Nous sentons qu'au fond de nous-mêmes, notre mort s'apprête, parce que nous ne pouvons faire la preuve essentielle de notre vie.
Le bois du lit craqua et elle eut la respiration coupée au moment où elle posa la main sur le loquet. Dans les escaliers, elle devint plus leste. Elle était dans le jardin. Les fusains faisaient de grosses touffes de noir. La corde de la balançoire de Georget pendait dans l'air, immobile, et sous le houblon luisait un petit point rouge, comme une étoile qui se serait prise dans ces lianes enchevêtrées. De temps en temps son éclat devenait plus vif et l'on voyait un visage pâle et osseux dont les yeux scintillaient.
" Lorsqu’elle voyait un homme, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer son sexe. Elle ne pensait qu’à l’amour, qu’aux gestes de l’amour, qu’aux douleurs de la passion. Elle aimait éperdument. Une seconde jeunesse la saisissait (…) Elle aurait voulu pouvoir se confier à quelqu’un, demander des conseils… Tout le monde semblait ignorer, dans le village, le mal dont elle souffrait. Pourtant, ces jeunes femmes dont les hommes étaient partis se battre, comment faisaient-elles? "
Il est long et douloureux quelquefois de déshabituer le corps d'un corps qui, depuis longtemps, a pris sa forme.
"...En elle, l'extrême joie voisinait avec l'extrême douleur. Une vague souffrance lui serrait le coeur. Elle souffrait de quoi ?
Elle n'aurait pu le dire mais tant de souffrance la déchirait...
...L'amour ou plus exactement le besoin d'être aimée, de sentir une autre chair que la sienne sous sa main l'aveuglait.
Il semble que, au moment, où le corps va être satisfait, il exaspère ses besoins..."