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Critique de Pasoa


Pasoa
20 février 2024
Avec l'art de la calligraphie et de l'enluminure, que reste-t-il aujourd'hui de la poésie persane, de ce qui est sans doute l'expression la plus haute de la culture iranienne ?

Son origine qui remonte au Xème siècle n'est pas le fait que de savants et de lettrés, elle est aussi affaire des gens du peuple. Si elle relate les faits et gestes des dynasties qui ont fondé le grand empire perse, depuis plusieurs siècles, la poésie sert également à célébrer toutes les étapes de la vie, le quotidien et ses contraintes, l'actualité sociale du village et d'ailleurs, les slogans politiques, etc. tout est prétexte à écrire et à déclamer de la poésie.

La vitalité de la poésie iranienne vient de sa fidélité aux origines, aux grands poètes qu'ont été Ferdowsi et son Livre des Rois, Hafez, Khayyam et ses célèbres Quatrains, Aṭṭār auteur de la Conférence des Oiseaux ou encore le poète soufi Rûmî. Dans toute l'histoire littéraire iranienne, ce lien si particulier ne s'est jamais rompu. Encore aujourd'hui, les auteurs contemporains ne manquent pas dans leurs écrits, par le biais d'une allusion, d'une tournure de phrase ou quelques vers d'un poème, de faire mention de l'héritage laissé par les poètes anciens.

On le voit, la tradition de la poésie libertaire en Iran est ancienne. Elle se perpétue encore aujourd'hui. Nombre d'entre eux luttent ou se tiennent à distance du système totalitaire en place, qu'il soit social, religieux ou politique. Libertaire (azadeh en iranien) désigne quelqu'un maître de sa conduite et de sa pensée, libre de toute contrainte, de tout dogme. Il n'a rien du poète engagé.

J'étais curieux d'en savoir un peu plus sur les poètes libertaires iraniens, de découvrir leur singularité, un peu de leur poésie. En janvier 2016, la revue Bacchanales, co-éditée par la Maison de la Poésie Rhône-Alpes et le Temps des Cerises, a choisi de mettre en lumière quelques-uns de ces grands poètes et leur oeuvre.


Aux côtés de Nima Youchidj, Mehdi Akhavan Sales, Ahmad Chamlou, Houchang Ebtehadj, Simine Behbahani, Mohammad Reza Chafij Kadkani, grands noms de la poésie iranienne contemporaine, figure la grande poétesse Forough Farrokhzad dont j'avais découvert la très belle écriture en lisant l'Oeuvre poétique complète (éditée aux Lettres Persanes, 2017) et Saison froide (chez Arfuyen, 1996). Les autres auteurs présentés dans l'ouvrage m'étaient inconnus. Grâce à l'avant-propos, aux notes et aux belles notices rédigés par Reza Afchar Nadéri, j'ai avancé à leur rencontre, avec plaisir et curiosité. Malheureusement, comme souvent dans une anthologie poétique, cette rencontre fut de courte durée.

Le choix très restreint de poèmes par auteur-e (cinq ou six, pas d'avantage), une traduction qui m'a semblé plus servir l'objectif de la publication que le style particulier de chacun des poètes, et surtout l'impossibilité d'aller plus loin dans la découverte de ces auteurs (la plupart d'entre eux ne sont pas traduits en français) m'a laissé sur ma faim.

Cette anthologie a cependant le mérite d'exister, de rendre compte de l'influence de la poésie en Iran, de sa vitalité et de l'extraire de la vision assez étriquée que nous avons d'elle, celle d'une poésie teintée d'orientalisme et de mysticisme.

Je regrette que les maisons d'édition ne soient pas en France plus ambitieuses pour faire découvrir les grands noms de la poésie contemporaine d'un pays comme l'Iran, porteur d'une très grande tradition poétique. Dommage.

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