Parce qu'il a failli mourir et que
Jean d'Ormesson, hospitalisé en même temps que lui, lui a fait parvenir un billet où était griffonné «
Ne pars pas avant moi », l'académicien
Jean-Marie Rouart a rassemblé quelques-uns de ses souvenirs dans ce livre de facture et de style très classiques.
D'autres peignent. Lui écrit et se sert des mots pour se relier à sa propre vie, la parcourir, ressusciter les jours anciens de sa jeunesse.
Ce qui demeure, ce sont des images, comme celle de « l'Indonésienne sous la pluie, dans le jardin du Luxembourg, sous le parapluie rouge », « ma chambre de bonne envahie par les odeurs de friture », « les étoiles filantes sous l'antique figuier de Fornali », et aussi quelques figures connues et évoquées avec humour et tendresse :
Jean d'Ormesson, le très aimé, l '« enchanteur » ;
Maurice Rheims ;
Jacques Vergès ;
François Nourissier et beaucoup d'autres. le petit milieu parisien (« les heureux du monde »). Tant de femmes aimées.
Un très grand plaisir de lecture. Un style magnifique. Une auto-dérision bienfaisante et quelques confidences sur une enfance un peu particulière qui feront certainement l'objet d'un prochain livre, car de là vient à
Rouart sa sympathie pour les « déclassés », « les bâtards », « les renégats », « les apostats », « les défroqués » si éloignés de la bourgeoisie qu'il fréquente « en passager clandestin ».