Une immense tristesse m'envahit. La perspective d'être séparée de ces femmes et de ces hommes qui m'ont sauvée n'est pas envisageable.
En six semaines, chacun est devenu un membre de ce qui forme désormais une nouvelle famille. Ils savent tout de moi, et je les ai découverts, un à un, avec passion. Je leur dois la vie, et je partage la leur avec tout ce qui me reste de tendresse et d'affection.
Comment leur rendre une part, même infime, de ce qu'ils m'ont donné?
Mais mon déni demeurait plus fort que mes inquiétudes. Je me racontais des histoires. Je me disais que c'était mon asthme d'enfant qui revenait, qu'il suffirait d'un peu de Ventoline
Jje me suis habituée à la succession des bonnes et des mauvaises nouvelles. J'ai ppris à me méfier des premières car elles ont immédiatement suivies des secondes.
Vivre, oui, bien sûr, mais à quel prix? Tant de souffrances, de malaises, d'heures sacrifiées, de libertés étouffées, de limites infranchissables, de contraintes inhumaines, monstrueuses.
Ma vie sans moi. j'avais eu un pressentiment, il y a un an, mais mon esprit avait tout envoyé valdinguer. Trop tôt ou trop tard, peu importe, je voudrais juste que cette musique cesse, que les images qui se superposent s'effacent.
Nous avions vu notre mère en dialyse pendant vingt-cinq ans. Ce n’était pas une illusion. Elle recevait chez elle, dans son lit, accrochée à sa machine. Comment l’oublier ? Comment ne pas imaginer que cela nous frapperait à notre tour ?
Ma vie sans moi. j'avais eu un pressentiment, il y a un an, mais mon esprit avait tout envoyé valdinguer. Trop tôt ou trop tard, peu importe, je voudrais juste que cette musique cess, que les images qui se superposent s'effacent.