Un chalet pour deux... ou presque

— Pourriez-vous arrêter de surgir comme ça et me faire peur ?
— Moi ? se défendit-il en préparant sa dose de remontant.
— Oui, vous ! Un peu plus et tout tombait par terre. Et je me suis brûlée !
Elle montra la fine trace rouge sur son poignet.
Il lui jeta un coup d’œil rapide, haussa les épaules en signe de vague compassion.
— Passez-le sous l’eau froide, cela atténuera la brûlure. Vous trouverez de quoi vous soigner dans l’armoire à pharmacie de votre salle de bain. Sinon, j’ai une hache affutée s’il faut vous amputer, la taquina-t-il.

— En réalité, il écrit.
— Un auteur ? Aussi connu que ton père ?
— Presque.
— Jeune ?
— Presque.
— Beau ?
— Presque.
— Putain ! Arrête avec tes « presques ». Qui est-ce ?
— Lane.
À l’autre bout du fil, la respiration se bloqua pendant dix secondes, puis un cri à vous percer le tympan éclata dans l’oreille d’Heather. Elle écarta le téléphone le temps que la modulation de cris en tout genre s’amenuise

— Vous louez mon chalet ? Vous me prenez pour un imbécile ?
— Je n’oserai pas me prononcer sur ce point. Je ne vous connais pas, répliqua-t-elle, agacée à son tour par la manière dont il la traitait de menteuse.

— Écoutez, mademoiselle. Posez cette hache et discutons calmement, déclara-t-il d’une voix posée.
— C’est ça oui ! Vous me prenez pour une gourde ? Vous allez me tuer et me découper en morceaux !
— Je n’ai pas pour habitude de découper les gourdes en morceaux. C’est trop salissant ! rétorqua-t-il d’un ton excédé.
La réplique – aussi incongrue que sinistre – déstabilisa Heather.

Vous souvenez-vous de votre arrière-arrière-arrière-grand-mère ? Ce qu'elle était, ce qu'elle a fait ? Non. Par contre "être ou ne pas être " immortalise Shakespeare et l'universalise. Être ou ne pas être. Je veux être à travers mes écrits, expliqua-t-il son point de vue.