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Critique de Tanvyeboyo


‘Le Paradis Perdu' de Milton est un poème épique qui date de la fin du 17è siècle. le poème traite de la vision chrétienne de l'origine de l'Homme, en évoquant la tentation d'Adam et Ève par Satan, puis leur expulsion du jardin d'Éden. Ce texte, qui a traversé les siècles a été traduit en français par Chateaubriand, lors de son exil en Angleterre.
Nos Paradis Perdus' et son auteur, Muriel de Rengervé, n'y sont pas aisément comparables. Certes, elle cite une fois le grand inventeur du Spleen, ou la Maladie du (19è) Siècle, pour qui, définitivement, ‘c'était mieux d'antan'. de Renvergé semble atteint d'un mal plus contemporain, une sorte de Weltschmerz, ou Maladie du Monde. Oui, ce n'est plus seulement que ‘c'était mieux d'antan', ce qu'en plus, l'avenir est carrément annulé, NO FUTURE. La civilisation vit ses dernières heures et le livre descend dans une sorte de Schadenfreude envers soi-même, car l'auteur semble presque jubiler dans la contemplation et la description d'une fin du monde bien méritée.
J'écris ces mots après avoir lu ce livre presque insupportable de pessimisme appuyé et après avoir vu passer à la télévision le génial aventurier Suisse, Bertrand Piccard, et auteur tout récent de "Réaliste. Soyons logiques autant qu'écologiques".
https://www.babelio.com/livres/Piccard-Realiste/1364591
Je ai reçu ‘Nos Paradis Perdus' par l'opération Masse Critique, que je remercie, car je ne l'aurais jamais acheté, mais je voulais lui donner une chance de transmettre quelque chose. La Masse Critique ouvre ainsi de nouvelles fenêtres sur le monde. le livre de Muriel de Rengervé n'est ni lyrique, comme ceux de Milton ou Chateaubriand, ni positif, comme l'écologie des solutions de Piccard. Il fonce dans le mur, en klaxonnant. le mur ici, c'est ‘le jour de l'Apocalypse', rien de moins. ‘La Terre produit de la mort à l'infini.' Sauf que, cette fois, c'est différent. On est tous morts, ou presque, car ‘nos successeurs, s'ils existaient jamais, devraient tout recommencer – descendre des arbres et s'hominiser…' On a compris que les singes ont une petite chance de s'en sortir et qu'ils sont priés de mieux faire la prochaine fois, si jamais ils en ont l'occasion.
J'ai apprécié les citations de divers auteurs à qui on pourrait attribuer un certain goût pour la mélancolie, mais aussi un talent certain. Goethe, Flaubert, Pasolini, René Char, et quelques autres dont je ne suis pas familier. le plus bel exemple est aussi celui que résume le constant état d'esprit de ce livre et il vient de Georges Bataille, auteur et penseur complexe et inclassable de la première moitié du siècle dernier et qui, à ma connaissance, n'est jamais tombé dans les errements idéologiques et dogmatiques.
« Toutes choses n'étaient-elles pas destinées à l'embrasement, flamme et tonnerre mêlés, aussi pâle que le soufre allumé, qui prend à la gorge. Une hilarité me tournait la tête : j'avais, à me découvrir en face de cette catastrophe, une ironie noire, celle qui accompagne les spasmes dans les moments où personne ne peut se tenir sans crier ».
La citation est tirée de «Le bleu du ciel » de Bataille (1935) et raconte des errances alcooliques et sexuelles dans le monde de la nuit des années 30 à Paris.
https://www.babelio.com/livres/Bataille-Le-bleu-du-ciel/2188
Oui, le monde est en danger, comme dans les années 30. Cette fois, il se réchauffe et nous y sommes encore pour beaucoup. Il est communément admis que la température corporelle normale est de 37°C et que la fièvre commence à 38°C, pour un seul petit degré. Il faut donc éviter la fièvre en toute circonstance, mais Muriel de Rengervé n'y pense pas. C'est trop tard. Elle veut tant partager son enfièvrement et le raconte par des vignettes sur quatre personnages à très faible intérêt littéraire ou scientifique. Elle-même, au bord de l'Apocalypse, tient à nous rappeler qu'elle est ‘Normalienne (Ulm 96), agrégée et docteur en histoire.' On est tenté de dire ‘tout ça pour ça'.
Oui, on peut lutter contre l'Apocalypse, même si, en attendant, la fin du monde, ça fait vendre.
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