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Critique de Lucilou


En préambule, il ne me semble pas inutile de préciser qu'en ce qui concerne Benjamin Lacombe, je n'ai absolument aucune objectivité tant j'aime son style, ses illustrations depuis "Les Amants Papillons" et c'était il y a déjà quelques années...
Je crois n'avoir manqué aucune de ses publications depuis, tant jeunesse qu'adulte et je ne m'en lasse pas. Je crois même que je ne m'en lasserais jamais... Ces couleurs chatoyantes, cette sensibilité romantique, cette "patte" à la croisée de Tim Burton, des peintres préraphaélites, de Disney, du dix-neuvième siècle et de Wes Anderson.. C'est un monde en soi, un univers tout comme Claude Ponti sut forger le sien...
Alors quand le sieur Lacombe que j'idolâtre déjà pour son amour des contes et des classiques de la littérature, pour son penchant féministe et son engagement s'empare d'un sujet qui me fascine depuis longtemps et sur lequel je collectionne les lectures, je ne pouvais qu'être conquise, pensez-vous.
Benjamin Lacombe traitant des sorcières... Cela ne pouvait qu'être parfait et ça l'est!
Bien entendu, il faut rendre à César ce qui lui appartient et Benjamin Lacombe n'est pas seul aux commandes de ce très bel objet que sont "Les Sorcières" paru chez Albin Michel, dans la toute jeune collection "L'Encyclopédie du Merveilleux" puisque s'il en a signé les illustrations, c'est à Cécile Roumiguière qu'on doit les textes de cet ouvrage. le moins que l'on puisse écrire, c'est qu'elle aussi s'est emparée de cette tâche avec brio, avec talent.

"Les Sorcières" se présente donc comme une encyclopédie traitant des sorcières, des figures légendaires, mythiques telles Lilith -la toute première- ou Circé à celles qui peuplent les contes et les croyances, de Baba Yaga à la Lechuza, des silhouettes méconnues comme la gracile Kyoko aux "magiciennes" authentiques et dont L Histoire ne garde qu'une trace tristes et tronquée. Je pense ici à Ursula Shipton, à Cécile Fatiman ou encore à Maria.
Ces très beaux portraits de femmes qui se dessinent au gré des rêveries de la petite Perle, fil conducteur intelligent et poétique, permettent aux auteurs de dresser un "inventaire" des sorcières, de la séductrice à la rebelle, de la guérisseuse à la condamnée, du conte au féminisme tout en présentant dans des doubles pages aussi riches que claires les attributs de chacune.
Cela ne pourrait être qu'un ouvrage de plus à une époque où, le féminisme et un besoin de revenir à la nature aidant, les sorcières sont définitivement à la mode mais celui-ci a pour lui outre sa beauté sublime et confondante, son message féministe clairvoyant, intelligent. A travers des femmes légendaires d'abord puis de plus en plus proche de nous, Cécile Roumiguière et Benjamin Lacombe s'attachent à traiter du sujet à travers un angle moderne, presque inédit, qui tend à expliquer aux jeunes lecteurs et aux autres la figure de la "sorcière" à la lumière de l'Histoire et d'une certaine conception (misogyne en diable!) de la société, rachetant au passage ces femmes injustement bafouées parce qu'elles voulaient être libres et parce qu'elles l'étaient, parce qu'elles avaient le savoir et la force, parce qu'elle voulaient pouvoir se défendre...
Ainsi Circé qu'on a tant condamné pour avoir changé les hommes d'Ulysse en pourceaux... Au fond avait-elle le choix? Que lui serait-il arrivé femme seule face à un équipage d'hommes privés de toute présence féminine pendant des mois? Troublant, n'est ce pas?

Bien sûr quand on maîtrise un peu le sujet, on n'apprend pas grand chose de ce livre magnifique encore qu'il évoque des femmes oubliées et qu'il ait l'audace d'aller très loin et d'assumer son parti pris, et on peut regretter l'absence de certaines "sorcières" (personnellement, Viviane et Morgane m'ont manquée) mais l'exhaustivité n'est pas toujours possible ni même souhaitable... Et tant dans son fond que dans sa forme, ce livre va aussi loin que possible, à sa manière colorée, poétique et engagée.

Et puis, il est si magnifique. Sublime... vraiment sublime.









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