AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une poire pour la soif (13)

Les roadhouse ont disparu depuis longtemps; mais pas la cupidité humaine, ni les atrocités commises en son nom. On me dit souvent que mon roman appartient au "Southern Gothic", ce qui veut surement dire qu'on trouve le cadre et les personnages exagérés.

Moi, dans mon souvenir les gens étaient comme ça; mon seul but était dire les choses telles qu'elles étaient, ni plus ni moins, et laisser le lecteur se former une opinion ou une morale, s'il y tenait absolument. En tout cas, moi je ne faisais pas morale.

James Ross, dans la préface écrite par le traducteur du livre Philippe Garnier.
Commenter  J’apprécie          280
Tous ils aimaient entendre le nickelodeon. Ils tiraient à pile ou face, savoir celui qui mettrait le nickel dans la fente. Quand un morceau finissait, ils pariaient encore un coup et remettaient un autre disque. Ce qui leur plaisait c’était les disques de hill-billy lugubres chantés par un de ces bouseux des collines. Leur préféré c’était un nommé Basil Barnhart, le Baryton de Bear Mountain. C’était rudement dommage que les ours l’aient laissé s’échapper.
[...]
Old Man Joshua était pas tout seul à raffoler du nickelodeon. Tout le monde à Corinth était presque aussi pire que lui. Chez les blancs, on appelait ça un nickelodeon, ou juste phonographe, mais les négros ils appelaient ça un piccolo. On avait plein de disques pour le nôtre, surtout de la musique de danse pour les jeunes, mais il y avait aussi plein d’autres choses, de ce que les vieux birbes et les tarés voulaient entendre. […] Des fois quand Old Man Joshua était suffisamment pompette, il jouait un air à nègres qu’un représentant avait refilé à Smut un jour. Strange Fruit, que ça s’appelait. Ça commençait : « Les arbres dans le Sud donnent des fruits étranges, du sang sur les feuilles, du sang sur les racines », et c’est une négresse qui chantait ça, avec une voix rauque qui vous fichait le cafard. Ça causait de lynchage, et la négresse elle en faisait quelque chose de drôlement bien. Old Man Joshua une fois il avait aidé à pendre un nègre, dans sa jeunesse. Quelqu’un avait raconté que le nègre avait violé une blanche. Maintenant, quand le vieux avait ses douze bières sous la ceinture, il s’asseyait et il écoutait ce truc-là. Des fois vers la fin il chialait, mais quand la musique s’arrêtait il s’arrêtait de pleurer aussi. « Je sens encore ces satanés yeux sur moi qui me transpercent », qu’il disait Old Man Joshua. Ensuite il rotait un bon coup et il se reprenait. C’était juste quand il était plein qu’il était comme ça. À jeun, il aurait eu aussi tôt fait de lyncher un négro que de se moucher.
Commenter  J’apprécie          222
— Elle est vraiment bonne, celle-là, j’ai dit. D’abord tu t’arranges pour que je t’aide à faire quelque chose sans me dire ce que c’est. Tu me promets juste de l’argent, et quand je découvre que c’est d’un meurtre qu’il s’agit, tu me dis de pas me biler. Tu me bourres le mou avec l’argent. Et en plus, t’essayes de m’empoisonner quand je me mets à le chercher. Et voilà que maintenant tu colles le meurtre sur le dos d’un demeuré. T’as tout pour plaire, toi, je dois reconnaître. » Smut s’est arrêté de tourner. Il avait un air perplexe sur la figure, un peu comme s’il avait voulu m’expliquer pourquoi il avait agi comme ça mais qu’il savait pas par où commencer. Il s’est remis au comptoir. Il s’est mordu le pouce en regardant par terre. « Si tu démarres au bas de l’échelle, qu’il a dit, faut être plus dur que ceux qui se trouvent entre toi et le haut. »
Commenter  J’apprécie          180
— Mais les gens d'ici louent bien une cabine pour deux heures, des fois.
— C'est différent.
— Ah bon ?
— Ouais. Les gens d'ici qui font ça c'est des gens comme il faut. Les filles, pour la plupart c'est des filles qui font partie de la chorale de l'église, et qui font ça aussi. Les gars viennent des meilleurs familles. Mais si je devais laisser des putes venir ici ce serait différent.
