personne en exacerbent la beauté  plutôt qu'elle ne la fletrissent."

Comédies Françaises porte bien le nom d'une certaine France , que ce soit en 1970 ou dans les années 2020.


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