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Critique de mariecesttout


Quatrième de couverture, bien faite et un extrait du livre:

"La même année que Napoléon Bonaparte naît dans une bourgade de la Sarre un enfant roux dont le père, tonnelier, a servi dans les armées de Frédéric II. A la faveur des guerres de la Révolution et de l'Empire, l'enfant roux – au départ, une sorte d'Allemand – est appelé à devenir l'un des plus illustres maréchaux de France, avant de mourir fusillé à l'angle des jardins de l'Observatoire. Entre-temps, il aura été vainqueur à la Moskova et sur quantité d'autres champs de bataille, héroïque lors de la retraite de Russie, indécis ou calamiteux dans d'autres circonstances, déloyal à l'empereur, traître à la monarchie restaurée, défait à Waterloo et indéfectiblement fidèle à quelque chose d'éclatant et d'obscur.
Aujourd'hui, le boulevard qui lui est dédié relie la porte de Saint-Ouen à la porte d'Aubervilliers, à la limite de la ville et de ce qui l'entoure, à travers des quartiers qui ne comptent pas parmi les plus aérés de la capitale. D'autres destins s'y nouent – moins brillants, dans l'ensemble, que celui du maréchal Ney –, d'autres échecs s'y consomment. Celui de Gérard Cerbère, rescapé de nombreuses Bérézinas, désormais retranché avec sa caravane à l'intérieur d'un pilier soutenant le périphérique, celui de Lito, officier des forces armées zaïroises échoué au McDonald's de la porte de Clignancourt. Ou encore celui de Ginka Trifovna, originaire de Ruse, en Bulgarie, âgée de dix-neuf ans et assassinée dans la nuit du 21 au 22 novembre 1999 sur un talus de la rue de la Clôture."

Bien. Je pensais que Jean Rolin allait nous parler du maréchal Ney, sur lequel je ne savais que peu de choses . Mais je le connais, il est rusé, et chaque thème abordé lui sert à toute autre chose.
De Ney, qu'ai-je retenu? Que l'un de ses récents biographes relate qu'après avoir fait ses adieux à sa femme, il a eu le temps de se rendormir un peu avant son exécution.. Il devait vraiment être très fatigué.. En tout cas, Rolin n'oublie jamais la documentation, historique et géographique.

Mais son projet ?
"Assez vaste et confus d'écrire sur le maréchal Ney du point de vue du boulevard qui porte son nom. Ou, ce qui revient au même, ( au moins sous le rapport de l'ampleur et de la confusion), d'écrire sur le boulevard qui relie la porte de Saint-Ouen à la porte d'Aubervilliers, mais du point de vue présumé du maréchal Ney."
Ah. Ca part bien si on aime Jean Rolin, humour et confusion, si on ne l'aime pas, c'est à éviter à tout prix.
Il va donc arpenter ce boulevard, l'observer sous tous les angles, y faire des rencontres, des prostituées, des marginaux, des chats ( comptés!) . Et le 18 juin 2000, 185 ème anniversaire de Waterloo, il va tenter de reconstituer tout seul , sur un petit bout d'herbe, cette fameuse bataille ..!!!

"( Sans doute ce pré n'offrait-il que peu d'étendue, mais cette circonstance était elle-même conforme, au moins symboliquement, à l'une des caractéristiques de la bataille: " Waterloo, écrit Victor Hugo, est de toutes les batailles rangées celle qui a eu le plus petit front avec un tel nombre de combattants. de cette épaisseur vint le carnage." )Sur le pré se voyaient une souche déracinée, un amoncellement de grands sacs poubelles noirs assez semblables à des chevaux morts"..etc..
Morne plaine parisienne.

Que dire de plus? Que bien sûr il fait coïncider dans le récit histoires personnelles et Histoire tout court. Que, comme d'habitude, il s'égare vite. Enfin, apparemment.. Car en fait, pas du tout, et c'est sa grande force. Il nous égare, oui, on se dit mais.. il va nous emmener où, comme cela? Et lui est déjà arrivé depuis longtemps.

Et puis..:
"Porte d'Aubervilliers, vers 21 heures 30 , une demi-douzaine de personnes faisaient déjà la queue pour le lendemain matin devant l'entrée du Centre de réception. Il n'y avait parmi eux qu'une seule femme, apparemment africaine, âgée peut-être d'une trentaine d'années, vêtue avec élégance, assise sur une couverture à l'intérieur de cette espèce de tuyau que doivent emprunter les impétrants. Ses lunettes sur le nez, elle était plongée dans un livre, et, même en faisant la part des choses- même en tenant compte de la nécessité , pour la lectrice, de se composer une attitude susceptible de tenir à distance les emmerdeurs- on aurait aimé savoir quel était ce livre, et ce qu'il avait fait pour mériter d'être lu dans des conditions si précaires."

Le mot lui -même est un peu galvaudé, mais pour moi, Jean Rolin est un grand écrivain humaniste.

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