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3,27

sur 79 notes
Dolores Reyes, je ne le savais pas, est une feministe argentine, très impliquée. Dans ce pays où les disparitions sont légion, et c'est une tradition presque : disparitions durant la dictature, et courage des mères sur la place à Buenos-Aires, et disparition de jeunes filles et femmes tuées ou envolées, depuis des dizaines d'années...

Elle nous livre dans ce premier roman, une héroïne, Mange-Terre, assaillie par des visions lorsqu'elle avale la Terre du lieu où ces femmes, filles ont disparues.

Avec ce don, digne d'histoires du réalisme magique, nous entrons dans une réalité dure, pauvre et dangereuse.

Tout est précaire, la vie, les habitations, et le climat, Mange-Terre n'évolue pas dans les quartiers privilégiés, ce n'est pas dit, c'est une évidence.

J'ai aimé dans ce roman, le bon mélange entre l'imaginaire et le réalisme social, la rude découverte d'une violence qui n'est ni édulcorée, ni complaisamment étalée.

Mange-Terre et son frère, grandissent et évoluent malgré tout, Elle réussit à vivre, à aimer aussi, dans un contexte ultra difficile, et si c'est loin d'être une lecture qui détend, c'est une lecture à la fois qui fait réfléchir, qui ouvre sur d'autres parties du Monde et qui fait réfléchir.

Un roman qui remue et fait découvrir une vraie face de l'Argentine contemporaine.
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À travers ce premier roman, l'autrice nous raconte l'histoire de Mangeterre dotée d'un étrange pouvoir.
Dolores Reyes nous plonge dans un roman réaliste à la limite du fantastique tout en nous présentant des personnages poétiques et attachants.
Une autrice à surveiller de très près. 
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Mangeterre est une jeune fille qui vit dans les bidonvilles de Buenos Aires. Quand elle mange la terre où une personne a marché, elle peut la voir, ce pour quoi des gens lui envoient des bouteilles de terre pour qu'elle retrouve des disparus, qui la plupart du temps ont été tués violemment.
Roman intéressant, mais pas assez développé ni dans la partie de la psychologie des personnages ni dans l'histoire des disparus.
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La couverture colorée avec une jeune fille coincée dans une bouteille sur un tas de terre m'a tout de suite interpellée, tout comme le résumé mentionnant un don inhabituel. Un don qui oscille entre cauchemar et merveilleux, et qui va se révéler à notre protagoniste, jeune fille capable de voir le sort réservé aux disparus en ingérant un peu de la terre qu'ils ont foulée. Je dis disparus mais disparues serait plus juste, la plupart des évaporés étant des femmes.

Des femmes ayant subi la violence des hommes dans cette Argentine dont le portrait n'est pas flatteur, peut-être parce que nous suivons une jeune fille issue des quartiers populaires, déscolarisée et sans grande perspective d'avenir. J'ai regretté un manque de contextualisation et d'éléments culturels auxquels me raccrocher ne connaissant que peu l'Argentine. J'ai ainsi eu le sentiment que le roman aurait pu se passer dans un autre pays d'Amérique du Sud, voire du monde…

Mais c'est aussi la force de Mangeterre, cette portée universelle qui pend aux tripes et permet de saisir toute l'horreur qui se cache derrière chaque disparition. Bien que l'autrice ne cherche pas à susciter le pathos, se contentant d'énoncer les choses les plus dures comme les plus triviales avec un naturel mêlant poésie et brutalité, on se surprend très vite à ressentir une vive compassion pour Mangeterre. Un surnom donné à notre narratrice dont la personnalité se noie inexorablement dans sa déroutante capacité, qui la lie autant à la terre nourricière qu'elle la coupe du commun des mortels.

De fil en aiguille, sa vie se retrouve rythmée par les soirées avec son frère et ses amis, les bières avalées pour étancher une soif plus psychologique que physiologique, et les demandes des familles pour retrouver une fille, une mère, une cousine… La jeune fille a parfois du mal à faire face à cet afflux de désespoir, chaque bouteille emplie de terre déposée devant sa porte étant synonyme d'une potentielle vision dévastatrice. On la rétribue pour ses services d'un genre particulier, mais chacune de ses visions lui coûte bien plus que ce que l'argent lui permet d'acheter.

