La boue du delta

Début des années 1900, le jazz fait fureur dans le Delta. Une époque où la ségrégation sévit aux Etats-Unis et qui voit naître un nouveau genre de musique. Gus Rongy traite d'une histoire d'amour, sorte de Roméo et Juliette sur fond moderne de violence, de larmes et de sang. Comment vivre sa passion alors que le regard des autres est là pour le condamner . Bonne reconstitution d'époque et bien documentée autour d'un couple attachant, mais soumis au malheur parce que justement il enfreint les règles.

Un livre extrêmement musical, écrit par un ancien batteur de jazz et ancien prof de français. Un roman dans lequel l'auteur empoigne à brûle-pourpoint les passions et les malaxe d'une dextre ferme. Il nous plonge dans les années 1900 et nous parle de ségrégation raciale et d'amour impossible. malgré la volonté de vivre heureux, un couple doit se battre contre les préjugés ... quitte à en mourir ! Un roman fort qui déploie le nuancier de la passion et la décline avec force.

Il ne sort généralement pas grand-chose de bon des éditions Publibook, mais ici j'ai été charmée par ce roman présenté sous une couverture trop sobre et qui revient sur les années 1900 aux States. Un livre qui parle d'amour et de ségrégation raciale, mais également de vieux jazz. Gus Rongy adopte une écriture qui se met au tempo du récit, avec des ralentissements, des envolées et des grands morceaux de lyrisme qui font rutiler les sentiments. Les deux protagonistes sont un peu des Roméo et Juliette confrontés à la bêtise et la méchanceté d'une société prête à faire payer un lourd tribut aux déviants. A cette époque, un homme de couleur n'avait pas le droit de lever les yeux sur une femme blanche, encore moins de partager avec elle de tendres étreintes. On en a lynché pour moins que cela !

Le titre me fait penser au Sud profond, à l'esclavage, au jazz. Je ne me suis pas trompée en lisant ce roman qui parle de ségrégation et d'amour. Une blanche peut-elle aimer un noir, alors que le regard des autres les condamne ? Avec de la détermination ou en fuyant très loin, on peut tenter d'affirmer ce qui est impossible alors. Ce livre ne manque jamais d'envergure et parle d'un sujet dont on doit débattre. Dans trop de pays toujours, le racisme est une gangrène à endiguer. Si les choses ont évolué, le combat est loin d'être gagné. Les personnages de ce récit sont profondément attachants et cela permet de s'identifier à leurs préoccupations. On aime avec eux, on se bat avec eux et on tremble pour eux. Bon roman.

Gus Rongy est un écrivain bruxellois, ancien prof, venu sur le tard à la littérature. Avec une écriture soignée, il nous plonge dans une fiction très musicale qui swingue au rythme du jazz New-Orleans. Il s'agit surtout d'un drame qui parle d'un amour contrarié, de ségrégation raciale dans une Amérique profonde du début du XXe siècle et du droit au bonheur. Les protagonistes sont extrêmement attachants et on suit leurs péripéties avec un intérêt qui ne faiblit jamais.