Avant tout, je remercie Babelio et les éditions Allary qui m'ont permis de découvrir un livre vers lequel je ne me serai pas spontanément tournée.
En 1981,
Denis Rossano est étudiant en cinéma et voue une admiration particulière à l'oeuvre du cinéaste Detlef Sierk, plus connu sous le nom de
Douglas Sirk. Il a l'opportunité de le rencontrer et de l'interroger sur sa carrière. Mais il cherche aussi à en savoir plus sur Klaus, le fils de Sirk, enfant star du cinéma nazi.
Je le confesse volontiers, je ne connais absolument pas
Douglas Sirk ni un bon nombre des acteurs, actrices et réalisateurs dont il est fait mention. Pourtant, cela n'a absolument pas été un problème, la narration de
Denis Rossano est fluide, jamais ennuyeuse. Il navigue entre le récit (ses entretiens avec Sirk), la biographie (sa reconstitution de la vie de Sirk) et le roman (la vie qu'il imagine à Klaus en parallèle de celle de son père).
J'ai donc ainsi découvert le cinéaste Detlef Sierk, devenu
Douglas Sirk lors de sa fuite aux Etats-Unis. Bien qu'admirateur du travail du cinéaste et ami de l'homme,
Denis Rossano nous présente un portrait en demi-teinte de Sirk. S'il met en avant la sensibilité de l'homme et de l'artiste, il ne nie pas ses compromissions avec le régime nazi, car Sierk avant de fuir aux Etats-Unis en 1938 a réalisé certains des plus grands succès du cinéma allemand de l'époque. Au travers de l'histoire personnelle de Sirk, c'est toute une époque que nous raconte Rossano. Il nous parle des succès et des stars de l'époque, de l'emprise de plus en plus prégnante du régime nazi sur l'art en général et le cinéma en particulier.
Mais le coeur du livre, c'est Klaus, le fils caché, perdu.
Denis Rossano imagine l'histoire de cet enfant qui grandit sans voir son père, un petit garçon à qui l'on répète qu'il est le « parfait petit allemand », embrigadé dès son plus jeune âge dans l'idéologie nazie, enfant star du cinéma de propagande, mort à 20 ans à peine sur le front russe.
Denis Rossano réussit à donner vie à cet enfant, un personnage de roman, un fantôme, mais ô combien attachant.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire l'histoire de ce père et de son fils, mais aussi à découvrir le milieu du cinéma allemand sous le régime nazi.
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