Malgré les difficultés et un apparent immobilisme, lui faisant prendre la vie comme elle vient sans autre considération que le lendemain, Mangeterre avance, petit à petit, pour trouver sa voie dans une obscurité heureusement éclaircie par des touches d'espoir. Une fille retrouvée avant qu'il ne soit trop tard, une relation soeur/frère qui permet d'avancer dans l'adversité, une histoire d'amour, l'apprentissage de bonheurs simples que l'on savoure d'autant plus dans une société où la violence peut vite vous rattraper… Je ne me suis pas attachée à cette héroïne dont les sentiments les plus profonds ne sont pas réellement étayés ni dévoilés, mais j'ai été captivée par cette existence en suspens où mort et vie se rejoignent dans la terre.

Tout au long de ma lecture, j'ai également été frappée par la manière brute et symbolique à la fois dont l'autrice dénonce les féminicides, forçant chaque lecteur à faire face à l'indicible sans détourner le regard. Ainsi, quand Mangeterre voit, nous voyons avec elle ! Et nous ressentons tout, de la violence, à l'injustice, en passant par la peine et la vie qui s'écoule et rejoint une terre qui parle et qui a tellement à dire. Notre narratrice se fait son porte-parole et lui permet de souffler la vérité avant qu'elle ne finisse définitivement enterrée, emportant avec elle ses vils secrets, les coups donnés en toute impunité, les viols commis sous les rires, les blessures infligées sans aucun remord… En levant le voile sur les disparitions, bien qu'elle opte parfois pour un mensonge moins lourd à porter, Mangeterre offre aux familles la possibilité d'un deuil futur et aux victimes, une forme de justice.

Reste la question de vraie justice qui semble ici presque occultée, soit parce que le roman est trop court pour que la question soit abordée, soit parce que, comme en France, elle est loin d'être à la hauteur. Et puis, faudrait-il déjà que les forces de l'ordre prennent au sérieux les disparitions, ce qui ne semble pas vraiment être le cas ici. On comprend alors pourquoi autant de familles se tournent vers notre narratrice, dernier espoir avant leur désespoir… Mais n'est-ce pas là une responsabilité trop lourde à porter pour une jeune fille qui a elle-même perdu sa mère sous les coups d'un père violent et alcoolique, et une ancienne enseignante qui vient encore hanter ses rêves ?

Alors que ce roman n'entre pas vraiment dans mes habitudes de lecture, il a eu un effet hypnotique sur moi, un peu comme si Dolores Reyes m'avait envoûtée. La vulgarité de certains propos et la familiarité de la narratrice m'ont souvent gênée, bien que je reconnaisse que vu le contexte, elles soient fort à propos. Mais en parallèle, j'ai été captivée par l'atmosphère et ce réalisme magique qui nous permet de lire l'horreur tout en gardant notre esprit et notre coeur à l'abri des plus forts tourments. On ressent et on vit, mais on arrive à se protéger pour ne garder en soi que l'important, la force du message et l'implacabilité avec laquelle il est martelé.

Entre paroles crues, scènes presque animales et poésie évocatrice d'une plume vive et incisive, un roman qui interpelle et qui met brillamment en lumière une violence endémique dont les femmes sont les principales victimes. Par son essence empreinte de réalisme magique, et son contexte culturel qui s'oublie derrière la portée universelle, Mangeterre fait partie de ses livres inclassables, mais inoubliables.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Merci à la masse critique Babelio et aux éditions J'ai lu pour cet envoi.

Pouvoir revivre les derniers instants de quelqu'un en mangeant la terre qu'iel a foulée est un don particulier, une malédiction, possiblement mais ce n'est pas comme ça que le voit Mangeterre. Quand elle mange la terre, elle peut savoir ce qui est arrivé aux gens. Cela permet de les retrouver mais surtout d'apporter la mauvaise nouvelle aux personnes qui la sollicite pour avoir des nouvelles de disparus.
C'est la première fois que je lisais un roman Argentin. J'ai été intéressé par le principe de l'histoire et ai été impressionné par la dureté de la vie de cette jeune fille, qui devient femme au fil de l'aventure, et des épreuves et traumatismes qu'elle va devoir surpasser.
J'ai eu besoin d'un temps d'adaptation au vocabulaire employé, un peu chartier et argotique, mais qui colle parfaitement à l'ambiance du roman et à la situation de détresse des personnages.
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Un premier roman original qui nous vient d'Argentine avec une intrigue très accrocheuse. J'ai vite été fascinée par cette jeune femme surnommée "Mangeterre" qui a un don ou un fardeau au choix, en effet en ingérant de la terre, elle peut retrouver une personne disparue ou savoir si elle est morte et dans quel contexte... Mangeterre a très vite rencontrée la violence au sein de sa famille et elle se donne donc pour mission de sauver un maximum de victimes. Ce roman dénonce les violences faites aux femmes. J'ai dévoré ce texte, j'ai apprécié cette héroïne qui jure et qui picole, qui aide son prochain sans être une sainte, ainsi que l'utilisation du réalisme magique et d'un registre familier.
Mais voilà, j'en attendais plus : plus d'explication, plus de psychologie des personnages pour pouvoir plus s'y attacher. Je le conseille à tous ceux qui n'ont pas peur d'être déroutés et qui aiment les héroïnes un peu "Bad ass" et féministe !
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Soit je n'étais pas la cible, soit j'en attendais trop.

