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Critique de jamiK


Mars la verte, ”Mars libre !”

Après avoir passé un long moment avec le premier tome, j'en ai passé un encore plus long avec le deuxième. Il faut reconnaître qu'il s'agit là d'une oeuvre monumentale comme j'en ai rarement lu.

Tout d'abord, il s'agit d'une saga romanesque, avec des personnages plus ou moins attachants dont chaque partie de leur vie, chaque âge, chaque évolution personnelle est scrupuleusement suivie. Avec le rallongement de la durée de la vie, du début du tome 1 à la fin du tome 2, on a vécu une centaine d'années, certains personnages disparaissent, d'autre apparaissent, avec des visions et des objectifs différents, contradictoires, et des destins variés. On s'attache à ses personnages, aux caractères bien fournis, bien travaillés. le récit change régulièrement de personnage central, toujours avec le même soin et la même profondeur.

Deuxième point, c'est bien écrit, les descriptions de Mars sont soignées, précises et claires, tout en étant chargées de poésie, les couleurs les formes sont parfaitement visualisables, le vocabulaire technique et pointu se marie élégamment avec une écriture plus luxuriante et rythmée ce qui fait que la technicité ne m'a jamais freiné. L'écriture de Kim Stanley Robinson est parvenue sans le moindre écueil à m'embarquer dans cette grande aventure.

Troisième point, l'aspect scientifique est très poussé, très renseigné, l'auteur, par souci de réalisme s'inquiète de connaître le point de fusion et de sublimation de chaque élément, il tient compte dans son récit de toute la connaissance géologique, astrologique, physique, chimique, climatologique, biologique, géographique... rien n'est laissé de côté, et c'était l'occasion de peaufiner mes connaissances. Cette rigueur scientifique rend le récit très réaliste, on suit la terraformation de la planète mars quasiment au jour le jour, c'est un récit que je n'hésiterais pas à qualifier d'épistémologique, c'est un livre scientifique. Et les sciences molles, économie, psychologie… ne sont pas en reste. On revient à l'origine du terme “science-fiction” : de la science et de la fiction, de l'anticipation, loin du kitsch du space opera peu soucieux de la crédibilité scientifique (genre que je ne dénigre pas pour autant, loin de là).

Quatrième point, ce livre propose à la manière de la littérature des lumières, une anticipation politique, à la manière de l'Utopie de Thomas More, l'Amérique de Tocqueville, les voyages de Gulliver, Micromégas… mais en partant de notre société telle qu'elle est aujourd'hui, avec un parallèle avec les nos multinationales, l'ONU, le rapport tiers monde / G20, le réchauffement climatique, il fait le tour exhaustif des problématiques actuelles en utilisant des chemins plus ou moins détournés, avec le prétexte de l'anticipation pour faire passer toutes ses théories. En cette période de troubles entre Gilets Jaunes, montée des extrêmes, guerres économique entre les états, il y a beaucoup de chose à retenir de ce récit très intelligent, qui propose une véritable évolution, sans tomber dans le manichéisme de base. C'est plutôt subtil et intelligent, c'est un livre politique, un livre d'idées, d'innovations et de propositions, tel qu'étaient les récits d'anticipation d'avant la science-fiction. Personnellement, j'adore ça, c'est une des raison majeure qui me pousse à lire de la science-fiction.

Le cinquième point qui renforce l'aspect romanesque, et ne cache pas les ambitions de Kim Stanley Robinson, vient de la structure même du récit. Il peut paraître parfois long et complexe au détriment de l'action, mais les moments clés de cette action sont calqué sur le récit de l'Exode de la Bible, excusez du peu… L'écriture des tables de la loi sur le mont Sinaï et la traversé des eaux de la mer rouge sont des moment clés de ce récit. J'avais noté le parallèle dans le premier tome avec la Genèse. Kim Stanley Robinson continue dans cette voie, le deuxième opus de sa trilogie s'appuie donc sur l'Exode, deuxième livre de la Bible. Avec ce point, la terraformation de Mars prend une dimension épique, romanesque, quasi mythique, comme un récit sacré, La trilogie martienne est une cosmogonie.

Kim Stanley Robinson a les moyens de ses ambitions, et elles sont énormes, il s'en tire pourtant avec panache. Ce roman est brillant, je n'ai pas trouvé la moindre faille, il n'y a rien à enlever, rien à rajouter et même avant d'avoir lu le troisième opus, je n'ai pas peur de dire qu'il s'agit là d'une oeuvre majeure de la science fiction. Ce deuxième tome, tout comme le premier est un monument de la science fiction, et de la littérature en général.
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