Nous, les hommes, nous croyons toujours être des parangons ! Nous nous imaginons toujours qu’après nous il faut tirer l’échelle des êtres ! et nous pensons tout connaître, tout prévoir, tout supposer ! Si une créature était faite d’eau, est-ce que nous pourrions la voir dans l’eau ? Eh bien, alors, si une créature était faite d’air, est-ce que nous la verrions dans l’air ?…
Cette nuit-là, les deux gardiens du phare de la tour, attristés de ne rien connaître, méditèrent longuement sur la science et sur l’ignorance…
Et la pleine lune, au faîte de son arc, leur sembla l’orifice d’un puits de Babel, au fond de quoi les hommes s’agitent confusément.
Quoique tout logis fût plein d’habitants, la plupart des bourgades semblaient évacuées. Les rues, par-ci, par-là, résonnaient au passage d’un groupe. Quelquefois, dans leur silence et leur vide oppressants, un téméraire, un brave, se glissait le long des murs, avec la face d’un homme en perdition. Et, comme tous, il levait les yeux vers le ciel, non pour supplier, mais pour l’épier. Car du ciel on attendait moins le salut que le péril.
Malheureusement, le public grondait. (C’est-à-dire que trois ou quatre publicistes le faisaient gronder.) On vit le moment où la question deviendrait électorale.
Sous prétexte d’ethnographie, on se livre, au jardin d’Acclimatation, à des exhibitions de sauvages qui rappellent assez l’aérium des sarvants. Et tenez, docteur, cette jouissance perverse qu’on éprouve, paraît-il, à regarder vivre une personne sans qu’elle s’en doute, à travers le trou de la serrure ; c’est tout bonnement de la volupté du collectionneur !
– Pauvre humanité, vous dis-je !