Cet homme bon, discret, serviable, dévoué. Cet ami fidèle, ce mec en or. Et encore une fois par ma faute. Je l'ai entraîné là-dedans. Il m'a suivi. Je n'apporte que du malheur à tous ceux qui croisent ma route.Ma mère a eu raison de s'enfuir. Elle avait tout compris depuis le début.
Je me mens tellement à moi-même depuis des années que j'en avais presque réussi à croire que Béluard s'était vraiment noyé. C'est fou ce que notre cerveau peut nous faire avaler comme conneries quand même. C'était sûrement plus facile comme ça. Arriver à se persuader de notre mensonge.
La maison est endormie depuis longtemps déjà lorsque je pose les 452 feuilles A4 volantes sur mon lit. Il n'a même pas pris la peine de le faire relier, voilà la seule chose à laquelle je pense à plus de quatre heures du matin et après avoir lu le manuscrit d'une traite.
L'homme avait une longueur d'avance sur le destin, la forêt était sienne. On lui aurait bandé les yeux qu'il aurait quand même su exactement où passer pour arriver le plus rapidement possible. Il était hors de lui, possédé. Mi-humain, mi-animal sauvage. Quelque chose au fond de ses entrailles lui hurlait que son fils, sa chair, son univers, était en danger.
J'aime ce terme, "absenter". Il était lui-même, disparaissait quelques temps et puis il revenait comme s'il avait fait un voyage dans un monde où je n'existais pas.
Elle portait une robe de chambre bleu turquoise avec des petites marguerites imprimées un peu partout. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Elle s'en est rendu compte et s'est assise en face de moi.
- Qu'est-ce qui te fait rire ?
- Toi. Où trouves-tu des choses pareilles ? j'ai demandé en désignant sa tenue.
Ma belle-mère a haussé les épaules et mimé le dédain.
- Tu ferais mieux de te colorer, toi aussi. Vous autres êtes toutes habillées comme si vous alliez assister à des funérailles. Une génération de tristes, c'est tout ce que vous êtes !
Dans quelques mois à peine, Montuis, petit village situé à plus de 1600 mètres d’altitude en plein cœur de la vallée vosgienne, ne tarderait pas à s’effacer sous un épais manteau blanc.
Tu sembles oublier que j'étais en classe avec toi durant toute notre scolarité, alors à moins que tu te sois fait greffer un cerveau depuis, il est absolument exclu que tu aies pu écrire ce truc là.
Il m’a fallu me perdre pour comprendre que je ne pourrai jamais me pardonner, que je devrai vivre pour le reste de mes jours avec ce poids sur la conscience….
Je fronce les yeux à la lecture du titre qui, sans que je puisse réellement l'expliquer, me glace déjà les veines. "De l'autre côté du lac".