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EAN : 9782370710734
Le Temps des Cerises (13/01/2016)
3.67/5   3 notes
Résumé :
En Iran, la poésie libertaire a existé depuis toujours si l'on considère que Ferdowsi, auteur d'un Livre des rois (Chahnameh), au Xe siècle après Jésus Christ, a oeuvré durant une trentaine d'année pour libérer la langue persane du joug de l'envahisseur arabe. Une résistance autant culturelle que formelle qui vaut à l'Iran d'aujourd'hui de parler encore la langue perse héritée des ancêtres achéménides ou sassanides. Viennent ensuite d'autres générations de poètes ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avec l'art de la calligraphie et de l'enluminure, que reste-t-il aujourd'hui de la poésie persane, de ce qui est sans doute l'expression la plus haute de la culture iranienne ?

Son origine qui remonte au Xème siècle n'est pas le fait que de savants et de lettrés, elle est aussi affaire des gens du peuple. Si elle relate les faits et gestes des dynasties qui ont fondé le grand empire perse, depuis plusieurs siècles, la poésie sert également à célébrer toutes les étapes de la vie, le quotidien et ses contraintes, l'actualité sociale du village et d'ailleurs, les slogans politiques, etc. tout est prétexte à écrire et à déclamer de la poésie.

La vitalité de la poésie iranienne vient de sa fidélité aux origines, aux grands poètes qu'ont été Ferdowsi et son Livre des Rois, Hafez, Khayyam et ses célèbres Quatrains, Aṭṭār auteur de la Conférence des Oiseaux ou encore le poète soufi Rûmî. Dans toute l'histoire littéraire iranienne, ce lien si particulier ne s'est jamais rompu. Encore aujourd'hui, les auteurs contemporains ne manquent pas dans leurs écrits, par le biais d'une allusion, d'une tournure de phrase ou quelques vers d'un poème, de faire mention de l'héritage laissé par les poètes anciens.

On le voit, la tradition de la poésie libertaire en Iran est ancienne. Elle se perpétue encore aujourd'hui. Nombre d'entre eux luttent ou se tiennent à distance du système totalitaire en place, qu'il soit social, religieux ou politique. Libertaire (azadeh en iranien) désigne quelqu'un maître de sa conduite et de sa pensée, libre de toute contrainte, de tout dogme. Il n'a rien du poète engagé.

J'étais curieux d'en savoir un peu plus sur les poètes libertaires iraniens, de découvrir leur singularité, un peu de leur poésie. En janvier 2016, la revue Bacchanales, co-éditée par la Maison de la Poésie Rhône-Alpes et le Temps des Cerises, a choisi de mettre en lumière quelques-uns de ces grands poètes et leur oeuvre.


Aux côtés de Nima Youchidj, Mehdi Akhavan Sales, Ahmad Chamlou, Houchang Ebtehadj, Simine Behbahani, Mohammad Reza Chafij Kadkani, grands noms de la poésie iranienne contemporaine, figure la grande poétesse Forough Farrokhzad dont j'avais découvert la très belle écriture en lisant l'Oeuvre poétique complète (éditée aux Lettres Persanes, 2017) et Saison froide (chez Arfuyen, 1996). Les autres auteurs présentés dans l'ouvrage m'étaient inconnus. Grâce à l'avant-propos, aux notes et aux belles notices rédigés par Reza Afchar Nadéri, j'ai avancé à leur rencontre, avec plaisir et curiosité. Malheureusement, comme souvent dans une anthologie poétique, cette rencontre fut de courte durée.

Le choix très restreint de poèmes par auteur-e (cinq ou six, pas d'avantage), une traduction qui m'a semblé plus servir l'objectif de la publication que le style particulier de chacun des poètes, et surtout l'impossibilité d'aller plus loin dans la découverte de ces auteurs (la plupart d'entre eux ne sont pas traduits en français) m'a laissé sur ma faim.

Cette anthologie a cependant le mérite d'exister, de rendre compte de l'influence de la poésie en Iran, de sa vitalité et de l'extraire de la vision assez étriquée que nous avons d'elle, celle d'une poésie teintée d'orientalisme et de mysticisme.

Je regrette que les maisons d'édition ne soient pas en France plus ambitieuses pour faire découvrir les grands noms de la poésie contemporaine d'un pays comme l'Iran, porteur d'une très grande tradition poétique. Dommage.

