BOËN. - sa colère se déchaîne. Il s'agite. -
Et puis tant pis pour eux. Ils se valent. Ils sont bien de la même race. Le contraire de natures franches, larges. Le contraire du coeur sur la main. Chipotant. Chicanant. Manoeuvrant. Ils doivent avoir des douzaines de notaires et d'avoués dans leurs ancêtres. Vous en voulant qu'on les aide, au fond. Toute votre générosité se heurte à un mur garni de picots et de tessons de bouteille. Ils me gâchent tout. Ils m'arrêtent mon contentement.Ah ! Si je pouvais les flanquer dehors ! Mais c'est moi qui partirai, quand j'aurai tout réglé avec mon américain. Qui est-ce qui sera vert ? Ils iront essayer le système de la petite bouche avec mon successeur. (Sabine frappe à la porte, puis entre.) Il aura le temps de replacer ses théories sur l'envie. Venez, ma petite Sabine. Je suis écoeuré. Je m'épuise à obliger des envieux et des ingrats. C'est honteux, honteux. (Il suffoque d'indignation. A Sabine.) Je ne veux plus les voir. C'est vous qui les recevrez.
SABINE. -
Qui ? Monsieur.
BOËN. -
Le couple Hébingre. (Montrant la porte) Un gaillard à qui je viens d'offrir cent mille francs d'appointements, et qui ne daigne pas les prendre...
(extrait de la scène VIII du troisième acte de "BOËN ou la possession des biens")