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Critique de Sachenka


J'ai été très ému par la lecture du roman La raconteuse de films, beaucoup plus que je ne l'aurais cru. Pourtant, je n'avais pas d'attente particulière par rapport à ce bouquin, je l'ai choisi par hasard à la bibliothèque. Comme quoi, parfois, le hasard fait bien les choses. le titre était pas mal et, dès la première page, j'ai su que j'avais entre les mains une histoire spéciale. « Nous sommes faits de la même matière que les films. » Cette phrase en exergue, reprise d'une parole d'un des personnages, et qui reprend à son tour presque mot pour mot une autre, vraie, de Shakespeare (si on remplace films par rêves) elle donne le ton. Et elle s'applique tellement bien à l'oeuvre.

Hernan Rivera Letelier présente d'emblée un univers, une famille pauvre, très pauvre dans un village de mineurs chiliens d'une autre époque. Les années 1950? Un père paralysé, vivant de sa pension pour invalides, et une mère trop jeune s'étant envolée récemment, dès qu'une occasion s'était présentée, laissant derrière quatre grands garçons et une fillette de dix ans plutôt développée pour son âge. Tout ce beau monde vit dans un trois pièces fait de tôles. Leur situation n'est pas présentée dans des détails morbides ni d'emblée mais petit à petit. C'est peut-être ce qui fait en sorte que leur pauvreté ne frappe pas. On ne tombe pas dans le misérabilisme.

En plein milieu du désert d'Atacama, les mineurs et leurs familles vivent de peu et s'en contentent. En effet, ils trouvent le moyen de rendre le quotidien supportable et, parfois, magique. Par exemple, quand l'argent manque pour permettre à chacun d'aller au cinéma, l'on envoie l'un deux pour assister à la projection et revenir raconter le film au reste de la famille. C'est ainsi que la cadette Maria Margarita mérite son surnom de raconteuse de films qui, incidemment, donne son titre au livre. Non seulement elle résume les histoires mais elle les enjolive, ajoutant moult détails, permettant à tous de les visualiser comme s'ils y étaient. « Pendant que je racontais – gesticulant, brassant l'air, changeant de voix –, je me dédoublais, me transformais, je devenais chacun des personnages. » (p. 43). C'est le début d'une aventure nouvelle.

J'y ai cru, à l'histoire de Maria Margarita. Si simple, si belle, si poétique malgré la rudesse de la vie dans ce village reculé du Chili. Je me suis laissé emporter par ses délires enfantins, ses rêves qui lui permettait de survivre dans son trou à rats. D'y trouver sa place. Puis la marche du temps fait son oeuvre. Ainsi, quand j'ai refermé le livre, tout avait été dit. Pourtant, j'en redemandais. L'écriture de Rivera me rappelle celle d'Antonio Skarmeta que j'adore énormément. Une écriture pleine d'humanité, de destins ordinaires et exceptionnels à la fois, plein de promesses et de revers. Comme la vie elle-même. Bref, je recommande vivement La raconteuse de films.
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