Lettres à Malesherbes

Avant une heure, même les jours les plus ardents, je partais par le grand soleil, pressant le pas, dans la crainte que quelqu'un de vint s'emparer de moi avant que j'eusse pu m'esquiver ; mais quand une fois j'avais pu doubler un certain coin ; je commençais à respirer en me sentant sauvé, en me disant : Me voilà maître de moi pour le reste du jour

L'or des genêts et la pourpre des bruyères frappaient mes yeux d'un luxe qui touchait mon cœur [...].
3ème lettre

Puisque je ne mange du pain qu'autant que j'en gagne, ne suis-je pas forcé de travailler pour ma subsistance et de payer à la société tout le besoin que je puis avoir d'elle ?

[I]l n'est point du tout croyable qu'un homme qui se sent quelque talent et qui tarde jusqu'à quarante ans à se faire connaître soit assez fou pour aller s'ennuyer le reste de ses jours dans un désert, uniquement pour acquérir la réputation d'un misanthrope. (Première lettre)

A force de réfléchir sur l'humanité, à force d'observer les hommes, le philosophe apprend à les apprécier selon leur valeur, et il est difficile d'avoir bien de l'affection pour ce qu'on méprise.

Le goût de la philosophie relâche tous les liens d'estime et de bienveillance qui attachent les hommes à la société, et c'est peut être le plus dangereux des maux qu'elle engendre.

On n'est jamais excusable de faire mal ce qu'on fait volontairement.

Quoique j'aime trop à parler de moi, je n'aime pas à en parler avec tout le monde.

Un corps qui souffre ôte à l'esprit sa liberté.

J'étais rarement content des autres et jamais de moi.