Citations sur Sujet inconnu (67)
Un père extrêmement intelligent, qui travaillait pour respirer, qui savait relativiser les choses de la vie. Un sage, faussement sage, car derrière sa voix douce et son savoir, mon père était malheureux. Son intelligence la rendu ainsi. Voir le monde tel qu’il est, c’est une malédiction.
Un regard triste. Toujours prêt à m'écouter. Sam ne se moquait jamais. On ne parlait pas. On se comprenait. Le silence est plus puissant que les mots.
J’allume mon ordinateur. Reprenons.
Je ne raconterai pas l’histoire de ce que j’écris. Il y a des personnages, une route et des péripéties. Une trajectoire. Un début et une fin. Il s’y passe des choses. Pas de dragons ni de tueurs en série. Je suis chacun de ces personnages ; je suis imaginaire. Je ne sais pas de quoi le texte parle. Il parle, c’est tout. Je ne sais pas non plus de quoi la vie parle. Je la laisse aller. L’écriture aussi. Elle coule. Les yeux fermés, mes doigts connaissent le chemin. Je sens la fin. Ils tentent de me freiner. Retarder. Je n’ai pas pensé à après, quand le dernier point aura été tapé. La différence entre un livre et la vie ? A la fin du livre, la vie continue. Et ma vie ? Est-ce qu’elle va continuer ?
Les tumeurs sont combatives. Pas comme nous. Elles s’accrochent. Elles grandissent, font des petits puis les petits qui deviennent grands pour faire d’autres petits. Elles voyagent. Seins, estomac, testicules, fesses, sang, cerveau. Même les pieds. On vit dans un monde où on meurt d’un cancer du pied et c’est normal.
Je monte le son. Je n’ai pas peur, honte de rien. Je danse toute seule devant toi. Tu me regardes. Tu es fou de moi. Surtout dans ces moments-là. Puis tu finis par « Sitting on the dock of the bay ». On est d’accord sur ce point. C’est notre chanson préférée. Tu me rejoins pour danser. L’un contre l’autre. Mes bras autour de ton cou. Parfois je pleure. Parfois c’est toi. C’est toujours beau.
Tu fais signe au serveur. Je veux un verre de vin blanc. C'est plus simple qu'un cocktail. Plus classe que la bière. Je ne connais rien au vin. Chez moi, on prime la quantité, pas la qualité. On aime le vin blanc sec et pas cher. J'ai donc demandé au serveur sec et légèrement fruité. Fruité, j'aime bien ce mot. Tu as commandé pour moi un verre de menetou-salon.
Des jours en vrac. Ils comptent. Ils marquent. Ils frappent. Ils blessent. Ils renforcent. Ils s'entrechoquent. Des chiffres. Des années. Des litres. Des kilogrammes. Des kilomètres. On compte. On décompte. Tic-tac. Le chrono avance. Il ne s'arrêtera jamais. Tic-tac. Même le jour où c'est terminé, il continue sa route. Pour les chiffres, il n'y en a qu'une.
J'aurais pu être comptable. Des plus et des moins. Un résultat. C'est clair et simple. Pas droit à l'erreur. Cocher. Vérifier. Taper sur des touches. Revérifier. Tout est rangé. Exact. Ordre et perfection. J'aurais dû être comptable.
Je n'aime pas les maths.
Je ne suis pas en ordre.
Je ne suis pas exacte.
Je ne suis pas parfaite.
Je ne suis pas comptable.
Ce soir, je me sens conne. Je n’aime pas. J’ai toujours une longueur d’avance. Là je suis en retard. Sous terre. À la cave. Avec les rats et les déchets de tout Paris. C’est là que se trouvent les cons. Du moins, les cons qui ont conscience de ce qu’ils sont. Car pour les autres, les vrais cons, c’est une autre histoire. Ceux-là, ils sont au-dessus. À côté, partout. C’est ce qu’ils croient. On les laisse croire. C’est le propre du vrai con de se penser intelligent.
Je devrais commencer par me présenter.
Ce qui vous intéresse est de savoir si cette histoire est vraie. Si la personne qui a écrit cette histoire a vécu cette histoire. Si son cerveau a vrillé comme celui du personnage. Pulsation cardiaque. Boum. Boum. Boum. Si ce cœur était réel. Si ce cœur était le mien. Cette question revient à chaque page. Chaque passage à la radio. Est-ce sa voix ? A la télé. Son visage ? Je pourrais parler à la troisième personne. Dire elle. Dire tu.
Je dis je. Cette histoire existe. Réelle ou pas. Elle existe. La réalité on s'en fout. La réalité n'écrit pas d'histoires. Je. Tu. Il. Elle ne vit pas. Elle ne mange pas. Ne ressent pas. Ne baise pas. N'aime pas. Ne meurt pas.
Je ne veux pas être réelle.
Je ne veux plus savoir qui je suis.
Je ne sais plus qui je suis.
Je ne me présenterai pas.
On s’endort collés. Fesses contre sexe. La position t’excite. Alors on fait l’amour. Je n’ai pas toujours envie. Toi si. Je ne jouis jamais quand tu es en moi mais je ne m’inquiète pas. Toi si. Tu descends ta main ou ta bouche jusqu’à mon sexe. Là, je jouis. Maintenant, on peut dormir.