Dans le Labyrinthe

Lorsqu'il ressort, ayant bu de l'eau froide en abondance au robinet, le caporal n'est plus là. Le soldat poursuit son chemin, par le couloir transversal, va jusqu'à l'escalier, qu'il se met à descendre en tenant la rampe de la main droite. Bien qu'il surveille avec attention ses mouvements, la raideur de ses genoux l'oblige à progresser d'un pas à la fois lourd et mécanique, et le choc des grosses chaussures retentit sur les marches de bois, l'une après l'autre. A chaque palier, le soldat s'arrête ; mais dès qu'il commence à descendre, le bruit des semelles à clou sur les marches reprend, régulier, pesant, solitaire, résonnant du haut en bas de la maison, comme dans une demeure abandonnée.
Au pied de l'escalier, devant la dernière marche de la dernière volée, se tient l'invalide appuyé à sa béquille de bois. Celle-ci est campée en avant, contre la marche ; le corps entier se penche, dans un équilibre d'apparence précaire ; la figure est levée, figée sur un sourire de bienvenue sans naturel.
"Salut, dit-il. Bien dormi ?"