Chaque rencontre est marquante, chaque échange de regards nous dit les profondeurs, le mystère de la pensée animiste, la communion secrète des vivants. Une fois à ma table à dessin, tous ces regards me poursuivent, pas d arrière monde dans leurs reflets. Je convoque leurs secrets.
Avoir enfin le privilège de l'ennui, ce révélateur de l'essentiel.
1. Paris, mars 2020, p. 12
J’ai découvert l’Oisans à la fin de l’enfance.
Je devais avoir 12 ou 13 ans quand je suis monté avec ma mère au col du Gioberney, par le versant Valgaudemar. Ce fut mon premier contact avec ce qu’on peut déjà appeler la haute montagne, le col culmine à 3 233 mètres. Si je ne garde aucun souvenir de la bavante [alternance de montées et de descentes] qui y mène, la vue au sommet fut un éblouissement, une révélation proche de la conversion de Claudel à Notre-Dame : “Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et JE CRUS” En arrivant au col, les Bans [3 669 mètres] me dévoilèrent leur magie. Cette montagne, à l’époque, était recouverte de glace, elle resplendissait littéralement au soleil.
C’était gigantesque et irréel pour l’enfant que j’étais encore. (…)
Je voulais monter En Haut
Dessinateur de bande dessinée est un métier laborieux, où tous les jours se ressemblent, où l’on passe sa vie assis sur une chaise à rêver des existences.
8. La renarde, p. 80
Nous sommes les seuls spectateurs de cette représentation cosmique qui d’habitude se joue sans public. La beauté existe-elle pour elle-même ?
6. Solstice, p. 61
Il ne me suffit plus d'essayer de peindre le bleu du ciel, il est évident qu'il est temps de le vivre.
C'est une reconnaissance hors de toutes proportions, une célébrité fugace et absurde. Le trou ou la gloire.
Tout s'accélère. Comme si l'existence était un sablier. Je veux pouvoir choisir la façon dont mon sable va s'écouler.