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Critique de Presence


Ce recueil comprend les épisodes 29 à 37 de la série tous écrits par Rick Remender.

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Épisodes 29 à 32 – de retour sur Terre, l'intrigue peut reprendre là où le tome précédent l'avait arrêtée. Dans la nation (fictive) de Bagalia, John Steele tente d'entrer par effraction dans un building, malheureusement il est attendu par une bonne dizaine de supercriminels. À Moscou, Agent Venom (Flash Thompson) et Valkyrie (Brunnhilde) mettent un terme à la carrière de Raspoutine. À la suite de quoi, ils sont rapatriés au quartier général des Secret Avengers. L'équipe se rend à Bagalia pour secourir John Steele. Elle se compose de Black Widow, Hawkeye, Ant-Man, Agent Venom, Valkyrie (avec Aragorn, son cheval ailé). Ils doivent retrouver Taskmaster, pour l'empêcher de livrer une couronne à Max Fury (un LMD).

Le lecteur a le plaisir de retrouver le fil de l'intrigue principale, et de découvrir un nouveau dessinateur sur la série, en la personne de Matteo Scalera. Ce dernier maîtrise les conventions graphiques propres aux récits de superhéros. En surface, sa façon d'encrer, de rajouter des petits traits non significatifs, et des tâches pour faire sale évoque un peu les dessins de Sean Murphy. Il n'hésite pas à utiliser des angles de vue très accentués pour augmenter l'impact des coups, ou la domination des personnages.

Alors qu'en apparence, ses dessins ont un petit côté esquissé, dans le détail rien ne manque. La nation de Bagalia abrite de nombreux supercriminels parmi les plus secondaires et Scalera représente leur costume avec une précision telle que le lecteur qui les connaît ne peut manquer de les identifier (il y a même Pink Pearl, de son vrai nom Pearl Gross, une femme énorme, espionne dans un cirque, apparue dans l'épisode 22 d'Alpha Flight de John Byrne).

En prêtant encore plus d'attention aux dessins, le lecteur constate que Scalera donne des morphologies différentes à chaque personnage, sans qu'ils soient tous gonflés aux stéroïdes. Il s'investit suffisamment dans les décors pour que le lecteur ne puisse pas oublier où se situe l'action. Il soigne la représentation de chaque personnage, qu'il s'agisse de la dentition de Venom, ou de la présence physique de Valkyrie (un imposant dessin pleine page à la fin de l'épisode 31).

De son côté, Rick Remender reprend l'intrigue relative aux descendants là où il l'avait laissée. Mais il semble qu'il ait eu des instructions également pour mener à terme l'intrigue initiée par Ed Brubaker au début de la série. du coup, dans un premier temps, le lecteur a l'impression que le récit prend un chemin de traverse avec cette histoire de 3 couronnes pour dominer le monde, pour un scénario très convenu, semblant dater d'un autre âge.

Comme à son habitude, Rick Remender fait pour le mieux avec ce qu'on lui impose et il réussit à intéresser le lecteur à cette idée bébête de 3 couronnes superposées qui permettent de réduire en esclave les esprits des individus à proximité. Il réussit même à relier cette intrigue à celle qu'il avait initiée dans le tome précédent. Il réussit également à insuffler un peu de personnalité à Agent Venom et à Valkyrie grâce à un comportement inattendu, mais pas impossible.

Le lecteur finit par se laisser emporter dans cette mission difficile pour sauver l'humanité d'une forme d'esclavage mental. Il regarde ces personnages se démener, se battre dans une mission un peu longue. Il remarque également que Remender n'est pas entièrement dupe de l'intérêt relatif de son intrigue bricolée pour recoller tous les morceaux. Ce n'est pas pour autant qu'il bâcle son travail. le lecteur attentif décèlera même une référence discrète et bien placée, à le Choix de Sophie de William Styron (un personnage évoquant le choix de Sophie).

Le lecteur est un peu déçu car il ne le retrouve pas au meilleur de sa forme. Il faut dire qu'il doit faire avec 2 contraintes éditoriales successives, d'abord participer au crossover AvX, puis boucler l'intrigue laissée en suspens par Ed Brubaker (scénariste initial de la série). Renato Guedes réalise des dessins très professionnels, mais en décalage narratif avec le bruit et la fureur d'AvX. Matteo Scalera réalise des dessins tout aussi personnels, plus en phase avec la nature du récit.

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Épisodes 33 à 37 : 33 dessiné et encré par Andy Kuhn, 34 à 37 dessinés et encrés par Mateo Scalera. Il s'agit de la fin des épisodes écrits par Rick Remender. Par la suite, la série est relancée avec un nouveau numéro 1 et écrite par Nick Spencer, avec des dessins de Luke Ross.

Ant-Man a pris le pseudonyme de Black Ant. Il commence par se rendre dans la cellule de Max Fury, puis il téléporte quelques agents de Father dans la station orbitale Lighthouse qui sert de base quartier général pour les Secret Avengers. Pendant ce temps, Captain Britain (Brian Braddock) emmène Hawkeye (Clint Barton) dans la dimension 666, où il a confié l'orbe de la nécromancie à ses habitants, dont une version de Brother Voodoo.

