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Critique de Bluesetpolar


L'ambre a la couleur du temps. Il ne s'efface pas, il donne aux yeux des souvenirs et des regrets. « Mémoires de maisons blanches » est un livre de questionnement sur la repentance où chaque mot choisi par Arnaud Rozan demande grande attention, et nous entraine dans un tourbillon de sentiments au coeur de l'histoire des Etats-Unis quand ils ne l'étaient pas pleinement…
Le pouvoir des Blancs est donc au coeur de ce livre pas toujours facile à lire dans la forme car il passe par la prière, le psaume, le conte, l'oubli, le silence parfois – comme ceux géniaux du trompettiste Miles Davis - et le récit d'une histoire intime et universelle à la fois. On y croise Martin Luther King, Nina Simone pianiste classique virtuose - mais noire - qui ne pourra jamais jouer le répertoire dont elle rêvait, et Joe Biden en route pour la Maison Blanche. Mais la mémoire du temps revient en noir et blanc par flashes, et leur lumière blanche et crue inonde cette caravane immonde symbole de vol des corps et des âmes qui sillonnait l'Afrique et le Ghana notamment, déversant des moissons humaines dans des navires pavoisés sur des terres inconnues. Il y a dans ce 2e roman, des pages écrites avec la boue ocrée et l'écorce des arbres, des lignes baignées des récits de « la caravane » inhumaine et satanique mise en place pour codifier l'esclavage, chaines aux pieds et au cou… On est mal à l'aise, coeur au bord des lèvres car on chemine dans l'inconcevable, avec ces milliers d'êtres humains devenant sur le champ moins qu'un numéro, moins qu'une pierre sur un chemin, moins qu'une sangsue dans un trou d'eau marécageuse, juste un corps asservi sans lendemains. Marqués au fer rouge ! On s'assimile alors à des pierres qui parlent à la lune dans les champs de coton de Virginie tandis qu'une veille femme noire et fripée se dirige vers la Maison blanche, mains ridées, crevassées par les affres du temps maudit avec des pétales de rose qui s'éteignent un à un… Entre réalité et fiction, la réparation des Afro-Américains interpelle pour l'avenir, car il y a des choses qui ne peuvent s'oublier et qui tordront toujours les tripes pour la nuit des temps.
Jean-Pierre Tissier

Lien : http://blues-et-polar.com
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