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Critique de vibrelivre


Le fils
Michel Rostain
récit
éditions Oh, 2011, 171p


Ecrire a sans doute des vertus thérapeutiques. Mais le but du livre, outre d'avoir l'impression que l'on est près de, avec, son fils, et de toute façon, on n'a jamais eu un enfant, on l'a toujours, comme dit Marina Tsvetaïeva, est de témoigner qu'on peut vivre avec ça, comme avait dit à l'auteur un ami victime de la même tragédie, ça, le vide que laisse la disparition d'un enfant, ici un fils de 21 ans terrassé par une méningite foudroyante. Michel Rostain dit aussi qu'il avait envie d'écrire, et que la mort de son fils l'a sûrement amené à passer à l'acte.
le père et la mère travaillent dans le domaine lyrique, Michel est metteur en scène d'opéra, Martine, sa femme, à qui le livre est dédié, travaille avec les comédiens de l'école du théâtre national de Bretagne ; ils n'ont que ce fils, Lion, prénom particulier, qu'ils n'ont jamais poussé à faire quelque chose qu'il dit ne pas aimer. le père est sujet à la mélancolie, le fils aussi, semble-t-il. le fils, comme beaucoup de jeunes, prend du shit, joue aux jeux vidéo des nuits entières, aime la musique, mais pas la classique. Il a des copains avec qui il rit, s'éclate, une copine ; avec ses parents, il est réservé, mais ils se voient souvent. le fils est en licence de philo, aimerait faire un master en Islande. Il a plein d'envies.
C'est le fils qui parle, et au présent de l'indicatif, il est toujours là, vivant, il est le narrateur du livre. Il dit l'abattement, le chagrin irrésistible, de ses parents après sa mort . Il dit que le père fouille, oui, oui, ses papiers pour trouver la juste réponse - à quoi ? Il dit aussi la messe de deuil, l'incinération, et pour le père, élevé catho c'est dur, les fleurs blanches, le choix du cimetière, la vie qui continue, la dispersion de quelques cendres sur un volcan islandais, ce volcan dont les cendres paralyseront la route du ciel cinq ans plus tard. Dans le lac près de ce volcan, une amie verra une tête de lion !Il dit aussi combien ils sont entourés d'amis solides. Ils leur offrent d'ailleurs le voyage en Islande. Il dit la « mécanique des funérailles », le tarif des cercueils qui peuvent être extravagants, tarifs comme cercueils, le thanatopracteur, l'affreuse Sécu qui refuse de traiter le dossier médical de la mère si elle ne fait pas rayer le fils du livret de famille !
le livre paraît huit ans après la disparition. Il est découpé en chapitres, eux-mêmes découpés en paragraphes. Il y est question de musique, de philo, d'amitiés, de tendresse et d'amour, du manque terrible mais que l'on doit appeler présence, auquel on doit souhaiter la bienvenue, comme y invite Erri de Luca. La lecture n'est pas pesante. Elle est évidemment émouvante, mais elle se veut roborative, un hymne à la vie avec ses drames et ses drôleries. Vive la vie, dit Michel. La mort ne vaincra pas.
Et voilà ce livre plein de pudeur et d'amour fou, qui a obtenu le prix Goncourt du premier roman. Ce succès, malgré l'impossible, l'impensable peine, a fait plaisir au père. C'est ça aussi la vie, les contradictions.
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