À vingt et un et dix-neuf ans, nous avons besoin d’appuis, de repères, de guides. Et nous, nous venions d’hériter d’un resto avec des employés qui comptaient sur nous pour continuer de leur fournir un salaire et d’une maison à entretenir. J’avais beau avoir travaillé avec mes parents, ils ne m’avaient pas préparée à reprendre leur affaire.
Je me suis toujours dit que le diable devait avoir ton visage. Maintenant que tu me proposes une virée en enfer, je sais que j’avais raison
- Tu n'es qu'un connard, rit-elle.
- Pas n'importe quel connard.
- Ah bon?
- Le tien.
J'étais à elle, autant qu'elle était à moi, bordel! Ça ne faisait pas un pli.
était ma vie, mon oxygène, ma raison de vivre. Avec elle, je n’étais pas qu’un idiot jouant du mauvais côté de la barrière. Non. Elle était ma lumière. Elle ne pouvait pas s’éteindre.
Je n’étais qu’un connard. Un connard idéaliste. J’avais fait surveiller des tas de gars pour être certain qu’ils ne bougeraient pas le petit doigt contre moi au lieu de poster des hommes derrière le cul de chaque Parks !
Ses mots eurent du mal à m’atteindre au début. Engloutis par un nuage de peine et de douleur. Si je venais de les perdre, les filles également. Elles qui avaient encore tant besoin d’eux. Leslie s’appuyait beaucoup sur sa famille. C’était son moteur. Elle allait être dévastée.
L’adrénaline se déversa dans mon organisme. Par réflexe, je sortis mon flingue, dont je ne me séparais jamais, de mon blouson et fis sauter la sécurité. Sur mes gardes, je passai en revue chaque mètre carré du resto, jusqu’à la réserve.
Il me fit basculer sur le matelas avant de me débarrasser de mon haut. Je lui rendis la monnaie de sa pièce, me délectant de sentir sa peau contre la mienne. Il était toujours maigrichon. D’autant plus qu’il avait pris quelques centimètres au fil de ces dernières années sans pour autant atteindre la taille de Chris. Mais sous son tee-shirt, se cachait malgré tout des abdos et des pectoraux. Pas aussi dessinés que ceux de mon beau-frère, qui prenait un malin plaisir à se trimballer torse nu devant mon mec pour frimer, mais ils étaient bien présents. Jordan était parfait à mes yeux. Peu importait que Chris le chambre à tout bout de champ sur son physique.
Il n’y aura jamais de répit. Il faudra sans cesse être sur le qui-vive. Cette vie, c’est pas juste compter les liasses de billets. Vous allez devoir buter des hommes pour vous faire une place. Le sang appelle le sang.
La confiance chez nous n’était pas une chose courante. Mais nous pouvions acheter des mecs. Jett et sa bande n’avaient pas bonne presse autour de nous. Beaucoup n’aimaient pas leur manière de fonctionner. Ce qui nous avait avantagés.