Alizés

Le jour s'allongeait jusqu'à égaler la nuit. Septembre balayait des premières pluies de l'équinoxe les feuillages et les sols assoiffés qui avaient tiré, pendant la sécheresse leur subsistance et leur fécondité de la moiteur diffuse des cours d'eau.

La foi, la légende si vous préférez, a un but unique : le triomphe de la vie sur la mort.

Le peuple, livré à lui-même va, par une terrible nécessité du désordre, sur le chemin de sa perdition.

Il n'y avait pas un souffle de vent. Les voiles s'affaissaient, languides, le long des mâts ou des étais. Cependant l'air vibrait, jetant une sorte de gaze déformante devant le regard, comme si on pouvait percevoir le mouvement de ses molécules surchauffées, et laissant au fond de l'oreille un agacement sans timbre, discret et continu. Le pont brûlait les pieds. Sous le roof, dans les cabines, le salon, la cuisine, la chambre de navigation et les cales transformés en étuve, la chaleur exprimait des bois précieux une odeur entêtante et lourde d'essence et de cire qui s'insinuait partout. L'océan aplati comme une mare prenait une couleur de plomb affreuse à voir.

Le savoir a un avantage. Il permet d’agir mieux sur les choses.