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Citations sur Spirales (46)

- Avoue tout de même que tu as une vie terriblement protégée, Hélène.

Hélène leva les yeux vers son amie, silencieuse. Armelle continua de sa voix perçante, presque agaçante.

- Il ne t’est jamais arrivé quelque chose de grave. Ton mari t’aime encore, ce qui est un miracle de nos jours, tes enfants ont réussi, il y a des petits-enfants, pas de problème d’argent, de santé, vous vivez bien. Tu n’a jamais travaillé, tu n’en as jamais eu besoin, tu ne sais pas ce que c’est la vie d’entreprise. Vous habitez un hôtel particulier, cité des Fleurs, vous avez une villa à Honfleur, enfin tu vois ce que je veux dire, tu ne peux pas te plaindre, Hélène, tu n’as pas le droit de te plaindre. Tout va bien dans ta vie. N’est-ce pas ?

Hélène termina son chocolat lentement. Elle étudia le visage sans relief de son amie, sa blondeur fade, ses bijoux de bourgeoise, son sac de marque.

- Tout va bien dans ma vie, répéta-t-elle, à voix basse.

- Mais oui, entonna Armelle, ses lèvres tachées de cacao aux commissures.

Hélène plaça une main sur le poignet replet de son amie. Puis elle se pencha vers son amie, avec un sourire étrange. Armelle trouva que les prunelles d’Hélène étaient presque jaunes, alors qu’elle les avait toujours crues marron. Le visage d’Hélène était tout près du sien et elle en ressentit un inconfort soudain. Elle avait envie de reculer mais Hélène avançait encore.

- Mais qu’est-ce que tu en sais ? dit Hélène doucement, sans ciller. Qu’est-ce que tu sais de ma vie ?

Pour la première fois, Armelle eut peur d’Hélène. Sans qu’elle puisse expliquer pourquoi.

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Le pli était pris. Quelque chose en elle s’était fortifié. Elle ne s’était pas effondré. Elle avait fait face. Elle avait incorporé la nouveauté comme un organisme avale un corps étranger et le fait sien. En elle, désormais, vivait une entité à part, une bride d’acier qui la faisait tenir.
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Et comment avait-elle pu abandonner cet homme mort ? Il était certainement le fils, le frère, le père de quelqu’un. Comment en était-elle arrivée là ? Elle qui se souciait tant des autres. Elle qui était si généreuse. Elle ne se reconnaissait plus. Elle ne savait plus qui elle était.
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Après le repas, ce fut l'heure des cadeaux. Dieu merci, ça aussi lui fut épargné, cette année. Sa belle-soeur lui offrait toujours des horreurs, comme un service à punch mauve ou des santons provençaux. Son frère ne se foulait pas, il lui donnait chaque année le même parfum, Calèche, de Hermès, qu'elle refilait le lendemain à une collègue de la garderie. Il fallait ensuite subir les monstruosités concoctées par ses petits-enfants : des colliers de pâtes ou des mini-sapins pailletés en papier mâché, et leur dire, la bouche en cœur, mes chéris, c'est ravissant !
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On s’en fichait. On s’en tapait le coquillard. C’était toujours elle, après tout, qui s’occupait des autres, qui veillait sur les autres.

Il n’y avait personne pour se préoccuper d’elle. Personne.

Et pour la première fois, elle sentit sourdre en elle une colère nouvelle.
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– La vie ne tient qu’à un fil, Hélène, annonça-t-il.

Il disait souvent cela. Pour elle qui menait une existence si placide, si tranquille, cette expression n’avait pas de sens. Quel fil ? Comment la vie pouvait-elle tenir à un fil ? La vie s’étirait lentement, comme une coulée de mélasse qui s’échappe avec mollesse d’un pot renversé.
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Seigneurs, qu'avait-elle fait ? Elle avait avoué dans un moment de faiblesse. Elle leur avait donné de l'argent. Mais pourquoi s'était-ell laissé aller ? Qu'est-ce qui lui avait pris ? La pompe était amorcée. C'était le début de la fin. La fille s'éloignait, accompagnée de son frère. Ils marchaient lentement, sans se retourner. Ils n'avaient pas besoin de se retourner. Hélène les suivait des yeux, hébétée. Elle savait qu'ils reviendraient vite. Trop vite.
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La jeune femme dévisageait toujours Hélène avec des petits yeux noirs, brillants et durs. Sa mâchoire était carrée, presque masculine. Hélène se sentit mal à l'aise, sans qu'elle pût expliquer pourquoi.
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L’attente la rendait folle. Elle n’en pouvait plus. Elle se sentait rongée de l’intérieur par quelque chose. Comme une brûlure.
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Hélène n’osait pas s’aventurer dans le passage. Comment était-elle venue jusqu’ici ? Comment avait-elle pu ? Elle, la femme d’Henri Harbelin. Elle était folle. Elle était devenue folle. Elle perdait la tête. Tout cela parce qu’un inconnu lui avait fait des propositions indécentes.
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