Commenter  J’apprécie          140
Des fois quand Old Man Joshua était suffisamment pompette, il jouait un air à nègres qu'un représentant avait refilé à Smut un jour. Strange Fruit, que ça s'appelait. Ca commençait : "les arbres dans le Sud donnent des fruits étranges, du sang sur les feuilles, du sang sur les racines", et c'est une négresse qui chantait ça, avec une voix rauque qui vous fichait le cafard. Ca causait de lynchage, et la négresse elle en faisait quelque chose de drôlement bien. Old Man Joshua une fois il avait aidé à pendre un nègre, dans sa jeunesse. Quelqu'un avait raconté que le nègre avait violé une blanche. Maintenant, quand le vieux avait ses douze bières sous la ceinture, il s'asseyait et il écoutait ce truc-là. Des fois vers la fin il chialait, mais quand la musique s'arrêtait il s'arrêtait de pleurer aussi. "Je sens encore ses satanés yeux sur moi qui me transpercent ", qu'il disait Old Man Joshua. Ensuite, il rotait un bon coup et il se reprenait. C'était juste quand il était plein qu'il était comme ça. A jeun, il aurait eu aussi tôt fait de lyncher un négro que de se moucher.
Commenter  J’apprécie          81
Il était vieux et il avait fait la guerre à Cuba.Il avait une jambe de bois et une pension du gouvernement.il était chauve et il n ‘avait plus de dents.Même pas des fausses.mais cela ne faisait rien , vu qu’il buvait ses repas la plupart du temps.
Commenter  J’apprécie          60
"Donne-moi un paquet de Camel et une pochette d'allumettes. Et pis une bouteille d'eau gazeuse, pendant que tu y seras. Et un décapsuleur."
Je lui ai donné les allumettes et les cigarettes. J'ai mis la bouteille dans un sac en papier que j'ai poussé vers lui. Il s'est penché encore un peu plus, parce qu'il y avait deux filles assises tout près au comptoir.
"Donne-moi aussi un paquet de peaux de zébi."
Je lui ai donné le paquet, et il l'a tenu dans sa main, l'air de calculer quelque chose.
"H'm, y en a que trois par paquet." Smut a fourré le paquet dans sa poche. "Fait plus d'une semaine que j'ai pas fait l'amour. Tu ferais aussi bien de me donner encore un paquet de ces trucs-là.
- Tu doutes de rien toi au moins, j'ai dit en lui donnant un autre paquet.
- Et c'est rien, que ça. Tu verrais ce que j'ai dans ma poche."
Commenter  J’apprécie          50
"J'ai tellement fumé de cette saloperie de tabac au rabais, moi j'en peux plus. Ça pique vous pouvez pas savoir, j'ai la langue tout acide. Du Quince Ilvert, c'est ça que je veux.
- Tu veux du quoi ? Badeye a fait.
- Donnez-moi une boîte de Quince Ilvert.
- De quoi qui cause, bordel ? Badeye a demandé.
- Il veut une boîte de Prince Albert, j'ai fait.
- Alors pourquoi qu'il le dit pas, bordel ?
- C'est ce que j'ai dit, Catfish a dit.
- Pourquoi que t'apprends pas à causer anglais, d'abord ? Dans ce pays c'est l'anglais qu'on cause. Tu devrais arrêter de baragouiner ton patois, nom de Dieu."
Commenter  J’apprécie          40
Depuis, quand je raconte aux gens qu'un soir j'ai fait tout Corinth avec un dollar en poche et que j'ai pas été foutu de trouver une goutte de gniole, ils disent tous que c'est des menteries ; que ça pourrait jamais se produire à Corinth, une chose pareille.
Commenter  J’apprécie          40
Tous ils aimaient entendre le Nickelodeon. Ils tiraient à pile ou face, savoir celui qui mettrait le nickel dans la fente. Quand un morceau finissait, ils pariaient encore un coup et remettaient un autre disque. Ce qui leur plaisait c'était les disques de hillbilly lugubres chantés par un de ces bouseux des collines. Leur préféré c'était un nommé Basil Barnhart, le Baryton de Bear Mountain. C'était rudement dommage que les ours l'aient laissé s'échapper.
Commenter  J’apprécie          30





    Lecteurs (328) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

    Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

    seul
    profond
    terrible
    intense

    20 questions
    2864 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}