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Reza Afchar Naderi

Vous soulignez la particularité de la poésie iranienne, « partie intégrante de l’ADN perse », qui irrigue la vie quotidienne, civile, politique et culturelle. Qu’est-ce qui explique la persistance inégalée — y compris chez la jeunesse — de cette passion ?

La poésie accompagne les Iraniens dans leur quotidien depuis plus d’un millénaire. Ferdowsî, le chantre de l’iranité, né au Xe siècle, a composé une épopée nationale en 60 000 distiques (120 000 vers) ; les Iraniens se sont emparés de cette somme poétique, rédigée en « pur parler persan », pour marquer leur différence face à l’envahisseur arabe et la domination islamique. Aujourd’hui encore, les vers de Ferdowsî sont sur toutes les lèvres persanes — toutes générations confondues. La persistance de la forme poétique dans l’âme perse s’explique peut-être par le besoin d’un ciment artistique réfractaire à travers les siècles, puisé dans un patrimoine considérable, afin de résister à des siècles de tyrannie. Si, comme l’affirme André Gide, « l’art naît de contrainte », les despotismes successifs n’auront pas manqué d’affûter sans cesse l’art persan de la poésie… par la force des choses. Il me semble que la « persistance » de cette « passion » poétique que vous évoquez provient de ce que la poésie, étant immatérielle, cryptée, concise, insaisissable, s’installe mieux que toute autre forme d’art dans les maquis artistiques de la résistance.

Vous expliquez aussi que la traduction de la poésie persane « ne saurait faire l’économie d’un décryptage systématique de sa charge politique et sociale ». La figure de Simine Behbahani est sans doute la plus inspirante de ce point de vue, dans la galerie que vous présentez. La poésie persane est-elle donc fondamentalement engagée ?

La figure de Simine Behbahani, de même que les personnalités d’Ahmad Shamlou, Mehdi Akhavan-Sales ou encore Houchang Ebtehadj, emploient toutes le recours au sens caché. Les Iraniens qui rencontrent, dans leurs écrits, les vocables « hiver » ou « rose » savent bien que la référence est politique, qu’elle renvoie à des événements et à des dates bien précises de l’Histoire contemporaine, à des traumatismes et à des soubresauts qui ont marqué l’époque. La poésie persane ne souffre pas les jeux formels. Car elle est un viatique sur le chemin de la survie mentale et physique de ceux qui la composent, la lisent, la partagent. Là où les pays démocratiques ne voient plus l’importance vitale de cet art et en font usage ludique dans leurs bacs à sable culturels, comme un loisir parmi d’autres. Je dirais donc que la poésie persane, celle incarnée par la pléiade présente dans cette anthologie, est essentiellement engagée. Mais j’ai employé, plus précisément, le terme « libertaire » car l’engagement politique n’est pas toujours porteur d’indépendance et de lucidité humaniste pour ceux qui le pratiquent. Quant aux poètes persans s’adonnant aux prouesses esthétisantes, s’il en existe, ils demeurent invisibles pour la grande majorité des lecteurs. De même qu’au plus fort de la tempête, on fixe du regard l’homme qui tente de redresser la barre, plutôt que celui qui dépose des fleurs dans votre cabine.

Deux grandes tendances interprétatives s’affrontent souvent à propos des grands poètes classiques persans : certains les ramènent à une forme de mystique symbolique et considèrent qu’en parlant d’ivresse ou d’amour ils n’emploient, en fait, que des métaphores pour signifier le rapport au divin (dans une interprétation soufie) ; d’autres défendent au contraire une vision résolument épicurienne et matérialiste de cette poésie. Où se situent aujourd’hui les poètes contemporains que vous présentez ?

