Ah! comme j'apprécie d'accompagner ces hommes et ces femmes, en fin de vie, tout au bout du chemin, vers leur dernier soupir. Doucement, calmement.
Cependant, dans notre fichu monde, tout n'est pas toujours aussi simple, aussi parfait.
Si voir des jeunes, avides de croquer la vie à pleines dents, disparaître brutalement est, à coup sûr, inhumain, voir des vieillards, désireux de s'effacer, languir des semaines, sinon des mois, sur un lit de souffrances, l'est tout autant.
Alors, à force de côtoyer ces regards suppliants et désespérés, j'ai compris et j'ai enfin saisi le rôle qui m'avait été assigné : devenir un ange, un ange de la mort !
Dans la main droite, elle tient ce même couteau énorme, sorti de je ne sais quelle cuisine, dont la lame, éclairée par les spots du salon, étincelle méchamment. Horrifiée, Sabine s'est levée et, tétanisée, regarde la femme, à l'allure de zombie, qui s'approche d'elle à allure réduite en titubant légèrement.