AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Merlin (31)

J'ai ainsi éprouvé que la fermeté de l'âme ne s'accorde que rare¬ment avec celle de l'esprit, car l'esprit calcule et veut savoir quoi qu'il en coûte, tandis que l'âme rêve et s'épouvante des découvertes de l'esprit qui ruinent son idéal de plaisir et d'éternité.
- De quoi as-tu peur, petite Morgane ? Du fait que le foyer peut avoir plus d'importance que les êtres qui viennent s'y chauffer ?
Commenter  J’apprécie          10
- La fin d'une vie n'est pas la fin des temps, Morgane, et la mort d'un homme n'est pas la mort de l'homme.
- Que m'importe, à moi, que l'homme dure ? dit-elle avec colère. Ce qui compte est moi, et non l'homme. Je le déteste. C'est un esclave qui se résigne à son sort, acceptant pour se rassurer toutes les sottises sur l'éternité que lui servent les illuminés et les charlatans. Ces sornettes d'après la mort, avec un paradis ou un enfer dans le ciel, sous la terre et je ne sais où encore, et des dieux grotesques ou vains comme ceux des Grecs et des Égyptiens, cruels comme ceux des Phéniciens ou des Carthaginois, absents comme celui des juifs ou bien fous comme celui des chrétiens. Une cohue de dieux qui ne révèlent que la sottise, la folie ou la perversité de leurs inventeurs. Crois-tu que je me satisfais, moi, Morgane, d'être continuée par cet homme-là, dont la seule permanence est celle de sa stupidité ? La fin d'un être est pour lui-même la fin de toute chose, et la mort ne peut être ces contes ridicules, mais la peur, le froid et la nuit.
- Il faut essayer de construire avec son esprit et ses mains un rempart contre le froid et la nuit, un édifice dans le vide. Il faut essayer, sans relâche. C'est le devoir absolu de l'être qui a reçu en partage la conscience, l'imagination et la prévision. Si cette tentative engendre sottise ou folie, qu'importé. Et il faut vaincre la peur. C'est une question de dignité. La permanence de l'homme que tu méprises n'est autre que la permanence de cet état d'âme. C'est cela, le lien et l'héritage des individualités naissant et mourant dans une solitude que tu redoutes. C'est cela, et non la permanence d'une seule chair que tu désires inchangée, d'un seul esprit que tu souhaites à jamais intact, même si cette chair et cet esprit additionnés de fatuité et d'orgueil appartiennent au petit être le plus beau, le plus subtil et le plus indiscipliné qui soit sous le soleil. Et sans doute n'est-il pas outrecuidant de demander, même à une telle merveille de la création, un peu de cette dignité dont je parlais. »
Commenter  J’apprécie          10
sans l'action le songe est creux, et sans le songe, frère de l'idéal, l'action est vaine.
Commenter  J’apprécie          10
Mais dans toute invention, il y a un leurre, et la recherche de la vérité même passe par l'illusion. Comment autrement persuader le faible qu'il a des droits, le fort qu'il a des devoirs, et tous deux que ces droits de l'un qui sont les devoirs de l'autre leur donnent le même poids et la même mesure ?
Commenter  J’apprécie          10
Mais j'ai compris ceci : le pouvoir exige la férocité. Tout ce qui vit est à jamais en guerre.
Commenter  J’apprécie          10
Ici, Merlin n'est ni un enchanteur ni un devin, mais un philosophe et un homme d'État, un « faiseur de rois » qui agit dans l'ombre et façonne un univers selon ses vues. C'est la légende soumise aux exigences de l'histoire, l'histoire demeurant le terreau où naît et s'épanouit la légende. C'est avant tout une parabole sur la création et la destruction, sur l'utopie politique et poétique de la pesanteur du réel qui contient en principe la mort inéluctable de la chair et de l'idée. Un conte d'éclosion et de deuil.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai cent ans. Un siècle est une éternité à vivre et, après qu'on l'a vécu, une pensée fugitive où tout, les commencements, la conscience, l'invention et l'échec, se ramasse en une expérience sans durée. Je porte le deuil d'un monde et de tous ceux qui l'ont peuplé. J'en suis le seul survivant. Dieu lui-même se meurt, et Satan ne va guère mieux. Cet ancien désir d'absolu, qui m'a toujours poussé à agir, rencontre enfin dans l'inaction un objet indiscutable, et c'est l'absolu de la solitude. Idéal de plomb. Peut-être ici la discrétion et la modestie ne sont-elles pas convenables. Je dois dire sans doute : j'ai créé un monde, et il est mort. Ce qu'il y a de divin dans cette prétention est tempéré par son résultat, qui est un cadavre, et les deux sens du mot « vanité » s'annulent pour donner un à-peu-près de néant où je finis.
Commenter  J’apprécie          20
"Rois et chefs, leur dis-je [Merlin], vous avez été choisis pour siéger à cette table parce que vous êtes des hommes de pouvoir. Vous n'en connaissez que les causes simples, vaincre ou être vaincu, et les effets élémentaires, l'autorité ou la servitude, la possession ou la privation, la jouissance ou la mort. Les bêtes sauvages en savent autant, et en cela vous ne vous distinguez pas d'elles, car la conscience qui a été donnée à l'homme ne vous sert qu'à aggraver, par les calculs de l'intelligence, la férocité naturelle et universelle, ce qui fait que la domination, l'agressivité, l'antagonisme, la ruse, la chasse et le meurtre, qui sont les lois de la matière, deviennent le despotisme, la cruauté, la haine, la trahison, la guerre et le massacre, qui sont les lois de l'esprit au service de la matière. Mais vous avez été choisis aussi parce que vous passez pour justes et loyaux aux yeux de vos peuples et que, enfants hybrides du chaos et de la pensée, à cause de ce qu'il y a en vous d'ordre divin enfoui dans l'arbitraire et la violence, vous pourrez peut-être établir un nouveau pouvoir, un pouvoir qui ne sera plus au service de l'homme qui le détient, mais au service de l'homme en général, et qui fera plier le roi lui-même, quels que soient ses vertus et ses vices. La guerre ne fait que commencer. Mais ce n'est plus la guerre d'une ambition contre une autre. C'est la guerre du droit contre la force, de la lumière contre l'obscurité, de l'esprit contre la nature, de Satan contre l'ignorance et de Dieu contre sa propre création. Vous êtes des instruments de mort, et je ferai de vous des instruments d'éternité. Vous êtes la nuit, et vous serez un jour sans fin. Vous êtes le vide, et vous serez le sens du monde et sa conscience. Vous êtes l'âge de fer, et vous préparez la venu d'un âge d'or qui selon moi n'a jamais été, mais qui, par vous, pourra être. Vous sera tout cela parce que, dés à présent, vous êtes la Table Ronde."
Commenter  J’apprécie          60
Le mépris de tes soldats est plus dangereux que l'acharnement de l'ennemi.
Commenter  J’apprécie          40
Il n'y a pas de différence apparente entre un homme sincère et un menteur habile.
Commenter  J’apprécie          160






    Lecteurs (184) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1726 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}