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Critique de fbalestas


Sur le même thème – la tragédie que constitue pour un père de perdre son fils – ont paru deux livres il y a quelques temps : "Tu verras" de Nicolas Fargues – Prix Télérama France Culture - et "Le fils "de Michel Rostain – Goncourt du Premier Roman.
Deux pères que le tragédie bouleverse profondément : l'un perd son fils adolescent dans un accident de métro (Tu verras) l'autre par suite d'une méningite foudroyante non détectée à temps (Le fils). Mais la comparaison s'arrête là.

Car le point de vue qu'adopte Michel Rostain est bien plus original : il donne la parole – fictive, par définition – au fils défunt.
Celui-ci s'adresse à tous, et à son père en particulier.

Se déroule le récit des jours qui ont précédé la tragédie – comment le père va s'en vouloir rétrospectivement d'avoir fait ses courses pendant que son fils vivait ses dernières heures – puis le récit de l'enterrement – ses parents ont eu la bonne idée de choisir la crémation – et les mois qui suivent avec les photos qu'on regarde en boucle, jusqu'au voyage pour disperser les cendres. « On peut vivre avec ça » lui avait confié un ami au moment fatidique. Il avait raison.

Pas de dolorisme, simplement un récit juste où on entend résonner la voix d'un jeune garçon qu'on aurait aimé rencontrer. le lecteur, jamais pris au piège du voyeurisme, suit, à travers le regard ironique du fils, les errements pathétiques mais aussi drôles parfois, de ce père qui essaye de survivre à un événement dont on ne revient pas.

Metteur en scène, notamment de spectacle lyrique, la musique est une constante pour Michel Rostain. L'auteur explique qu'il a vraiment perdu son fils, pendant la préparation d'un spectacle musical : « Notre fils est réellement mort à la fin des répétitions d'un spectacle musical que Martine et moi nous étions en train de créer. Musique de Richard Dubelski d'après des textes de Nancy Huston. Évidemment, Martine et moi, nous nous sommes demandé si nous allions annuler cette création. Nous nous sommes dit que non, il ne fallait pas, Lion faisait partie de l'histoire de notre spectacle. En plus, c'est un des rares spectacles que j'ai faits avec la maman de mon fils, avec cette femme tant aimée. »

D'un style sobre et en évitant l'écueil du pathos, Michel Rostain livre donc un récit plein d'espoir. On n'adhère pas forcément à la cascade de « signes » que l'auteur va trouver dans la fin de l'ouvrage, mais une fois le livre refermé on reste touché par l'humanisme de son auteur, et du message final sur lequel il se conclue :

"On n'a jamais EU un enfant", écrit Michel Rostain en citant Marina Tsvetaieva, "on l'a toujours !"
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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