J’ai envie de vous répondre que leur rapport avec la poésie est inévitablement matérialiste, ancré dans l’immanence. Même si Chafii Kadkani a établi une édition critique du Langage des oiseaux du mystique Farid ed-Din Attar — ce qui ne l’empêche pas de faire revivre les vers de Saadi, de Chiraz, à travers ses propres poèmes. Le rapport à l’autre, immanent et social, est toujours là. Chamlou, lui, fait revivre Hafez à travers une édition portant son empreinte. Quant à Khayyam, il est omniprésent à travers tout poème amoureux rendant justice aux bienfaits de ce monde, à travers le séjour transitoire qui est le nôtre. Je pense en premier à Forough Farrokhzad, la plus sulfureuse et la plus passionnée. Simine Behbahani, toute poétesse nationale qu’elle soit, fait la part belle à la séduction et à la joie de vivre (« Ah j’ai aimé »), et ce jusqu’à l’âge le plus avancé qu’il soit permis de vivre (« La vieille Ève »). La forme antique du ghazal, poème lyrique par excellence, est toujours à l’honneur — d’un poète à l’autre. Il existe, bien entendu, comme vous le mentionnez, une tendance mystique et une tendance matérialiste dans la poésie persane. La première mieux connue, hélas, que la seconde… Cette dernière est pratiquement inconnue en France, où une caste d’éditeurs et d’universitaires se complaît surtout à promouvoir la vieille tradition soufie, sur fond de méditation transcendantale et de danses extatiques de derviches tourneurs… Nous avons là affaire à une sorte de tourisme orientalisant dans un ailleurs atemporel. Comme si la modernité poétique devait demeurer du seul ressort de l’Occident alors que la mystique, sous son jour poétique, serait issue essentiellement d’un Orient que l’on voudrait hors du temps, occupé aux pratiques méditatives. Aussi, je souhaite que cette anthologie aide à déciller quelque peu les regards de ceux et celles qui nourrissent ici, en France, des représentations toutes faites de la poésie persane. Et qu’elle montre le chemin de la vraie modernité dans le champ poétique. Celle qui s’appuie sur les acquis patrimoniaux.
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Reza Afchar Naderi


Vous retournez régulièrement dans votre pays de naissance et connaissez bien sa « scène artistique ». Dans quelles mesures est-il possible d’écrire, de dire et de publier de la poésie librement en Iran ?

La poésie, dès qu’elle touche des privilèges, des dogmes, des valeurs établies, devient une menace pour son auteur, en Iran comme en France. Toutes proportions gardées, certes. Mais il suffit qu’un poème « balance » un nom ou un statut synonymes d’abus ou d’injustice, pour que le poète se retrouve dans la ligne de mire des détenteurs du pouvoir. La poésie libertaire d’Iran a vécu et vit toujours des moments difficiles. Il existe dans ce pays des lieux pour la poésie officielle et d’autres espaces, tolérés, attirant un public considérable. Naturellement, les médias qui s’en font l’écho sont ceux de la Toile. Les pages Facebook et le site YouTube en premier. Mais, en tant que citoyen ayant choisi la nationalité française depuis un bon nombre d’années, je ne peux vous répondre sur ce point sans pointer en même temps l’indigence de la poésie dans mon pays d’adoption, dès que l’on touche la sphère sociale et politique. En effet, au pays de Molière — ce Charlie avant la lettre —, les poètes brillent désormais par leur silence face aux abus de l’État et de ses institutions. Ils se tiennent dans les limites des grandes déclarations de principes et annoncent tous les jours qu’il faut « décréter l’état d’urgence poétique » ! Étant moi-même héritier, de par mes origines, d’une tradition poétique de luttes pétrie de chair et de sang, je trouve ces accents déplorables dans leur répétition et leur vacuité.

Vous vous intéressez beaucoup à la question de la forme poétique, considérant qu’il doit y avoir une « survie dynamique d’un patrimoine antique à l’intérieur d’une révolution formelle » : ce qui fait pour vous la force des poètes persans qui connaissent littéralement par cœur les grands classiques, avant même de se permettre des libertés avec la métrique. Vous citez Aragon comme le dernier des poètes français qui aurait réussi ce tour de force d’incarner l’esprit d’un peuple et d’une langue tout en réinventant la sienne. Mais quelle leçon en tirez-vous pour la poésie française ? Comment se réapproprier une tradition évanouie ? Les Iraniens disent du Hafez quand personne, en France, ne rêve plus de la poésie de Villon…

