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Critique de Eric75


Tom Rob Smith boucle sa trilogie « Leo Demidov » avec Agent 6. Loin de s'inscrire dans le prolongement chronologique des deux précédents romans, la trame d'Agent 6 englobe une période élargie allant de 1950 à 1981, c'est donc tout le parcours de Leo Demidov, de Moscou à New-York en passant par Kaboul et Peshawar qui est retracé ici, exceptés les épisodes de sa vie racontés dans Enfant 44 et Kolyma, les romans précédents ; chaque livre peut donc être lu séparément.
La carrière mouvementée de Leo oscille entre périodes de gloire et de disgrâce. Communiste convaincu et fonctionnaire zélé du régime soviétique, ses convictions politiques vont évoluer au fil du temps. Officier du MGB sous Staline, conseiller politique et instructeur en Afghanistan sous Brejnev, il a également connu quelques traversées du désert (au propre comme au figuré). Mais trop en dire conduirait à dévoiler une partie de l'intrigue.
La vie privée de Leo est tout aussi compliquée. Une jolie femme, Raïssa, et deux filles adoptives, Zoya et Elena, composent sa famille que nous connaissons déjà à travers les précédents romans. Léo veut être un bon mari et un bon père de famille. Mais sa profession et ses convictions incitent à observer le monde extérieur sous un oeil soupçonneux confinant à la paranoïa. Malgré ses bonnes intentions, Léo est donc difficile à vivre. Face aux innombrables dangers qui menacent ses proches, d'ailleurs plus réels qu'imaginaires dans le roman, parviendra-t-il à protéger les siens ? Là encore, en dire trop dévoilerait une partie de l'intrigue.
Disons simplement que des complots vont se tramer et que des meurtres à répétition vont se produire ; mais bien malin qui saura dire si les commanditaires sont du côté du FBI ou du côté du KGB.
En matière de révélations intempestives, le pas est pourtant allègrement franchi sur la quatrième de couverture qui tue dans l'oeuf un suspense bien mené qui aurait pu planer sur les deux-cent premières pages. Signalons également pour cette édition d'autres petits problèmes tout aussi agaçants : quelques coquilles et surtout l'inversion des pages 135 et 140, rendant la lecture un peu délicate à cet endroit.
De bonnes idées de scénario, des angles de vue originaux, des détails qui font vrais, parsèment le récit de Tom Rob Smith, découpé en chapitres courts qui donnent à la narration un rythme soutenu. Les scènes très visuelles et les indications de lieux utilisées comme titres de chapitre plongent le lecteur dans une ambiance rappelant les films d'action.
Mais malgré ses indéniables qualités, ce troisième roman m'a pourtant laissé une impression mitigée, sans doute due aux personnages trop manichéens, parfois jusqu'à la caricature, et au dénouement un peu faible (j'aurais aimé voir ressurgir quelques personnages qui disparaissent trop vite du récit et j'avais imaginé une fin plus surprenante quant à l'identité de l'Agent 6). Par ailleurs, le style de Tom Rob Smith s'apparente davantage à l'écriture en Rangers d'un Tom Clancy, plutôt qu'à la plume élégante et subtile de son compatriote John le Carré (qui porte des Church, à mon avis).
Nombreux sont les thrillers et les romans policiers qui plongent le lecteur en pleine guerre froide. Moins nombreux sont les écrivains qui disposent d'un héros récurrent soviétique et moscovite pure souche. Tom Rob Smith est l'un d'entre eux, mais sachez qu'il en existe un autre. Assez curieusement, son nom est Smith, Martin Cruz Smith. Son héros récurrent est l'inspecteur Arkadi Renko, de la milice soviétique, sept romans à son actif. Et franchement, amateurs et amatrices de polars, si vous avez lu et apprécié Tom Rob, précipitez-vous sans attendre sur Martin Cruz. Une autre façon de découvrir l'Urss depuis l'autre côté du rideau de fer, boljemoï !
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