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Critique de migdal


« Chère consoeur, avant le Zambèze, il y a la Corrèze » assène le grand reporter Gilles Rabine à Alicja Zgorecki lors d'une conférence à l'école de journalisme … et c'est ainsi qu'elle débute sa carrière à Bar-sur-Aube, en charge de la rubrique des chiens écrasés quand un camionneur polonais est assassiné sur un parking routier.

Alicja « la fouineuse » s'empare de ce fait divers, se rend en Pologne (patrie de son grand-père, ancien mineur) au siège de la compagnie Europfret Jaworzno Poland puis interroge Gassien (ancien légionnaire réfugié au coeur de la forêt) et les voisins de la scène de crime, Jacky et Marlène, gardiens d'une propriété que vient d'acquérir Smyrn, agent d'artistes internationaux.

Nous sommes au coeur de l'Aube, arrière-pays oriental de Troyes, une région sinistrée, où la Cristallerie de Bayel vient de fermer laissant ses salariés sur le carreau. Daniel est l'un d'eux. Amandine, son épouse, est caissière dans un supermarché. L'ancienne abbaye de Clairvaux, prison depuis la révolution, est aussi condamnée, aggravant ainsi la désertification de ce territoire dominé par la Croix de Lorraine de Colombey les Deux Eglises. Ingeborg Hoffmann, cinéaste allemande, prépare une émission sur Saint Bernard et l'abbaye cistercienne. le Docteur Jean Desmeraux (ancien de l'ONG Médecins Sans Frontières), à 76 ans, soigne et visite ses patients. Une communauté d'asociaux survit en laissant Eusèbe piller les supérettes locales et en cultivant du cannabis. BMM, député LRM fraichement élu, découvre le monde agricole et profite de l'entregent de Julien, son attaché parlementaire.

Ces personnages, ces particules élémentaires dirait Michel Houellebecq, vivent l'automne des Gilets Jaunes, et les lois de l'attraction étant ce qu'elles sont, Smyrn croise Amandine, Jacky trafique avec Julien, Jean soigne la solitude d'Inge et le député promeut son image auprès des journalistes et d'Alicia. Cynique contraste entre Paris, Avenue George V « toilettes non genrées » et l'arrière-pays qui peine à vivre. Inégalité de niveau de vie entre une France du haut tournée vers le Monde et une France du bas abimée et oubliée. Exploitation des miséreux, notamment les enfants confiés aux foyers de la DDASS, violés comme Gassien par des célébrités télévisuelles, abusés comme Amadine par un « photographe de charme », ou utilisés pour véhiculer la drogue.

Vide culturel d'une génération dont les bacheliers ne connaissent pas Gaston Bachelard (né à Bar-sur-Aube), désert spirituel d'un diocèse dont les paroisses rurales sont desservies par des prêtres ayant oublié le message de Saint Bernard et la voix de Jeanne d'Arc, mais précisément, formule Jean Rondeau, notre situation est elle pire que lors des grandes invasions ou de l'occupation anglaise ?

C'est un message d'espoir que ce roman transmet en incitant ses lecteurs à suivre Bernard de Fontaine, Jeanne de Domrémy et Charles de Gaulle, à retrouver les racines de notre civilisation européenne, à abandonner les chimères d'une mondialisation utopique. « Après tout, la France est la France » dit Balzac dans le Médecin de Campagne, citation qui ouvre ce deuxième tome du cycle romanesque « Après tout la France ».

J'ai dégusté ces pages qui nous plongent au coeur d'une région où reposent une partie de mes ancêtres et que je traverse chaque semaine à bord du TER de 16H42 qu'emprunte le docteur Desmereaux chaque mercredi de fin de mois après le déjeuner « Chez Georges » avec Bernard Kouchner
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