- Tu trouves ça drôle ? Nolita a dû vaincre ce qu'elle redoutait le plus pour nous suivre aujourd'hui. Peux-tu en dire autant ?
- Moi, je n'ai peur de rien, fanfaronna Poll en foudroyant Elias du regard.
- Seuls les imbéciles ignorent la peur, riposta Kira du tac au tac. Même le plus brave des chasseurs en éprouve parfois. Sans peur, le courage ne veut rien dire.
Refuser son destin, c'est courir à sa perte.
Nolita eut un accès de jalousie. Ce garçon était courageux. Comment pouvait-il garder un tel sang-froid avec un couteau à deux centimètres des reins ? La jeune fille haussa les épaules. Elle n'avait pas envie d'être comme lui. Jusqu'à présent, c'était sa peur qui l'avait maintenue en vie. Sa peur qui la rendait forte.
Un jour, un vieux dragon sage m'a dit que, pour accomplir son destin, il fallait d'abord se construire une histoire. Le destin nous appelle, Elias. Nous devons partir pour construire notre histoire. Ensemble.
[Aurore à Elias peu de temps après leur rencontre].
Il avait retenu la leçon : connaître ses limites ; ne pas narguer le destin. La chance ne lui sourirait pas deux fois. Contrairement à ce qu'il croyait, un dragon n'assurait pas l'invulnérabilité. Et voler n'était pas sans danger, loin s'en fallait.
(…) chaque fois, Ombre battait des ailes, de manière audible, comme pour dire : « Ohé ! Je suis là ! » avant de repasser en mode silencieux et de se replacer au-dessus de l'ennemi.
Effet garanti : quelques minutes plus tard, ses poursuivants fondaient sur une proie invisible, toutes griffes dehors. Inévitablement, ils se percutaient en poussant des hurlements de douleur.
La magie existe, mais va à l'encontre de ce que le Créateur a fabriqué de Sa main. C'est une pratique dangereuse, surtout chez les humains assoiffés de puissance. L'être humain n'est pas fait pour maîtriser les éléments. Les dragons non plus, d'ailleurs. Mais nous, nous savons rester à notre place. La magie n'est pas pour nous.
[Sabre, le dragon de Kira]
D'habitude, pour éviter peine et déception, Poll se renfermait sur lui-même. L'amitié l'avait toujours meurtri. Et c'était sa faute – son ambition démesurée éloignait les gens de lui.
Elle fut tentée de fuir, mais elle savait que le loup considérerait cela comme une agression. Ces prédateurs agissaient toujours de la même manière : effrayer leurs victimes, leur couper les jarrets et les mordre à la jugulaire. Simple, rapide et efficace. Nolita ne tomberait pas dans le piège. Ainsi, le loup hésiterait à attaquer.