En effet. Les Français n’ont pas fait le travail qu’ils auraient dû faire il y a un demi-siècle, quand Aragon portait encore le flambeau. Facilité ? Paresse ? Sentiment de supériorité culturelle ? Certitude que tout a déjà été dit et qu’on se repose sur un héritage qui, aujourd’hui, a sombré dans les manuels d’histoire littéraire ? Fascination pour une (fausse) modernité qui fait de l’art une discipline cultivée « hors-sol » ? Dans son Crève-cœur, Aragon disait qu’il « n’est pas vrai qu’il n’est point de rimes nouvelles dans un monde nouveau ». Or nous assistons, dans cette deuxième décennie du XXIe siècle, à une absence totale de règles poétiques s’inscrivant dans la continuité de la grande poésie française — celle de Villon, de Boileau ou de Baudelaire. La règle est devenue celle de la non-règle. Avec son cortège d’absurdités, de jeux formels vides de sens, de mots d’ordre sans conséquences et d’ennui mortifère. Vous me demandez comment se réapproprier la tradition évanouie, cultivée jadis par les grands noms de la poésie française ? Écoutez plutôt ce qui se dit en ce moment autour de nous, dans les médias et sur les forums de discussion depuis les attentats du 7 janvier 2015. Jamais la nécessité d’une appartenance à l’identité française n’a semblé aussi sensible. Peut-être que ce traumatisme national donnera enfin le coup d’envoi (bien cher payé, il est vrai) d’une adéquation entre les racines culturelles de la France et la production artistique contemporaine — celle-ci s’avérant profondément gangrenée. Peut-être que ce pays auquel je tiens tant saura éviter de sombrer encore plus (je pèse mes mots) dans la décadence culturelle où il est bien engagé.

On connaît mieux, en France, le cinéma iranien que la poésie ou la littérature contemporaine iraniennes. Mais ce cinéma lui-même n’est-il pas porteur d’une charge à la fois poétique et contestataire ? C’est bien le vers d’un poème de Forrough Farrokhzad qui donne son titre à un film de Kiarostami, Le Vent nous emportera…

Le cinéma iranien, mondialement connu, est en effet un modèle de subversion, qui emploie les ressorts du registre poétique. Mais la poésie demeure en Iran le genre majeur, loin devant toutes les autres formes d’expression artistique. Si elle est moins connue que le cinéma, c’est parce que les traductions en français de la poésie persane sont souvent de facture moyenne. Pour ne pas dire médiocre. De surcroît, le cinéma, art visuel, peut se permettre une certaine économie du langage écrit ou parlé. Cependant, le langage poétique ne manque pas de prendre ses aises dans le cinéma iranien, car les réalisateurs issus du pays de Saadi et de Hafez ne sont pas moins imprégnés de poésie que le reste de la population. Je pense en particulier à Dariuch Mehrdjouï, icône du cinéma iranien, dont les réalisations campent régulièrement des personnages au verbe haut et coloré déclamant des poèmes d’un bout à l’autre de ses films. Pour l’apprécier, je vous suggère de regarder Le Poirier, Monsieur le Benêt ou encore Téhéran, Téhéran.
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Nahid Kabiri



L'homme qui est descendu de la pluie
Pourquoi tu regardes les étoiles?
Le message d'un jardin millénaire
n'atteindra pas la source volante;
le ciel
est bien lointain que vous ne croyez,
le pauvre mûrier
a souffert et a tant de soif
que toute son existence a chuté
goutte
à goutte
sur le sol aride;
et maintenant son tronc mort,
est le recours des fourmis et des abeilles sans vergogne.
Parmi la mousse,
j'ai perdu la mémoire d'un homme qui descendait de la pluie
dans un ruisseau errant et silencieux,
de la même manière que je me perdais
dans une rue bondée et éclairée;
J'ai porté
le rêve d'un homme qui descendait de la pluie,
chaque soir
avec des cigarettes, du pain et des raisins
dans ma maison
et derrière des fenêtres fermées je l'interrogeais:
"Dis, quelles sont les nouvelles?".
Mais le rêve de l'homme qui est descendu de la pluie
n'a jamais su
qu'il m'encourageait ...

Au carrefour du bruit, du mensonge et de la bassesse,
j'ai crié: "O ...,
sommes-nous vivants ou morts?"
et j'ai transféré la froideur de mes mains
dans mes poches vides.

Dans la rue
il n'y avait personne
pour que je puisse livrer
mon chagrin de solitude pour lui ...
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Reza Afchar Naderi

Vous vous intéressez beaucoup à la question de la forme poétique, considérant qu’il doit y avoir une « survie dynamique d’un patrimoine antique à l’intérieur d’une révolution formelle » : ce qui fait pour vous la force des poètes persans qui connaissent littéralement par cœur les grands classiques, avant même de se permettre des libertés avec la métrique. Vous citez Aragon comme le dernier des poètes français qui aurait réussi ce tour de force d’incarner l’esprit d’un peuple et d’une langue tout en réinventant la sienne. Mais quelle leçon en tirez-vous pour la poésie française ? Comment se réapproprier une tradition évanouie ? Les Iraniens disent du Hafez quand personne, en France, ne rêve plus de la poésie de Villon…

