Entre 1920 et 1926, la jeune Anita Forrer a entretenu une correspondance avec
Rainer Maria Rilke. Dans ses lettres nous découvrons les tourments d'une jeune femme pas en phase avec son époque et pleine de questions sur la vie, sur ses ressentis.
1920-1926 ce sont aussi les dernières années de
Rilke, des années marquées par le poids laissé par la guerre, des années de doutes et de difficultés matérielles.
Évidemment impossible pour moi de ne pas comparer cet ouvrage à "
Lettres a un jeune poète" tant le concept est similaire et tant j'avais adoré ces dernières.
Si la plume de
Rilke est toujours aussi belle et que plusieurs idées se retrouvent comme celle qu'un grand changement ne peut venir que de soi, que forcer les choses ne mène à rien ou que l'adversité conduit à l'élévation, j'ai trouvé cette correspondance moins universelle, plus intime et maternante. Il semble que
Rilke s'implique plus personnellement dans ses conseils. Il m'a donné l'impression d'être un guide spirituel, un psy parfois, alors que j'avais plus ressenti un philosophe dans "
Lettres à un jeune poete". Est-ce lié à la condition féminine et à la jeunesse de la destinataire ou à la maturité de
Rilke ?
"
Lettres à une jeune poétesse" a l'avantage de présenter toutes les lettres, pas seulement les réponses de
Rilke. Cette correspondance complète permet de vraiment entrer dans l'intimité de l'échange et j'ai apprécié en apprendre plus sur l'homme et voir se dessiner l'évolution d'Anita au fil du temps. Certes, les conseils de
Rilke m'ont moins fait méditer que dans son échange avec Franz Kappus mais ils permettent d'appréhender ce grand nom de la littérature autrement.
Ce fut une belle découverte, je remercie Babelio et les éditions Bouquins dont je salue le travail. L'objet livre est magnifique et les nombreuses notes de bas de pages enrichissent vraiment l'ouvrage.