Par la suite, Father a vu les signes que le temps est venu d'implémenter son projet : faire reconnaître l'état de Bagalia comme souverain, mais appartenant cette fois-ci aux Descendants. Dans le même temps, il a donné le feu vert pour que commence la contamination des êtres humains.

Difficile de ne pas voir que Rick Remender continue de construire son petit coin dans l'univers partagé Marvel. Il a donc déjà rapatrié Captain britain qu'il avait utilisé dans la série X-Force. Dans ce tome, il fait apparaître une version de Brother Voodoo, personnage pour lequel il avait déjà écrit une minisérie Doctor Voodoo: Avenger of the Supernatural. le lecteur voit également apparaître une version très étrange du Punisher, amalgamé à la créature de Frankenstein, comme dans Franken-Castle, une histoire du Punisher écrite par Rick Remender lui-même. D'ailleurs les Descendants feront par la suite une apparition dans Avengers: Rage of Ultron, une histoire écrite par Rick Remender.

Dans ce tome, le lecteur a le plaisir de constater que le scénariste a pu mener à bien son intrigue, sans plus d'interférences éditoriales du type AvX (voir tome précédent). Remender peut donc développer la naissance de cette nation d'androïdes dotés d'intelligence artificielle. le lecteur apprécie cette forme d'opposition aux Avengers, un groupe disposant d'une motivation plus élaborée que devenir les maîtres du monde, ou s'enrichir le plus vite possible, ou encore détruire les Avengers parce que c'est ce que font les méchants.

Dans la mesure où cette société d'androïdes n'est pas reconnue par les Nations Unies, leurs actions s'apparentent à des actes terroristes. Néanmoins, Rick Remender prend soin d'inclure des arguments qui justifient lesdites actions et qui rendent plus floue la frontière entre terrorisme et revendications légitimes. Par comparaison, l'incursion dans l'univers 666 (celui des undead) est un peu plus folklorique, légèrement teintée de parodie.

Comme dans le tome précédent, Rick Remender réserve quelques moments aux interactions entre personnages pour que leur personnalité puisse s'exprimer. Les réparties entre Clint Barton et Brian Braddock font mouche, avec la moquerie du premier, et l'explication du second sur les responsabilités du gardien de l'Omnivers. La romance entre Flash Thompson et Brunhilde ne dispose malheureusement pas d'assez de place pour impliquer d'avantage le lecteur.

Le premier épisode est dessiné par Andy Kuhn, avec un encrage qui donne une impression de détourages des formes un peu grossier, et de personnages mal finis. Quand il trouve le bon équilibre, il s'approche parfois d'un rendu rappelant celui de Michael Avon Oeming, à la fois grossier et iconique. Mais la plupart du temps, ses dessins racontent une histoire pas très jolie à regarder, avec un niveau de détails assez faible.

Le lecteur retrouve donc avec plaisir les dessins de Mateo Scalera pour les 4 derniers épisodes. L'influence de Sean Murphy reste patente dans la manière d'utiliser des traits très fins, à côtés d'aplats de noir. Scalera s'avère très impressionnant dès qu'il s'agit de donner l'impression de vitesse ou de puissance. Les superhéros bondissent et se déplacent rapidement. Les coups portent avec force. Il sait représenter les situations au premier degré, même les plus exagérées (Giant Man flanquant un grand coup de poing dans la tronche d'une Sentinelle), avec un soupçon de dérision discrète qui fait passer le tout avec aisance.

Grâce à la mise en scène vivante de l'artiste, le lecteur pénètre dans un monde un peu sombre (impression renforcée par ces petites tâches d'encre omniprésentes, comme un constat de la saleté de cette réalité), avec des personnages qui se jettent tout entier dans les mêlées. Il est emporté dans l'action, au milieu de professionnels qui savent ce qu'ils font et qui ne sont pas là pour plaisanter.

Avec ce dernier tome, Rick Remender apporte une clôture satisfaisante à son intrigue, bien qu'un peu rapide. Il fait exister les personnages chaque fois que l'action le permet, dressant des portraits générant l'empathie, mais laissant le lecteur sur un goût de trop peu. Mis à part le premier épisode, les dessins plongent le lecteur dans un environnement consistant, avec des superhéros accomplissant leur métier avec sérieux et fougue. 4 étoiles.

Au final, ces 17 épisodes écrits par Rick Remender constituent une aventure divertissante, mais par inoubliable. Il continue de développer son coin de l'univers partagé Marvel en créant un lien entre les différentes séries qu'il a écrites pour cet éditeur. Après les Secret Avengers, Marvel a confié les Uncanny Avengers à Rick Remender dans le cadre de l'opération "Marvel now", à commencer par The Red Shadow. Il a également pris la responsabilité du destin de Steve Rogers.
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