Les premières pages sont prenantes mais tout s'effondre rapidement.

La traduction est étrange et pose de sérieux problèmes. Impossible de se laisser transporter et de capter l'essence de l'héroïne ou son parcours.

Dommage.
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Alors qu'elle est encore une petite fille, celle que l'on appelle Mangeterre perd sa maman qui a été assassinée.
Elle a un don incroyable qui lui permet, lorsqu'elle mange de la terre d'avoir des visions de ce qui est arrivé à la personne reliée à cette terre.
Plus elle grandit et plus elle est sollicitée par des personnes cherchant à savoir ce qui est arrivé à leur proche. Il s'agit principalement de femmes dont le sort n'intéresse absolument pas la police qui ne fait jamais rien pour les retrouver.
Face à cette injustice, Mangeterre va faire tout ce qu'elle peut pour retrouver ces femmes.
Mais ce don n'est il pas une malédiction lorsqu'il s'empare à ce point d'une vie ?
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Bof. A partir d'une idée originale, ça part un peu dans tous les sens et ça n'aboutit nulle part. Ca manque de vraisemblance - pas seulement du fait que la narratrice ait des visions en mangeant de la terre, mais par exemple ce père qui débarque à la fin tel un deus ex machina et disparaît aussi sec... et de cohérence (les visions donnent accès aussi aux garçons morts...)
De plus la relation entre l'ado et le flic met mal à l'aise : idéalisée par la narratrice et pourtant tellement peu respectueuse de la jeune fille ! Enfin la traduction ne parvient pas à se faire oublier comme telle.
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Contre le meurtre par avidité, contre le féminicide banalisé, inventer un don de voyance passant par l'ingestion de terre, et en extraire une poésie punk et combattante.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/12/note-de-lecture-mangeterre-dolores-reyes/

Dans la série dessinée « iZombie » (2010-2012) de Chris Roberson et Michael Allred, et davantage encore dans la série télévisée (2015-2019) de Diane Ruggiero-Wright et Rob Thomas, qui s'en est souplement inspirée, Liv Moore, revenante bien malgré elle, en ingérant le cerveau cuisiné de victimes de morts violentes, revivait sous formes de flashes abrupts un certain nombre d'instants-clé de leurs vies, jusqu'à leur décès, permettant à ses partenaires policiers la résolution parfois presque comique d'un crime improbable, et construisant au fil des épisodes une métaphore particulièrement tragique de l'exploitation des minorités par un capitalisme toujours plus cynique. Avec « Mangeterre », premier roman publié en 2019 et traduit en 2020 par Isabelle Gugnon aux éditions de l'Observatoire, l'Argentine Dolores Reyes impose avec force et poésie paradoxale une jeune fille bien vivante dont le don de voyance surnaturelle passe par la mastication de la terre – guère nourricière malgré les apparences, même si Alexander Dickow, dans son « Premier souper », en a construit une extraordinaire variation -, et nous offre une saisissante mise en abîme des meurtres régulièrement produits, en Amérique Latine ou ailleurs, par une matrice solidement ancrée d'avidité et de mépris haineux des objets-femmes, à jeter après emploi. Poussant avec ferveur la puissance de la métaphore bien au-delà du raisonnable, pour notre plus grand bonheur de lectrice ou de lecteur, elle invente une curieuse poésie punk, âpre et cinglante, intime et fantastique, hors des sentiers battus de la dénonciation, trafiquant l'estomac instinctif pour mieux atteindre le cerveau conscient et politique de toute une chacune et tout un chacun.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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