Après avoir vu "le mystère Henri Pick", j'ai fait un tour du côté des livres "refusés" ou plutôt absents de Babelio et qui doivent être créés ! L'anonymat de ce petit ouvrage est protégé puisque deux noms apparaissent l'un en couverture :
M. Reiter, l'autre sur la tranche : Carole Rodrigo. Qui de ces deux femmes a écrit en avant-propos : "il nous appartenait, à nous, élèves, de ne pas laisser tomber son nom dans l'oubli"?. L'auteur parle de Anne-Sidonie Wanham, institutrice et directrice d'un pensionnat de jeunes filles, créé au milieu du 19ème siècle avec ses soeurs.
C'est la réédition d'un texte de 92 pages daté de 1898, le reste de l'ouvrage est consacré à la présentation des ouvrages de morale de Anne Sidonie ainsi qu'à son implication dans ce que nous appellerions aujourd'hui des "oeuvres de bienfaisance". Les quatre soeurs Wanham ne se quitteront pas de leur vie, restant célibataires, "mères de nombreux enfants d'adoption".
C'était l'enseignement d'une époque d'avant, quand le catéchisme occupait une demie-heure de l'emploi du temps journalier et où : "au commencement et à la fin de la journée, la prière était, au début et à la clôture des leçons, l'acte qui devait en assurer le succès".
C'était pourtant une institution qu'elles nommaient "laïque" (les guillemets sont notre ajout). La tenue de la maison était aussi au programme et "On ne connaissait des différents sports, pour la femme, que l'équitation, et encore cantonnée dans le milieu élégant et mondain. Pas de scating, pas de canotage, pas de tennis, moins encore de bicyclette, aucun de ces exercices qui rendent la femme indépendante et dont le moindre inconvénient est de détruire le charme de la réserve féminine (sic!) et de faire faire des jeunes filles de notre époque, -des jeunes femmes aussi, malheureusement- non plus des épouses et des soeurs respectées, mais des camarades et des bons garçons".
Ce fut un casse tête pour elles quand elles durent céder leur pensionnat : "Trouver comme successeur une personne à la fois solvable, instruite et partageant les sentiments de haute piété de nos institutrices n'étaient pas chose facile. Elles pressentaient - et leurs prévisions devaient trop et trop tôt se réaliser- que le laïcisme serait un jour complice de la neutralité religieuse de l'école et que, de cette pente de la neutralité, on glisserait fatalement vers l'abîme du manque absolu de croyance."
Il faut prendre ce court récit pour ce qu'il est : un témoignage, un hommage à une femme dévouée à l'époque où l'éducation était intrinsèquement liée à la moralité et à la religiosité de futures femmes au foyer.
Le style est joliment désuet sans être ampoulé pour autant, le passé simple est mis en avant et bien sûr la chrétienté imprègne toutes les motivations des soeurs Wanham.