En effet. Les Français n’ont pas fait le travail qu’ils auraient dû faire il y a un demi-siècle, quand Aragon portait encore le flambeau. Facilité ? Paresse ? Sentiment de supériorité culturelle ? Certitude que tout a déjà été dit et qu’on se repose sur un héritage qui, aujourd’hui, a sombré dans les manuels d’histoire littéraire ? Fascination pour une (fausse) modernité qui fait de l’art une discipline cultivée « hors-sol » ? Dans son Crève-cœur, Aragon disait qu’il « n’est pas vrai qu’il n’est point de rimes nouvelles dans un monde nouveau ». Or nous assistons, dans cette deuxième décennie du XXIe siècle, à une absence totale de règles poétiques s’inscrivant dans la continuité de la grande poésie française — celle de Villon, de Boileau ou de Baudelaire. La règle est devenue celle de la non-règle. Avec son cortège d’absurdités, de jeux formels vides de sens, de mots d’ordre sans conséquences et d’ennui mortifère. Vous me demandez comment se réapproprier la tradition évanouie, cultivée jadis par les grands noms de la poésie française ? Écoutez plutôt ce qui se dit en ce moment autour de nous, dans les médias et sur les forums de discussion depuis les attentats du 7 janvier 2015. Jamais la nécessité d’une appartenance à l’identité française n’a semblé aussi sensible. Peut-être que ce traumatisme national donnera enfin le coup d’envoi (bien cher payé, il est vrai) d’une adéquation entre les racines culturelles de la France et la production artistique contemporaine — celle-ci s’avérant profondément gangrenée. Peut-être que ce pays auquel je tiens tant saura éviter de sombrer encore plus (je pèse mes mots) dans la décadence culturelle où il est bien engagé.
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Nâhid Kabiri
* 24.11.1950, Kermanshah, Iran
habite à: Téhéran, Iran

Ni moineaux, ni canaris
Je vous couperai du cordon ombilical
De mes jours passés, peu importe -
Que ce soit de bons jours heureux,
Ou des jours sombres de tristesse -
Comme maintenant les couleurs fascinantes là-bas -
À travers la rivière qui se sépare -
Me fait signe dans une tentation saisissante!
Et je m'ennuie
tellement avec autant de scènes noires déprimantes ici!
٭ ٭ ٭ Les
yeux sont pour contempler les beautés:
Les tournesols avoisinant les rizières
Résonnent un murmure chaleureux et mélodieux
Tout jaune; tout l'or!
Ou le calme qui coule et le reflux des vagues fraîches de la mer -
Bleu, bleu! - Un
bleu si apaisant!
٭ ٭ ٭
Je veux devenir vert comme un grain de blé
Que les Perses amoureux de la nature grandissent
Dans un plat quelques jours avant l'heureux événement
de la Saint-Sylvestre,
Ou tout comme ces gouttes rouges d'amour,
Devenant plus chaudes et plus rouges,
Et encore plus rouge - rouge fou!
A chaque pluie de pluie j'entends
Et à chaque fois le vent audacieux me parle en intimité
De loin ou de près!
٭ ٭ ٭ La
patience et la modération sont inutiles
Avec l'admiration.
Oui mon cher !
C'est pourquoi, en tant que «l'oiseau du soleil, de l'amour et du gagne-pain»,
je ne me pavane pas dans les rues amassées de vanité
Et j'évite les tristes promenades où les
poètes ont mis en vente leurs poèmes sans lecteurs
Sur les tristes stands ici et là! …
٭ ٭ ٭
La ville est vide de tous les gazouillis heureux,
pas de moineaux ni de canaris ici!
Seulement quelques corbeaux
Coassant de temps en temps sur les branches nues des arbres
Une nostalgie dans leur coassement!
٭ ٭ ٭
Tu verras comment je vais m'arracher
Des rideaux épais et des draps couverts de maladie
De cet hôpital noir!
Et avec incrédulité, vous verrez
que je n'écouterai pas le feu rouge
ou les sifflets embarrassés de la police de la circulation,
et j'irai
Déterminé et résolu -
Mon peigne, mon rouge
Et ma fiole de parfum cassée,
Tous avec moi dans le intrusion!
٭ ٭ ٭
Ne vous inquiétez pas pour moi:
Je donnerai naissance à mon bébé
À l'abri des épaisses récoltes de blé
Là-bas,
Sur l'or de l'autre aile du soleil!

Traduit par Kambiz Parsai
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